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vendredi, 08 février 2019

De Benalla, de Crase, de Makhmudov et d’Alstom

Voici deux ans et demi que, du fait d’une vie très ou trop remplie, je n’ai plus alimenté ce blog.
Ironie de l’histoire, alors que mon dernier billet portait sur la fermeture du site turc Zaman, je reprends l’écriture au moment où un autre site, français, Médiapart, fait l’objet d’une tentative de perquisition à la suite de la diffusion d’enregistrements de conversations téléphoniques entre deux ex-gardes du corps du président de la République.
Elles sont croustillantes : les sieurs Benalla et Crase auraient, encore en fonction à l’Elysée, conclu un contrat commercial avec un magnat russe pour en assurer la protection, et celle de sa famille, lors de leurs séjours en France.
La chose est-elle illégale ? Je ne suis pas juriste et ne peux me prononcer. En revanche, comme citoyenne, je considère que l’on ne peut à la fois travailler pour le service public au plus haut de l’état et mener des activités commerciales.
Je suis aussi lectrice de la presse. Et là, je m’étonne. Aucun média n’approfondit l’info du confrère, aucune précision n’est fournie sur Iskander Makhmudov, le contractant russe de Benalla et de son affidé Crase, ni sur la réalité du contrat.

Un contrat effectif ou pas ?
Les missions de protection sont-elles effectives ? Si oui, qui sont les personnes en charge ? Sont-elles des pieds nickelés à l’aune de Benalla ou des agents de la force publique qui arrondissent leurs fins de mois ? Et, si non, pourquoi ce virement de 300 000 euros ? Correspondrait-il à un service rendu et, alors, lequel ?
Impossible pour une citoyenne lambda d’enquêter sur ce sujet. Possible en revanche de se poser des questions à partir de ce qui à la fois appartient au domaine public et reste résolument escamoté par les médias français.

Qui est Iskander Makhmudov ?
Concentrons-nous donc sur Iskander Makhmudov, succintement présenté comme un « oligarque russe proche de Poutine », « lié à des organisations criminelles ». Là, je me gausse : en Russie, tout homme d’affaires d’importance ne peut exister qu’avec l’appui du chef d’un état considéré comme mafieux.
Passons rapidement sur ses liens avec le crime, notamment présumés par la justice espagnole. Dans le cadre de sa procédure contre les « voleurs de la loi » du groupe Tambov-Malyshevskaya, inculpés en 2008 pour meurtres, trafic d'armes, extorsion, trafic de drogue etc…, elle avait envoyé Iskander Makhmudov pour « association illicite » dans une de ses geôles. Les poursuite seront abandonnées en 2017 pour manque de preuves.
De leur côté, les médias russes, ont mis en exergue le rôle joué par l’UMCC, société contrôlée par l’oligarque, dans le blanchiment d’argent issu d’exploitation de casinos et de racket par un autre groupe criminel, Izmailovskaya. En Russie, les liaisons dangereuses entre « voleurs de la loi » et dirigeants, économiques ou politiques, sont partie intégrante de la vie publique et ne font pas d’Iskander Makhmudov un businessman atypique.

Qui Iskander Makhmudov est-il vraiment ?
Né à Boukhara en 1963, cet Ouzbeck fait ses études à la faculté de Tachkent reconnue pour la qualité de son enseignement en langues « orientales » et dont les élèves étaient souvent embauchés par les services secrets russes. Iskander démarre ainsi sa carrière professionnelle en Libye et en Irak. Il revient ensuite en Russie, à Moscou où il retrouve son vieil ami et compatriote Michael Cherny avec qui il se lance dans les affaires avant de, très vite, prendre son indépendance en se lançant dans la vente de cuivre.

Il s’associe alors –nous sommes au début des années 90-, à Andrey Bokarev, que l’on retrouve co-actionnaire dans la majorité de ses entreprises. Les deux compères interviennent dans les mines et la métallurgie avec l’UMCC, également appelée Ural, dans le transport ferroviaire de pétrole et de produits pétroliers avec Transoil, et dans la fabrication de matériel roulant pour chemins de fer et métros avec Transmashholding. Officiellement détenue par la société hollandaise The Breakers Investments BV, la TMH est numéro un de son secteur en Russie, devant R-Industriya du saint-petersourgeois Vladimir Vasiliev et le groupe 1520 appartenant à Alexei Krapivin …

Avec qui travaillent Iskander et Andrey ?
Depuis la fin des années 90, on les retrouve essentiellement avec Aleksander Abramov, Michael Cherny et Oleg Deripaska, et ce à partir de la région de Kemerovo, riche en ressources naturelles et dont l’inamovible gouverneur Tuleev les a à la fois protégés et enrichis. Dès le départ de leur aventure entrepreneuriale, les deux compères ont cependant lié des liens avec des pairs plus proches du pouvoir central, notamment Maxim Liksutov, chef du département des transports de Moscou. Tous les trois créent, avec un autre partenaire, Sergey Glinka, une société de transport lituanienne appelée Transgroup AS, sur la base de laquelle sera d’ailleurs créée en 2002 Transmashholding.
Cette amitié sera fructueuse, la TMH gagnant haut la main nombre d’appels d’offres lancés par les services de Maxim Liksutov, notamment en 2014.

