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mardi, 20 mai 2014

Terra Nova et le « consensus de Bruxelles »

D'inspiration socialiste, le groupe de réflexion Terra Nova s'interroge sur le « consensus de Bruxelles ».
Par cette expression, les auteurs de la note -Samuel Dupuy, Richard Lenoir, Bruno Palier et Claude-Emmanuel Triomphe- entendent l'ensemble des politiques de l'Union européenne « optant pour l'austérité budgétaire et des réformes dites "structurelles » dont ils estiment qu'elles ont fait replonger l'Europe dans la récession à partir de la fin de l'année 2011.
Pour Terra Nova, une autre approche est possible. Elle se fonde sur l'inclusion dans la réflexion politique des facteurs « hors-coûts », tels le niveau d'études, d'infrastructures et de connaissances. A moyen et long terme, ils « permettront à nos économies d’assurer des standards sociaux ambitieux ».

 



lundi, 05 mai 2014

Déficit démocratique européen en gare du nord à Paris

Vendredi soir, une douzaine de jeunes hommes entrent Gare du nord à Paris. Ils prennent le train pour Amsterdam où ils enterreront la vie de garçon de l'un d'entre eux. Sur les quais, ils aperçoivent un Commissaire européen de nationalité française.
Déjà éméché, mon fils s'approche de lui, le salue et lui demande s'ils peuvent discuter. Amusé, le Commissaire acquiesce. En verve, le jeune homme se met alors à critiquer la politique économique menée par la Commission pour conclure sur un « je voterai Dupont-Aignan ! ». Méprisant, le Commissaire lui rétorque : « Ca ne sert à rien ! »
.
Avouons, nous ne sommes pas habitués à une telle franchise de la part des politiques. Mais quelle vérité dans ce

« ça ne sert à rien ! ». Sur notre continent, celui où a été inventé l'exercice de la démocratie, où plus que partout ailleurs des hommes sont morts pour leur liberté, voter ne sert plus à rien.
Et il n'a pas tort notre bonhomme. Car il arrive en fin de mandat à la Commission. Quel Français le remplacera ? Sortira-t-il des urnes européennes ? Non, il sera nommé par le président de la République qui, dit-on, hésite entre deux noms : Pierre Moscovici mais son départ entraînerait probablement la fin de la majorité absolue à l'Assemblée nationale (une législative partielle dans sa circonscription se terminerait presque certainement par un sortant de l'UMP), ou Elisabeth Guigou.
Les élections européennes du 25 mai prochain s'annoncent comme celles de l'euro-scepticisme, un euro-scepticisme qui se traduira par la part élevée des abstentionnistes et par la montée des partis « extrêmes ». Comme notre bon Commissaire, médias et partis dominants stigmatisent ces derniers. Ils oublient un peu vite leur responsabilité.
Pourtant, l'histoire
européenne du début du XX°siècle nous a appris un fait essentiel : l'arrivée au pouvoir des communistes en Russie, des fascistes en Italie, des nazis en Allemagne n'a été possible qu'en raison des errements des dirigeants politiques de l'époque. Que ceux qui l'ont oublié relisent les mémoires de guerre 1919-1941 de Churchill ! Mais avec un verre de whisky à portée de main : il leur faudra faire passer la très désagréable impression de lire le temps présent...

 

mercredi, 26 février 2014

Retraités : mieux vaut être Européen

L'indice mondial des retraites est méconnu. il révèle pourtant des données intéressantes dans un monde à la population vieillissante. Aujourd'hui, 10 % d'entre nous ont plus de soixante ans. En 2040, nous serons 21%.
Sans surprise, il vaut mieux être vieux en Europe que partout ailleurs. Les pays émergents par exemple comblent leur retard à marche forcée, mais c'est au prix de salaires très bas et très inégaux et d'une couverture sociale très mince.
La filiale des Banques Populaires et de la Poste, NatixisGAM, vient de publier une analyse sur les 150 pays composant l'indice mondial. Il en ressort que 12 des 15 premiers sont européens, aux côtés de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada. La France se situe au 15ème rang de l'indice, mais au 2ème pour ce qui concerne la santé.

