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samedi, 23 novembre 2024

Madame Chirac chez LVMH : une nomination au goût acide

LVMH accueille, depuis jeudi 15 avril, Madame Jacques Chirac dans son conseil d'administration. « Victoire pour les femmes » se réjouissent les laquais de la presse écrite dont nous tairons les noms par décence.
Nous y voyons plutôt le symptôme de deux maladies actuelles, aussi pernicieuses l'une que l'autre. La première relève de la politique. Qu'une ancienne épouse de président de la République, logée gratuitement dans l'hôtel particulier d'un ancien promoteur immobilier, courre après des jetons de présence témoigne de la perte de prestige du pouvoir présidentiel et, plus largement, du pouvoir politique.
Le second venin pénètre l'économie par le biais des mécanismes de bonne gouvernance, censés lui apporter à la fois une pincée d'éthique et une bonne dose d'efficacité. Après le déclenchement de la grande dépression de 2008, les critères de la bonne gouvernance ont trouvé plus d'écho parmi les actionnaires et investisseurs qui ont souhaité, études financières à l'appui, plus de diversité dans les conseils d'adminisitration. Diversité de parcours, de nationalité, de sexe...

Ici, c'est au double nom de la diversité de parcours, mais aussi de sexe, qu'a été motivée l'entrée de Bernadette Chodron de Courcel. Le retournement est donc total : hier la feuille de vigne cachait le sexe, aujourd'hui, le sexe lui-même devient feuille de vigne, en charge de masquer la corruption, au minimum morale, des élites, leur enrichissement sans travail réel, ainsi que la collusion entre deniers publics et privés. N'oublions pas en effet que, le 20 mars denrier, Jacques et Bernadette Chirac assistaient à Sarran, département Correze, à un défilé Dior organisé dans le musée de l'ancien président Jacques Chirac, "Dior, la passion créatrice". Nul ne doute de l'intérêt d'une telle exposition pour le public ou les jeunes (combien d'écoles d'art ou de couture à Sarran ?). En tout cas, pas François Hollande, président du conseil général de la Corrèze et député de la première circonscription de la Corrèze, également présent à l'exposition.

Pour une fois, Bernard Arnault, président du conseil d'administration de LVMH, aurait-il fait preuve de moins de vista que son ennemi préféré ?
François-Henri Pinault, président du conseil de PPR, proposera, le 19 mai prochain, l'entrée au conseil de trois administratrices : Laurence Boone, Yseulys Costes et Caroline Puel. Le choix des deux premières paraît légitime : Laurence Boone chef économiste à Barclays Capital, Yseulys Costes PDG de 1000mercis.com et chercheur en marketing interactif. Le troisième suscite un regret : qu'une journaliste de grand talent, llauréate du prix Albert Londres et correspondante de plusieurs médias en Chine, accepte un tel siège. Les mânes de Beuve-Mery, fondateur du Monde, doivent se retourner dans leur tombe : la muraille de Chine entre médias et pouvoirs de l'argent n'est plus que ruines.

Traditionnellement, la définition de la démocratie est fondée sur la séparation des trois pouvoirs : législatif, judiciaire et exécutif. Aujourd'hui, en France, le Parlement a limité l'exercice de son pouvoir à l'approbation des directives de Bruxelles et au foisonnement de lois compassionnelles ; la justice sans un sou est aux mains d'une caste sans coeur ; l'exécutif a perdu sa légitimité (cf supra) et se contente de romorontades.
L'exercice du pouvoir appartient désormais aux dirigeants des grandes entreprises, même s'ils ne l'ont pas créée. Le dégoût du spectateur vient de l'empressement des élites, hier détentrices d'un pouvoir légitime, à devenir leurs laquais.

 

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