Pourquoi le nom de Makhmudov sort-il aujourd’hui en France ?
Malgré les présentations qui en sont faites, je vois mal un milliardaire traiter directement avec un nervi. Selon la presse russe, cela aurait été vrai au début de sa carrière -il aurait participé directement et manu militari à l’éviction du propriétaire d’une usine qu’il convoitait. Malgré les évolutions politiques récentes, les mœurs du Far East ne sont pas encore la norme en France.
Il est impossible aujourd’hui de savoir qui, en transmettant les bandes audio à Mediapart, a voulu nuire à Makhmudov.
En revanche, une coïncidence dans l’actualité économique frappe aux yeux. L’affaire Benalla-Crase-Makhmudov sort au moment où la Commission européenne de la concurrence bloque la fusion entre les constructeurs ferroviaires Alstom -français - et Siemens –allemand.
On se rappelle que cette fusion avait été précédée d’un démantèlement d’Alstom au profit de General Electric. Nous quittons alors la zone des quelques centaines de milliers d’euros pour aller dans celle des centaines de millions d’euros.

Alstom, partenaire capitalistique de Makhmudov
Ce qui se sait moins est que Alstom est actionnaire historique de Transmashholding, via la société néerlandaise officiellement propriétaire de cette dernière, The Breakers Investments BV. Alstom détenait ainsi 33 % de TMH jusqu’en 2017. Le partenariat était stratégique : le groupe français avait deux sièges au conseil d'administration de TMH, avec laquelle il avait créé une société commune TRTrans, spécialisée dans les locomotives électriques. Dans les steppes russes, l’alliance TMH-Alstom les a bien servi contre leur concurrent commun d’alors, Siemens.
Il y a deux ans cependant, la part d’Alstom dans TMH est revenue à 20 %, du fait d’une fusion des sociétés de quatre professionnels du secteur -Iskandar Mahmudov, Andrei Bokarev, Dmitry Komissarov et Kirill Lipa. D’après la presse économique russe, Alstom aurait été floué lors de cette fusion qui donnait naissance à la « quatrième plus grande au monde en termes de chiffre d’affaires par un groupe spécialisé dans la création, la production et la maintenance de matériel roulant pour le transport ferroviaire ».

Quel contexte international pour la diffusion du nom Makhmudov ?
Une mise en perspective s’impose. On n’est pas le seizième homme le plus riche de Russie sans se faire des ennemis, à l’intérieur du pays mais aussi à l’extérieur. Iskander Makhmudov, on l’a vu plus haut, est proche d’Igor Derispaka. Ce propriétaire de Rusal, société minière cotée à Paris jusqu’en avril 2018, est très surveillé par les autorités américaines : il figure sur la liste du FBI traquant les oligarques russes tout en étant au cœur de l’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016 en raison de ses liens financiers avec Paul Manafort, ancien directeur de campagne de Donald Trump.
Alors pourquoi Iskander Makhmudov s’est-il envolé pour les Etats-Unis, dès son nom sorti dans la presse française ? Selon Joha Kesninen, Il aurait ainsi rejoint l’aéroport de Teterboro dans le New Jersey le 19 décembre dernier.

vendredi, 10 janvier 2014

Les records chinois : charbon et cancer

Deuxième puissance économique mondiale, la Chine est confrontée à des besoins énergiques immenses qu'elle satisfait par le recours au charbon. En 2012, la moitié de la production mondiale de charbon est sortie de ses sols, soit 3,66 milliards de tonne, à comparer au milliard produit en Europe ou aux  Etats-Unis chaque année.
Ce record de production en induit un autre dont les Chinois se seraient bien passé : celui de la mortalité par cancer du poumon qui a presque quintuplé en trente ans.