vendredi, 03 mai 2013

M&A, due diligence and ESG criterias

Vous me pardonnerez l'emploi du globish ? C'est que l'étude dont je vais vous parler vient du cabinet d'audit Pwc qui s'est penché sur la prise en compte des critères ESG -sociaux, environnementaux et de gouvernance- lors de l'évaluation des entreprises dans le cadre d'une fusion-acquisition.
Les investisseurs ayant horreur du risque, ils se préoccupent de plus en plus de ces critères, environnementaux notamment. Le cabinet a interrogé 16 grandes entreprises européennes et 63 % d'entre elles analysent systématiquement la trace environnementale des sociétés qu'elles pourraient acquérir. L'influence sur l'environnement est mieux mesurable et suscite plus de risque majeur que les critères sociaux (44 %) ou de gouvernance (38 %), elle est donc plus facilement évaluée.
Cependant, les critères sociaux reprennent de la force lorsque la fusion-acquisition concerne une entreprise située dans les pays émergents, tout comme les questions de gouvernance, en raison de l'ampleur de la corruption et de la fraude.
Les critères ESG ont un impact certain sur les transactions. Insuffisants ou mauvais (contamination des sols, relations sociales houleuses...), ils ont provoqué, pour 1 entreprise sur 5, l'arrêt de la négociation soit l'obtention d'un prix diminué. En revanche, de bons critères ne suffisent pas à relever le prix. La faute sans doute au vendeur...
Les industries alimentaire et manufacturière sont le plus en pointe dans l'utilisation des critères ESG, loin devant la pharmacie, les médias et la construction.

mercredi, 16 janvier 2013

Actionnaires de sociétés cotées : non aux indemnités de départ abusives

Proxinvest, agence de conseil en droits de vote aux assemblées générales, « a décidé, à partir de 2013, de limiter dans sa politique de vote toute indemnité de départ » pour les dirigeants qui serait supérieure à une année de rémunération.
Cette attitude se justifie sur les pratiques des actionnaires.
Selon son 14ème rapport sur la rémunération des dirigeants du SBF 120, sur la seule saison 2012, « le taux d’opposition des actionnaires a augmenté d’un tiers ». Ceux de Safran, d'Air France-KLM ou de Foncière Paris France ont même rejetté des résolutions sur ce sujet.
« Il est important pour l’image de bonne gouvernance de la place de Paris que les sociétés contrôlées évitent aussi ces indemnités de départ, précise Proxinvest. Ainsi lors de la dernière assemblée générale de Crédit Agricole SA, une résolution proposant une indemnité de deux années de rémunération en cas de rupture du contrat de travail de Jean-Yves Hocher obtenait 84% d’approbation.
Si ce score peut paraître élevé au premier abord pour une indemnité de départ, c’est en fait 80% des voix des actionnaires minoritaires qui s’y sont opposées si on exclut les voix de l’actionnaire de contrôle (les caisses régionales). »

lundi, 14 janvier 2013

Efficacité énergétique et gabegie de l'Union européenne

Sévère, la Cour des comptes européenne retoque les investissements de la Communauté européenne pour améliorer l'efficacité énergétique dans les pays membres de l'Union : « Cela revient à dire que ces fonds n’ont pas été dépensés de manière judicieuse, car la durée de vie des composants remis à neuf ou des bâtiments est plus courte que cela, et que les fonds peuvent être dans une large mesure considérés comme perdus du point de vue de l’efficacité énergétique ».
Depuis 2000, les Fonds relevant de la cohésion ont cofinancé pour 5 milliards de mesures écoénergétiques. Dans la pratique, « les projets auxquels les autorités des États membres avaient accordé un financement ne comportaient pas d’objectifs rationnels en termes de rentabilité, c’est-à-dire de coût par unité d’énergie économisée ». Harald Wögerbauer, de la Cour des comptes, est remonté : « aucun des projets que nous avons examinés n’était assorti d’une évaluation des besoins ni même d’une analyse du potentiel d’économies d’énergie au regard des investissements ».

Une fois de plus, l'Union européenne prouve son incapacité à promouvoir une politique énergétique intelligente et efficace. Gribouille président européen ?

 

 

 

mardi, 11 décembre 2012

Etude édifiante de Proxinvest sur la rémunération des dirigeants français

La société de conseil en vote aux assemblées générales vient de publier son quatorzième rapport sur les rémunérations touchées en 2011 par les dirigeants des 120 plus grandes sociétés cotées.
Comme d'habitude, les conseils d'administration ont accepté une hausse des gains des dirigeants, de 4 % en 2011, contre 33 % l'année précédente. Cette augmentation doit être mise en rapport avec l'évolution des bénéfices cumulés, en recul de 10 % pour le CAC 40.
Pour les dirigeants du CAC 40, la rémunération moyenne atteint le chiffre de 4,246 millions d'euros. Pour les dirigeants du SBF 80 (les 80 sociétés suivant celles du CAC dans l'indice SBF 120), la rémunération se situe à 2,03 millions d'euros en moyenne.
Les rémunérations moyenne dans le CAC 40 se décomposent en rémunération fixe pour 24 %, soit 1 million d'euros en moyenne, en variable annuel pour 32%, en actions gratuites pour 16%, en autres avantages pour 16% également et pour 12% en options. La part du fixe dans les rémunérations n'a cessé de s'accroître ces sept dernières années, au détriment notamment des options d'actions, de plus en plus remplacées par des octrois d'actions gratuites. 

Le diable se cachant dans les détails, il faut souligner cinq points, certains obscurs mais très rentables pour les dirigeants :
- les différés de versements d'espèces indexés sur les cours de l'action, qui restent hors de contrôle de l’assemblée générale des actionnaire ;
- les bonus versés à des dirigeants malgré la contre-performance actionnariale, notamment ceux de Carrefour, GDF Suez ou Scor ;
- la conditionnalité des rémunérations variables : 16 % d'entre elles seulement reposent sur des conditions de performance supérieures à trois ans ;
- le niveau très élevé et l'absence de contrôle des rémunérations des présidents non opérationnels ;
- les retraites chapeau, très lourdes pour les entreprises et totalement opaques.
L'étude de Proxinvest souligne que 14 dirigeants sur 40 jouissent de rémunérations supérieures au plafond qu'elle recommande de 240 fois le SMIC, soit 4,6 millions d'euros. Il s'agit de Maurice Lévy de Publicis, de Carlos Ghosn chez Renault, de Bernard Charlès chez Dassault Systèmes, de Bernard Arnault chez LVMH, de Jean-Paul Agon chez L’Oréal, de Christopher Viehbacher chez Sanofi-Aventis, de Frank Riboud chez Danone, de Daniel Julien chez Teleperformance, de Denis Kessler chez la SCOR, d'Olivier Piou chez Gemalto, de Gerard Mestrallet chez GDF-Suez, de Jean-Pascal Tricoire chez Schneider Electric, de Thierry Pilenko chez Technip et, enfin, d'Henri de Castries chez AXA.
Face aux excès, Pierre-Henri Leroy, dirigeant-fondateur de Proxinvest, continue à promouvoir la responsabilisation des administrateurs et la souveraineté de l'assemblée des actionnaires. Ce qui ressemble un peu à des voeux pieux compte tenu des pratiques consanguines du capitalisme français,
« verrouillé » par les grands corps administratifs ou issus des grandes écoles.
Plus concrètement, le cabinet modifiera sa politique de vote en 2013 sur deux points concernant les indemnités de départ :
- plafonnement à un an de rémunération salariale,
- octroi limité à « la seule hypothèse d’un changement de contrôle ».
Par ailleurs, Proxinvest exige que soit communiqué le coût annuel individuel des régimes de retraite chapeau (retraites complémentaires versées aux dirigeants). Il demande aussi que « la rente annuelle additionnelle soit désormais plafonnée pour tous à 300 000 euros ». Enfin, Proxinvet invite à « plafonner à 300% du fixe les rémunérations variables ».

mardi, 07 août 2012

Le bonheur en plus de la croissance

Quand le Bhoutan donne des leçons d'économie aux Etats-Unis... Cela paraîtra utopique mais n'est-ce pas l'utopie qui nous sortira du marasme ambiant ? Le président de la Banque fédérale américaine demande aux économistes de s'ttaquer à la création de « mesures plus directes  du bien-être économique, l'objectif final de nos décisions politiques ».
La gageure n'est pas facile : si l'est possible de quantifier l'accès à l'eau ou le niveau d'éducation, l'état de santé d'une population ou l'âge de mortalité, le bien-être des peuples est bien plus évanescent et très variable selon les cultures. Comment comparer les chorales allemandes et les bandas gasconnes ?
La demande de Ben Bernanke ne peut cependant être qualifiée de marketing ou de voeu pieux. Que ce soient l'indicateur de développement humain ou l'indice « Vivre mieux » de l'OCDE ou encore le Bonheur National Brut de l'état de l'himalaya, le Bhoutan, les précurseurs existent.