mercredi, 20 novembre 2013

Le changement climatique, c'est aussi des opportunités

Loin du discours catastrophique, l'IFC ou International Finance Corporation vient de publier un rapport sur le potentiel d'investissements liés au changement climatique. L'étude porte exclusivement sur les pays européens émergents (ceux d'Europe centrale et de Russie), d'Asie centrale, du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord.
D'ici à trois ans, le potentiel est estimé à 640 Mds$, dont 270 milliards pour la génération d'énergies renouvelables et la réhabilitation des infrastructures de production existantes, 240 milliards pour l'efficacité énergétique, 60 milliards environ dans les industries de ciment et métaux et 70 autres milliards dans l'amélioration de l'utilisation de l'eau.
Déjà, les investisseurs investissent en ce domaine. L'an dernier, les investissements dans les énergies renouvelables ont crû de 40 % en Afrique du nord-Moyen-Orient, pour atteindre 2,9 milliards de dollars. Ambitionnant de porter à 40 % la part des énergies renouvelables d'ici 2020, e Maroc par exemple est très dynamique et multiplie les projets éoliens, hydroélectriques et solaires.

jeudi, 08 août 2013

Apple encore critiqué pour les conditions sociales de production des iPhone

Une fois de plus, China Labor Watch, accuse l'un des fournisseurs d'Apple de maltraitance sociale à l'égard de ses employés. Dans trois des usines de Pegatron, les enquêteurs de l'ONG chinoise auraient recensé l'emploi de salariés de moins de 18 ans travaillant 10 heures et demi par jour, des procédures illégales de licenciement, du harcèlement social et des suppléments d'heures travaillées non payés.
Ce n'est pas la première fois que Apple est accusé de recourir à des fournisseurs peu scrupuleux. Il y a un an, la firme californienne avait « réagi » par des audits sociaux menés essentiellement chez Foxcom, son plus gros équipementier mais le problème est bien plus profond. Il ne concerne d'ailleurs pas que Apple. Samsung aussi avait été accusé par China Labor Watch, l'an dernier, de recourir aux mêmes pratiques que Apple.

 

mardi, 06 août 2013

Le métro de Ryad, un défi environnemental

22,5 milliards de dollars d'investissement pour 6 lignes de métro de 176 kilomètres de long, rythmées par 85 gares : le futur métro de Riyad devra être mis en service dès 2019.
Ce projet pharaonique illustre combien ce sont les pays « émergents », ici l'Arabie saoudite, qui innovent dans le développement durable, ici la mobilité. Cette fois encore -mais pour combien de temps ?-, ce sont des entreprises de l'OCDE qui ont remporté le marché.
Mené par l'ingénieriste américain Bechtel, qui s'était « illustré » en Irak, le consortium BACS comprend notamment l'équipementier ferroviaire allemand Siemens. Il sera en charge de la construction de deux lignes, soit 63,3 kilomètres pour un investissement de 9,5 milliards de dollars.
Le deuxième lot, attribué au consortium FAST pour un montant
de 7,8 milliards de dollars, concerne trois lignes de métro de 72,5 kilomètres. Elles seront livrées par l'équipementier ferroviaire français Alstom et le groupe de BTP espagnol FCC.
Enfin,  le consortium ANM, piloté par l'équipementier ferroviaire italien Ansaldo, filiale de Finmeccanica, construira une ligne de 40,7 kilomètres, pour un montant de 5,2 milliards de dollars.

 

 

vendredi, 28 juin 2013

En Chine, lutte contre la pollution et contrôle des villes vont de pair

Dans un pays où les dégradations environnementales sont plus que les salaires à l'origine des révoltes sociales, le gouvernement de Li Keqiang se devait de réagir. Il l'a fait en conformité avec ses principes : les crimes de pollution pourront être sanctionnés de la peine de mort..
Par ailleurs, les dirigeants planchent sur un projet d'organisation des villes. Depuis 2011, la Chine est devenue citadine avec 52 % de ses citoyens vivant en ville, dont un tiers de «
mingong », soit 400 millions de paysans migrants venus travailler dans les « usines à sueur » mais dépourvus de tout droit politique. 100 autres millions de ces mingong sont attendus dans les cités d'ici 2023.
Problème, sur les 20 villes du monde dont l'air est le plus vicié, 16 sont chinoises et les 5 villes les plus polluées le sont aussi. Et ce n'est pas le risque de peine de mort qui devrait freiner l'appétit des promoteurs immobiliers, ravis de l'aubaine que représente ce nouveau plan d'organisation urbaine...