Leur intérêt ? donner des idées de croissance.

jeudi, 17 mai 2012

L'économie sociale et solidaire au gouvernement : c'est quoi ?

Petite partie de rigolade ce matin en écoutant l'interview à 7 heures 50 sur RTL de Benoît Hamon, tout juste nommé ministre délégué chargé de l'Economie sociale et solidaire.
Le porte-parole du parti socialiste a eu de la chance : son interwiewer en savait autant que lui sur l'économie sociale et solidaire.
Question : Qu'est-ce que c'est ?
Réponse : les coopératives, les mutuelles... 10 % du PIB français !
Ouf, manifestement, le nouveau ministre avait appris ses « éléments de langage ». Une fois sa toute petite leçon récitée, il a pu en venir aux choses sérieuses, telles les répartitions de postes.

Espérons que nous n'ayons pas à faire encore du mauvais esprit, tant l'économie sociale et solidaire peut être un moteur de croissance. Pour l'instant, laissons Benoît Hamon s'installer...

mardi, 15 mai 2012

Les conseils d'administration français un peu plus féminins

Les entreprises du CAC 40 cotées à la Bourse de Paris féminisent toujours un peu plus leur conseil d'administration. A l'issue des assemblées générales d'actionnaires de cette année, 27 d'entre elles ont plus de 20 % de femmes administratrices, ce qui dépasse le seuil minimal imposé par la loi Copé-Zimmermann de janvier 2011.
Les dix conseils les plus mixtes sont : Publicis (50 % de femmes en 2012, contre 43,8 % l'an dernier), BNP Paribas (35,7 % contre 31,3 %), Vallourec (33,3 % contre 36,4 %), Vivendi, PPR et Safran (inchangés à 33,3 %), Total et Crédit Agricole (33,3 % contre 28,6 %), Bouygues (33,3 % contre 27,8 %) et, enfin, Société Générale (30,8 % contre 33,3 %).
Les cinq entreprises qui ont connu la plus forte progression sont : STMicroElectronics, Unibail-Rodamco, Publicis, Veolia Environnement et Esssilor.

Capitalcom, l'agence qui a réalisé ce sondage, souligne que, sur les 552 mandats d'adminisgtrateurs du CAC 40, 129 sont confiés à 110 femmes, dont 13 représentant les salariés.

jeudi, 03 mai 2012

Les actionnaires contre les abus des dirigeants

Les investisseurs et les agences de conseil en vote (proxy) sont remontés contre les émoluments que veulent faire voter les dirigeants.
Parmi les plus frondeurs en ce début de période d'assemblées générales d'actionnaires, citons F&C, Hermès Equity Ownership Services, ISS et Ethos. Et les dirigeants les plus critiqués sont ceux de l'assurance, tel Aviva, et de la banque, tels UBS ou Barclays.

 

 

 

mercredi, 02 mai 2012

202 millions de chômeurs dans le monde en 2012, 210 en 2016

Selon l'Organisation internationale du Travail, le nombre de chômeurs augmentera dans les prochaines années. Sur les 106 pays étudiés, 57 ont subi une détérioration de leur climat social en 2011.
La faute ? à l'austérité, notamment dans les pays avancés (l'OCDE) où le chômage de longue durée, supérieur à un an, frappe plus de 4 chômeurs sur 10...

Pour remédier à la hausse tendancielle du chômage, l'OIT prône une augmentation des salaires identique à celle de la productivité et donne l'exemple des réussites brésiliennes, indonésiennes et uruguayennes. Faute de quoi les troubles sociaux, déjà en forte croissance depuis deux ans, continueront à se répandre.

lundi, 05 mars 2012

Obligations RSE pour les entreprises : pas avant 2013

Enfin ! Attendu depuis un ans, le décret d’application de la loi Grenelle 2 concernant les nouvelles obligations d’informations sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises vient d'être adopté par l'Assemblée. 

On se souvient que l’article 12 de la loi, modifiant l’article L225-102-1 du code de commerce issu dela loi Grenelle 2,  introduit trois modifications majeures à la loi de Grenelle 2. 

D'abord, selon que la société est cotée ou non, ses obligations d'informations seront différentes. Ensuite, les filiales ou les sociétés contrôlées au-delà d’un certain seuil n’auront pas à publier ces informations si la société consolidante les publie déjà.
Les sociétés cotées devront fournir les nouvelles informations pour les exercices à compter du 31 décembre 2011, soit dès cette année. Pour les autres sociétés, la loi ne s'appliquera qu'à partir du 1er janvier 2017.