 

vendredi, 07 juin 2013

Le chômage explose dans le monde et surtout en Europe

Dans son dernier rapport, l’Organisation Internationale du travail (OIT) s'inquiète de l'explosion du chômage dans le monde et, surtout, dans les pays développés. De 170 millions en 2007, de 200 millions aujourd'hui, le nombre de chômeurs passera à 208 millions en 2015 et la hausse s'observera surtout dans les pays encore appelés « riches ».
Cinq ans après le déclenchement de la grande crise financière, le taux de chômage est supérieur à celui de 2007 dans 30 % des pays. Les économies avancées ne retrouveront pas avant 2017 leur niveau d'avant crise, soit deux ans après les économies émergentes. L'Union européenne est la plus mal lotie : pour revenir à ses niveaux de 2007, il lui faudrait créer 5,2 millions de postes de travail...
D'où l'inquiétude de l'OIT : « ces tendances ont nourri les tensions sociales dans les économies avancées, notamment dans le sud de l'Europe, l'Asie du sud et la région arabe. Le risque de soulèvement a reculé en Amérique latine, en Afrique sub-sahariale et dans plusieurs régions de l'Asie. »
Mais la Commission a choisi une autre priorité, le sauvetage de ses banques. Les travailleurs attendront.

 

mercredi, 01 mai 2013

Le Bengladesh, deuxième fournisseur textile de l'Europe

Ce 1er mai, fête du travail, était jour de deuil à Dacca, capitale du Bengladesh. Les manifestants réclamaient des têtes après la mort de plus de 400 ouvrières dans l'incendie d'une usine textile. La triste occasion de mettre en lumière les pratiques de la grande distribution et des grandes marques de vêtements qui se fournissent dans ce pays d'Asie. Toujours plus à la recherche de bas salaires, elles ont en effet quitté la Chine, naguère grand fournisseur, où le coût de la main d'oeuvre s'est accru. Au Bengladesh, on peut encore trouver de la main d'oeuvre prête à travailler pour 30 euros par mois, avec six jours de travail par semaine et 10 heures par jour passées dans les « sweat factories » (ateliers à sueur).
Ce scandale aura-t-il des effets positifs ? A court terme, certainement, plusieurs enseignes -Primark, Benetton- ayant reconnu se servir chez le fournisseur indélicat et ayant décidé d'aider les familles des décédés. En France, les marques Carrefour et Leclerc, un temps montrées du doigt, ont démenti être clientes de ce fournisseur.
Bien entendu, l'Union européenne a demandé au Bengladesh d'améliorer les conditions de travail et la sécurité dans ses 4 500 entreprises textiles. La morgue de l'Union a suscité un tollé dans le pays : n'est-il ps le deuxième fournisseur textile de l'Europe, derrière la Turquie ? Et l'Union ne devrait-elle pas plutôt mettre en place des droits non de douane mais « sociaux » ?
Pour en savoir plus sur ces pratiques, faites un tour sur le site du collectif Ethique pour l'étiquette ou celui de Peuples solidaires...

jeudi, 18 avril 2013

Vers une envolée du PIB américain d'ici trois mois

Non, non, je ne parle pas ici d'un retour à la croissance forte mais d'un changement d'outil de mesure.
La croissance se mesure par l'évolution du PIB ou produit intérieur brut, richesse créée au niveau d'une nation en un an. En juillet, les Etats-Unis modifieront le calcul de leur PIB en s'appuyant sur les standards internationaux de comptabilité nationale conseillés par l'ONU.
Désormais, les richesses non matérielles, comme par exemple la recherche & développement ou les royalties tirées d'un jeu vidéo ou d'un film seront considérées comme des créations de richesse. Du coup, le PIB devrait croître de 3 %. Outre qu'elle permettra au pays de faire bonne figure, cette mesure -artificielle comme toutes les mesures- aura une autre conséquence, positive : réduire le rapport dette sur PIB, actuellement autour de 100 %.
Autre impact positif, pour les comptes des entreprises : la recherche & développeemnt ne sera plus considérée comme une charge mais comme un investissement, amortissable sur plusieurs années. Du coup, les bénéfices seront tirés vers le haut.
Certains pourront se gausser d'un tel ravalement. Pas la plupart des femmes qui savent combien le maquillage peut doper le moral...

 

mardi, 12 février 2013

Le solaire chinois ou l'arroseur arrosé

En subventionnant massivement les exportations de ses producteurs de panneaux photovoltaïques, la Chine a, ces deux dernières années, provoqué la quasi-disparition de leurs concurrents, européens essentiellement (l'Europe absorbe 80 % des exportations chinoises), les Etats-Unis ayant rapidement riposté par des mesures douanières protectionnistes.
Aujourd'hui, la Chine d'où proviennent les deux tiers des panneaux solaires fabriqués dans le monde, se trouve à son tour dans la tourmente.
Selon le cabinet d'études américain GTM Research, la capacité de production des sociétés chinoises s'élèverait à 50 gigawwats de panneaux par an, soit le double de la demande mondiale... Dans ces conditions, on comprend que les prix aient chuté de 75 % depuis 2008 et que les entreprises chinoises soient à leur tour entrées dans la valse des faillites. En décembre dernier, le gouvernement chinois a décidé d'interdire aux banques locales de prête aux producteurs.
Cette déroute industrielle a aussi des conséquences financières : les banques chinoises auraient prêté pour près de 20 milliards de dollars de prêts préférentiels à l'industrie photovoltaïque nationale, la China Dévelopment Bank en supportant 7 milliards...



 

mercredi, 09 mai 2012

Encore un renflouement pour les banques espagnoles

L'Espagne n'en finit pas de payer la facture de la bulle immobilière. Le gouvernement devrait demander, demain vendredi, à ses banques d'épaissir la couverture de leurs actifs immobiliers « non toxiques », en la portant de 7 % aujourd'hui à 30 %. Le provisionnement porterait alors sur 85 milliards d'euros, soit 35 milliards de plus que ce qu'avait demandé la Banque centrale espagnole il y a 3 mois à peine.
Si les grandes banques telles Santander ou BBVA absorberont cette nouvelle exigence sans trop de problèmes, gr$ace à leurs filiales étrangères, les banques locales ou Cajas auront plus de mal...

Aussi les politiques réfléchissent-ils à une structure de defeasance ou bad bank qui regroupera les actifs toxiques immobiliers.

Pendant ce temps, les immeubles vides dans la banlieue de Madrid sont gardés par des vigiles armés et les bindonvilles refont surface quelques centaines de mètres plus loin...

Tentative d'encadrement des achats de terres

Après des mois de négociations entre le secteur privé, les Etats, les ONG et les organisations internationales, la FAO (Organisation mondiale contre la faim et pour l'agriculture) publie un ensemble de directives définissant les principes et pratiques souhaitables dans le domaine de la gouvernance foncière et de l'accès à la terre.
Depuis 2008, les émeutes de la faim et les famines éclatent ici et là dans le monde. Au Cambodge, le premier ministre a ainsi décidé, le 7 mai dernier, d'une « suspension temporaire de l'attribution de concessions économiques » pour calmer les opposants aux exproSachant que « les droits fonciers inadaptés et non sécurisés augmentent la vulnérabilité, la faim et la pauvreté », la FAO a donc voulu encadrer des pratiques dangereuses pour la paix. Malheureusement, ce document n'a rien de contraignant.

lundi, 30 avril 2012

Après les gaz de schiste, les algues pour l'indépendance énergétique des Etats-Unis

Pour les Etats-Unis, l'indépendance énergétique est un devoir national. D'où l'exploitation à marches forcées du gaz de schiste et, bientôt, celle des algues.
Le ministère de l'Energie a déjà investi 85 milliards de dollars une trentaine de projets de production de biocarburant à partir de micro-algues. L'intérêt est également financier : le coût de production serait inférieur de moitié au prix moyen à la pompe en 2011, de 2,3 dollars le gallon (un gallon équivaut à 3,78 litres) ; leur rendement à l'hectare est quatre fois supérieur à celui de l'huile de palme.

Parmi les sociétés en lice sur ce nouveau marché, Originoil, Saphhire Energy ou encore Synthetic Genomics et Cellana, soutenues par Exxon et Shell...

mardi, 27 mars 2012

Siemens, la banque des PME allemandes

C'est la souplesse des acteurs économiques allemands qui fait leur force. Une nouvelle preuve vient d'en être donné par la filiale de services financiers de Siemens. SFS (Siemens Financial Services) a obtenu, à la fin 2010, une licence bancaire qui lui donne le droit d'octroyer des crédits et non plus seulement des produits de crédit-bail et, surtout, lui donne accès à la Banque centrale européenne.
Tandis que les banques allemandes restreignent leurs conditions de crédit aux PME, SFS qui connaît bien la situation financière de ses clients prend le relais.
Son portefeuille a atteint une taille suffisante aujourd'hui pour qu'elle puisse « titriser » ses prêts et, ainsi, les vendre à des caisses de retraite ou d'assurance ou encore aux fonds d'infrastructure.