Il s'agit donc d'un retrait sur le Grenelle 2.

 

jeudi, 19 janvier 2012

Enquête européenne sur la distribution de l'eau en France

 

Bruxelles ouvre, à l'égard des groupes français Veolia Environnement, Suez Environnement et la Saur, une enquête « d'entente et d'abus de position dominante » sur le marché de la fourniture d'eau potable et sur celui du traitement des eaux usées. La fédération professionnelle des eaux (FP2E) est également intégrée dans le champ de l'enquête de la Commission de la concurrence.
Rappelons que le marché de la distribution de l'eau se répartit ainsi en France : 26 % aux services publics, 40 % à Veolia, 20 % à Suez environnement et 12 % à la Saur. Le prix moyen de l'eau du robinet est, en France, inférieur de 13 % à la moyenne européenne mais l'ouverture de cette enquête, qui fait suite aux perquisitions menées en avril 2010, est inquiétante pour les distributeurs : les amendes européennes peuvent aller jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires d'une entreprise. 


 

dimanche, 27 novembre 2011

Les dirigeants du CAC 40 payés sur leur performance extra-financière

Petit à petit, la prise en compte mesurable des performances extra-financières s'impose dans le monde des entreprises.
Désormais, la moitié des groupes du CAC 40 alignent une partie de la rémunération de leurs dirigeants sur la réalisation d’objectifs liés au développement durable.
Deux types de politiques co-existent. D'un côté, seuls les patrons voient la part de leur rémunération variable alignée sur l'extra-financier : il s'agit de EADS, GDF Suez, Lafarge et Technip. D'un autre côté, ce sont les dirigeants opérationnels qui sont concernés : Axa, France Telecom, PPR, PSA et Schneider Electric.
On remarquera que les impacts sociaux et sociétaux des activités ne sont pas pris en compte dans ces calculs. Les impacts écologiques, tels que les émissions carbone ou la gestion des déchets, sont plus facilement mesurables.
Mesdames et Messieurs les analystes extra-financiers, encore un effort ! 

vendredi, 18 novembre 2011

COMPRENDRE LA GUERRE FAITE À L’UNION EUROPEENNE POUR CONTRE-ATTAQUER

 

Nous vous livrons ici une réflexion proposée à quelques décideurs début octobre.
Il s'agissait d'expliquer  les forces profondes en jeu dans les attaques sur les dettes souveraines. 
Cett réflexion s'articule en trois points : 

I – Comment et pourquoi cette attaque est menée selon la stratégie du croissant
II – Qui sont les auteurs de cette attaque
III  - Quelle combinaison de tactiques adopter

Bonne lecture ! 

 

 
I – Pourquoi s’agit-il d’une attaque en croissant

1 / Une stratégie gagnante…

Utilisée par Hannibal à Cannes, par Nelson à Trafalgar, par Cao Gui à Changshao, cette stratégie vise à affaiblir le « centre » de l’ennemi en l’obligeant à  secourir ses flancs.  Une fois qu’il a épuisé ses réserves, l’attaque frontale peut commencer.
L’attaque sur les flancs a commencé avec l’Islande en 2008. Ce pays non membre de l’Union a eu valeur de test, avant les offensives contre la Hongrie puis l’Irlande, le Portugal et la Grèce.
L’attaque frontale a été lancée fin septembre, d’abord contre l’Italie, puis contre la France et la Belgique avec Dexia (cf les déclarations de l’administrateur Marini regrettant que le ministre Lagarde l’ait obligé à acheter de la dette souveraine grecque).

 

2 / … dans le cadre nouveau de la guerre « omnidimensionnelle » :