 

 

vendredi, 10 février 2012

Le Japon et sa dette publique, un cas riche d'enseignement

Mardi 7 février, le Club des Professions Financières recevait Denise Flouzat. Le chercheur et administrateur de la Fondation de la Banque de France s’exprimait sur « La crise de la dette publique au Japon ».
Un sujet qui permet de nourrir la réflexion sur la dette publique en Europe, puisque, dans ce pays, la dette souveraine brute atteint 204 % du PIB…
Jean-Marc Daniel, président du CPF, rappela d’abord que la Guinée équatoriale est le seul pays au monde sans dette publique. Quel avenir est-il alors le plus rieur : celui du Japon ou de la Guinée ? A ceux qui affirment que la dette publique japonaise ne pose pas problème parce qu’elle est détenue par les nationaux, il posa la question suivante : vaut-il mieux ruiner des étrangers ou ses concitoyens ? 
Eludant cette dernière question, Denise Flouzat s’en posa une autre à elle-même : Pourquoi choisir le Japon pour sujet d’étude ? « En raison de ses spécificités qui confinent au mystère ».


TROIS PALIERS DE CROISSANCE

Dentelle au bord du continent asiatique, au relief accidenté peu propice au développement, la capacité de rebond du Japon est extraordinaire : la révolution Meiji fut un rebond contre les velléités d’intrusion américaines, à la fois économique et militaire et unique en Asie.

Le pays a connu trois paliers de croissance depuis 1945 : à un taux de 9,4 % jusqu’en 1973, année du choc pétrolier marquée par un taux de 25 % d’inflation et une hausse de 30 % des salaires ; ensuite, durant la période 1974-1990, les réserves de croissance s’amenuisèrent, avec un taux annuel moyen de 4,2 % mais ce fut aussi une période de challenge avec les Etats-Unis grâce à  la montée en puissance de l’industrie japonaise dans la chaîne de la valeur ajoutée. Cette belle période se conclut sur une bulle, surtout immobilière, puis en un krach rampant. Depuis 1991 et jusqu’à 2008, la croissance annuelle se situe à 1,2 % en moyenne.

 

DEUX CATASTROPHES NATURELLES EN VINGT ANS

Ces 20 dernières années, le Japon a subi de graves attaques, naturelles, terroristes et économiques. 1995, annus horribilis, fut ainsi marquée par le tremblement de terre de Kobé (5 000 morts), par l’attentat au gaz sarin dans le métro ainsi que par la hausse du yen ou « endaka »  et, enfin, par le début de la crise bancaire.
A partir de 2003, le Japon se reprit, avec une croissance annuelle de 3 % jusqu’à 2008, lorsque la crise financière mondiale toucha le pays par les exportations. Le PIB chuta alors de plus de 5 % en 2009, avant de rebondir en 2010.
2011 commença cependant avec le tsunami qui provoqua la mort de 26 000 personnes. La rapidité de réaction des entreprises permit d’enrayer la cassure de la chaîne logistique mais, durant  le quatrième trimestre, les exportations furent pénalisées par la hausse de la valeur du yen, valeur refuge. Aussi les perspectives da croissance de 2012 estimée à 2,2 % par la banque du Japon, furent-elles réduites à 1,7 % par le FMI.

 

LE KRACH RAMPANT ET SON IMPACT SUR LA POLITIQUE MONÉTAIRE

Dès le début des années 80 déjà, la dette publique représentait 60 % du PIB. La violence du krach des années 90 entraîna le lancement de onze plans de relance, pratiquement un par an, jusqu’en 2002. Cependant ces plans étaient focalisés sur le bâtiment, la construction et les infrastructures routières, activités à une faible valeur ajoutée et peu contributrices de relance.

En revanche, la politique monétaire a été inventive : l’overnight collrate, taux directeur du Japon, a affiché un taux zéro de 1999 à 2006. La banque du Japon a aussi inventé le quantitative easing (rachat de titres publics et privés), pratiqué jusqu’en 2006 puis repris  en 2008.
Dans le même temps, la banque centrale a échoué dans son désir de créer un peu d’inflation. Notoire en Bourse et dans l’immobilier, la chute des prix a touché aussi la consommation. Le CPI (indice des prix à la consommation hors produits frais) a reculé de 4 % entre 1998 et 2006. Sur la même période,  les prix en Europe montaient de 30 %. Cependant, cette déflation n’empêche pas que les prix restent encore supérieurs de 30 % à ceux observés en Europe.

 

EVOLUTION DE LA DETTE ET CHARGE DE LA DETTE DE 1990 À 2011 

Il y a une gestion particulière ou plutôt une absence de gestion de cette dette : Il est vrai qu’elle est peu chère : 1 % de rendement pour les « japanese government bonds » seulement. Le coût de la dette est donc faible dans le budget.
Or, la dette publique brute  atteint, en 2010, 204 % par rapport au PIB  (99 % pour les États-Unis, 81 % pour l’Allemagne et 87 % pour la France). En termes nets, la dette publique peut être estimée à environ 130%, compte tenu notamment des flux compensatoires d’endettement de ses importantes réserves de change (1 300 milliards de dollars).  