Les faits menés s’intègrent dans ce que les Américains appellent la guerre omnidimensionnelle.
Cette guerre n’est ni militaire ni étatique mais financière, monétaire et réglementaire. Un premier exemple fut apporté en 1998 par la crise financière de l’Asie du sud-est, finement analysée par Qiao Liang et Wang Xiangsui,
Non militaire : aucun usage de la force.
Non étatique : les « assauts » contre les dettes souveraines européennes ne sont pas lancés par des Etats identifiés, même si l’on peut penser que certains opèrent en sous main.
Financière : jamais l’argent n’a été aussi abondant qu’aujourd’hui (Fed : autant d’injection de liquidités entre 2008 et 2010 qu’entre 1917 et 2007 ; aides annuelles à l’exportation chinoises : 110 Mds$ engagés sur 2009-2010, soit plus que les moyens de la Banque mondiale sur la même période). Cet argent ne va pas dans l’économie réelle en Europe et aux Etats-Unis mais alimente des hedge funds.
Monétaire : l’arme des monnaies est utilisée de longue date par la Chine qui en a fait un atout compétitif.
Réglementaire : il s’agit ici des normes écologiques et sociétales.
L’Union européenne a abattu ses barrières douanières de façon idéologique et non réfléchie en fonction de ses intérêts. Elle a ensuite tenté de rétablir une protection de ses économies par le biais de « normes » RSE.
Elle a échoué lors du Congrès de Copenhague, fin 2009.
En revanche, les pays du BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) se servent de cette arme très intelligemment, allant jusqu’à faire adopter leurs propres normes par la Commission européenne.
  

 

 

II – Qui sont les auteurs de cette attaque

Il est d’usage d’accuser les « banques » ou la « finance internationale » ou les « spéculateurs ».
Les auteurs de cette attaque appartiennent en réalité à deux catégories.

1 / La première est constituée des « global macro hedge funds » qui performent très bien depuis le troisième trimestre 2011. Les banques dont ils ont besoin pour fonctionner les soutiennent car ils leur reversent des commissions sur opérations.
Pour leurs modèles d’intervention, ces hedge recourent à des techniques fondées sur les lois de la physique pure ; fondamentalement, ils utilisent les services d’anthropologues et/ou de politologues. Ces derniers analysent les forces et faiblesses des cibles avant tout déclenchement des opérations. A ce titre, les divisions dévoilées avant et lors de Copenhague ont constitué un signal fort.
2/ La seconde catégorie est constituée d’Etats souverains qui interviennent en deux temps. Dans un premier temps, à partir de fin 2010, il s’est agi d’assécher les liquidités en dollars des banques européennes (cf les déclarations des dirigeants des banques asiatiques puis des banques américaines).
Dans un second temps, il s’agira d’intervenir comme « sauveurs » en rachetant les actifs européens à bas prix et à leurs conditions (cf les déclarations de Gao Xinging, dirigeant du fonds souverain chinois).

Sauf à être partisan des théories du complot, il ne faut pas voir là de connivence entre hedge et Etats mais plutôt d’alliances opportunistes.

 

 

III  - Quelle combinaison de tactiques adopter

1 / Avant de proposer une combinaison de tactiques gagnante, il faut se rappeler deux principes.
Tiré du livre de Qiao Liang et Wang Xiangsui, le premier vise à comprendre la situation : « les nouveaux principes de la guerre consistent à utiliser tous les moyens pour obliger l’ennemi à se soumettre à ses propres intérêts ». En d’autres termes, il faut penser de façon nouvelle, l’initiative du Palais-Royal et les réflexions autour des euro-bonds donnant deux parfaits contre-exemples.
Le second principe est intemporel : « La défaite n’est jamais inéluctable ».

2 / La combinaison de tactiques gagnante se concentre sur la France, pour deux raisons.
La première, mineure, est ma connaissance imparfaite des menées conjointes avec l’Allemagne et les autres dirigeants de l’Union.
La seconde, majeure, est que la France est le véritable centre de l’Europe, plus que l’Allemagne vieillissante et tentée par l’Est. Si la France tombe, l’Union tombera avec elle.

Etat des lieux :
a / Le positif : depuis 2008, la France a riposté de façon inventive et « omnidimensionnelle ».
- politique, ce fut en 2008 la création du Fonds stratégique d’investissement et, demain, le rapprochement de ce même FSI avec la banque Oseo et CDC entreprise ;
- économique : c’est tel leader mondial de l’équipement industriel qui crée une co-entreprise avec un partenaire chinois pour obtenir un financement du gouvernement chinois ou tel dirigeant d’un leader de l’industrie alimentaire qui participe au Forum social mondial pour signifier sa stratégie BoP de conquête de marchés…
- financier : ce sont le lancement des partenariats publics-privés, les titrisations d’obligations privées, en micro-finance et, bientôt, par des entreprises de taille moyenne…
- militaire : ce fut l’aide au départ de Kadaffi (l’utilisation de la puissance militaire est un signal fort aux adversaires).

b / Le négatif  se résume en trois points :
- ces initiatives sont menées de façon dispersée et non coordonnée ;
- l’assèchement des finances nationales, locales et sociales se propage au secteur privé ;
- il manque une vision globale et nouvelle supprimant la dichotomie public/privé.