L’indifférence des dirigeants politiques à l’égard de l’ampleur de la dette s’explique aussi par le caractère national de cette dernière. 95 % environ de la dette est détenue par des Japonais (via  45 % par les banques, 20 % par les fonds de pension et 20 % par les assureurs, 10% par la Banque du Japon et 5% par les Japonais directement via la Poste).  Aussi les agences de notation ne pèsent-elles pas dans le débat public. Autrefois même, la dette japonaise souveraine a été notée moins bien que le Botswana.

Cependant, les pouvoirs publics ont essayé de réduire la dette par le recours à la taxe sur la valeur ajoutée, inconnue jusqu’en 1989. C’est le 1er avril de cette année-là que fut instaurée la taxe sur les transactions au Japon, à un taux de 3 %.
Une mesure très impopulaire. Lorsque, en 1998, le gouvernement voulut remonter la taxe à 5 %, il a subi une grève de la consommation qui a aggravé la situation.
Après le tsunami de 2011, le premier ministre Satsuki Noda a évoqué l’éventualité d’augmenter cette taxe, à 8 % en 2014 puis entre 8 et 10 % en 2015 (le FMI demande un taux de 15 %).  Mais l’hostilité de la population à l’égard d’une telle mesure demeure.
Aussi le coût de 230 milliards d’euros du tsunami, soit 4 % du PIB, à étaler sur une dizaine d’années, sera-t-il essentiellement supporté par les émissions de bons obligataires. 

Au coût de la reconstruction s’ajoute celui de l’électricité. Avant, elle provenait à 30 % du nucléaire mais l’accident nucléaire de Fukushima a provoqué la fermeture de nombreuses centrales. Du coup, l’importation d’énergie a entraîné en 2011 le premier déficit commercial depuis 1980.

 

LES ATOUTS DU JAPON

Le Japon possède des atouts pour résoudre le problème de la dette. Le premier d’entre eux est sa cohésion sociale. Ensuite viennent la qualité de sa recherche (4 % du PIB) et sa base industrielle avancée avec de quasi monopoles mondiaux dans certains secteurs technologiques. 

La cohésion sociale entraîne aussi que les salaires constituent un stabilisateur de la conjoncture : dès qu’il y a récession, les bonus sautent et les salaires baissent. Du coup, le chômage est très faible : 4% aujourd’hui.
Enfin, il y a la proximité du Japon avec les pays asiatiques, industriels du monde.

Parmi les faiblesses du Japon, Denise Flouzat a évoqué la démographie, même si les vieux Japonais travaillent plus et sont en meilleure santé que les Européens. Plus inquiétante lui paraît la faiblesse du pouvoir politique et, peut-être, un sentiment de repli sur soi dans la jeunesse.

Mais le Japon est aussi le pays offrant une contradiction essentielle. Pays vieilli par sa démographie, devenu rentier en raison de l’importance de ses placements à l’étranger, il est aussi le seul pays développé grâce à ses efforts dans le domaine de la recherche à conserver une base industrielle avancée pouvant assurer à l’avenir sa capacité de rebond.



 

mardi, 24 janvier 2012

Les entreprises européennes les plus respectueuses de l’environnement

Chaque année au forum de Davos est publié le palmarès des cent entreprises les plus respectueuses de l’environnement.
Nul ne s’étonnera de la performance des entreprises européennes, au nombre de 9 parmi les dix premières. La seule non européenne est la brésilienne Natura, au second rang.
Dans l’ordre, voici les primées :

Novo Nordisk, danoise, Statoil, norvégienne, Novozymes, danoise, ASML hollandaise, BG Group, anglaise, Vivendi, française, Umicore, belge, Norsk Hydro, norvégienne et, enfin, Atlas Copco, suédoise.

lundi, 23 janvier 2012

La recherche et développement se fait massivement en Asie

 

La crise ? connais pas. Pour la troisième année consécutive, les budgets de recherche et développement croîtront en 2012, de l'ordre de 5,2 %, pour atteindre 1,402 milliards de dollars.

Selon l'enquête menée par l'ONG de partage des connaissances scientifiques Battelle, la hiérarchie des dépenses en R&D suit celle des puissances économiques.
Les Etats-Unis restent numéro un mondial, avec 436 milliards de dollars. Ils sont suivis de la Chine (199 milliards de dollars) puis du Japon (157 milliards). Viennent après l'Allemagne (90 milliards de dollars), la  Corée du Sud (56,4), la France (51,1) et le Royaume-Uni (42,4).

Plus que les chiffres bruts, l'évolution des dépenses est cruciale pour comprendre les enjeux économiques actuels. Ainsi, l'Allemagne consacrera cette année 2,87 % de son PIB à la R&D mais la France seulement 2,24 %. Dans ces deux pays, l'effort public est à peu près équivalent, à environ 1 % du PIB, mais le privé allemand est plus actif dans la R&D, notamment dans les technologies de l'information et les sciences du vivant.
Quant au rythme de progression des dépenses de R&D de la Chine (près de 10 % par an depuis plusieurs années), il lui permettra de dépasser le montant des investissements des Etats-Unis d'ici 2025. Et celà d'autant que les industriels américains prévoient d'implanter leurs sites de R&D en Chine (30 %) plutôt que dans leur pays ou en Inde (24 %) et loin devant l'Europe (16 %)...

 

lundi, 16 janvier 2012

Apple s'explique sur ses fournisseurs

 

 

Pour la seconde fois, Apple donne des précisions sur les conditions de travail chez ses sous-traitants, tous en Chine.

Ici-même, nous avions fait part des campagnes menées par des ONG chinoises contre le sort réservé aux salariés des assembleurs des I-Pod et autres I-Phone, notamment sur les sites de Foxconn.
Dans son rapport sur la responsabilité sociale de sa chaîne logistique, le groupe précise avoir mené 229 audits parmi ses fournisseurs, soit 80 % de plus que l'an dernier. 
Les audits concernaient les questions sociales et environnementales. 
Une fois de plus, c'est la société civile plus que les pouvoirs publics qui oblige une entreprise à adopter des comportements plus respectueux des droits humains.  



 

 

 

 

 

lundi, 02 janvier 2012

Les aciéristes chinois boycottent le plan de réduction des émissions de CO2

Bien embêtée la World Steel Association ! En 2007, ce regroupement des grands producteurs d’acier mondiaux avait lancé un plan mondial de réduction des émissions de gaz carbonique. Ce plan avait débuté par la création d’une base de données dans laquelle les volumes et les types d’émissions d’une usine étaient croisés avec les technologies utilisées dans cette même usine. Il devait déboucher sur un partage des connaissances sur les techniques de réduction d’émissions.
Ce sujet est crucial pour le climat de la Terre : l’aciérie est, après l’électricité, l’industrie la plus émettrice de dioxyde de carbone. En 2010, elle aurait ainsi contribué à 6,5 % des émissions de gaz carbone, soit un volume estimé à 2,5 milliards de tonnes (contre 8 % pour l’électricité).

Or, ce plan de réduction est menacé les producteurs chinois qui, le mois dernier, ont refusé de participer au plan. Sans leur collaboration, le plan de la WSA perd toute signification : la Chine produit 40 % de l’acier mondial et 44 % des émissions de CO2. Pour essayer de rallier les producteurs chinois, la WSA avait pris pour président Zhang Xiaogang, lui-même dirigeant du groupe chinois Anshan Iron & Steel. Mais ce dernier, comme ses compatriotes, a refusé d’adhérer au plan de la WSA.
L’argument officiel est le risque concurrentiel lié à la fourniture de données sur les technologies utilisées dans les usines. En réalité, les fournisseurs chinois refusent toute entrave à leur essor économique.
Dommage pour la planète : déjà, entre 2006 et 2010, les émissions de CO2 par les aciéries ont bondi de 2 à 2,5 milliards de tonnes, les Chinois.

jeudi, 29 décembre 2011

La Chine relève ses objectifs dans le solaire

Le ministère de l'énergie chinois vient encore de relever fortement ses objectifs dans le solaire.
D'ici 2015, les capacités devront atteindre 15 gigawatts. Après l'accident nucléaire de Fukushima en début d'année, les autorités avaient déjà augmnté leur objectif 2015, à 10 GW.
Ces ambitions se comparent à une réalité peu brillante : la production solaire chinoise n'était que de 1 GW à la fin de 2010 mais la Chine doit « prouver » qu'elle lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Elle doit aussi assurer un marché minimal à ses constructeurs photovoltaÏques, leaders mondiaux mais gênés par les reculs des subventions dans les pays développés. D
En revanche, les objectifs d'énergie éolienne n'ont pas été modifiés et resetent à 100 gigawatts, dont 5 % proviendront de fermes offshore.