3 / La combinaison de tactiques à mettre en œuvre a pour objectif le renforcement de l’intérêt public de la France, « ventre » de l’attaque en croissant.
L’intérêt public passe par le développement des partenariats publics privés fondés sur la gestion des impacts sociétaux des activités des entreprises.

Ces actions s’inscrivent dans une architecture de financements innovants qui regroupe entreprises, pouvoirs publics et financiers et supprime l’étanchéité actuelle entre financements pour petits et grands projets.

Cette architecture est bâtie sur 4 piliers : l’identification des besoins ou contraintes posées par les différents types d’acteurs (investisseurs, banques, assurances, entreprises, instances publiques…), le sourcing, la sélection des projets titrisables, et le système de traçabilité.

Les outils existent, notamment les fonds communs de titrisation. Contrairement à la taxation, leur combinatoire préserve la capacité d’action des élus au-delà de leurs fonctions purement régaliennes et donnent des avantages compétitifs aux entreprises.


L’assèchement des liquidités est un leurre :
il faut mobiliser l’épargne placée dans les fonds de retraite et d’assurances.

Pour cela, il faut une volonté politique et une action d’interface qui sorte de leurs logiques internes des acteurs qui s’ignorent les uns les autres.

 

mercredi, 09 novembre 2011

Vers une taxation du trading à haute fréquence ?

La commission des Finances du Sénat vient de créer une « taxe sur les transactions automatisées » qui serait opératoire à partir du 1er janvier 2012. Cet amendement s’inscrit dans le projet de budget pour 2012. Le but est d’entraver l'essor du « trading haute fréquence ». Pour les sénateurs –et ils ont raison-, le taux d’annulation de ces ordres transmis à des vitesses de nanosecondes dépasse les 95 %, ce qui induit une « liquidité fantôme » et, surtout, « une instabilité permanente du carnet d'ordres », « un effet d'éviction sur les marchés transparents au profit des lieux de négociation opaques (dark pools) » et « de nouvelles facultés d'abus de marché et de manipulation des cours ».

La taxe frapperait les prestataires de services d'investissement dans les cas de « dépassement quotidien d'un taux d'annulation de 50% des ordres d'achat ou de vente d'instruments financiers qu'ils transmettent à des marchés "transparents" ». Voulue par la majorité de gauche au Sénat, cette taxe doit être reprise par l’Assemblée nationale, majoritairement à droite. Compte tenu des désordres provoqués par le « high frequency trading », cette taxe sera probablement reprise par les députés.
Son impact n’en demeurera pas moins limité : l’essentiel des donneurs d’ordres sont domiciliés dans des abris fiscaux et réglementaires.

dimanche, 06 novembre 2011

B20 et L20 main dans la main au G20 à Cannes

B20, L20 vous connaissez ? autant que le G20 ? Bon, quelques définitions s’imposent. 

Le G 20, c’est le groupe des 20 premières puissances économiques mondiales. Il est né en novembre 2008, après que la naissance de la crise financière aux Etats-Unis ait légitimé le partage de la direction du monde avec les nations « émergentes », Afrique du Sud, Arabie saoudite, Chine, Corée, Mexique…
Le B20, c’est le Business 20. Il rassemble les 20 organisations patronales des pays du G 20 plus 120 dirigeants d’entreprises internationales. Dirigé par Laurence Parisot, elle-même patronne du Medef français, il a été créé officiellement à Séoul.
Enfin, le L20, c’est le Labour 20 qui rassemble les organisations syndicales des pays du G 20. Il est piloté par la CSI ou Confédération syndicale internationale qui compte quelques 300 adhérents. Sharon Burrow, secrétaire générale de la CSI, est, aussi, la représentante du L20.
Deux précisions sur le L20. Il devrait s’appeler L19 parce qu’il ne comporte pas de représentants d’Arabie saoudite où les syndicats sont interdits. En revanche, les syndicats chinois en font partie, bien que non membres de la CSI…
C’était donc la première fois que le L20 et le B20 étaient invités à un sommet du G 20. Et c’est aussi la première fois qu’ils se sont exprimés d’une seule voix sur les droits des travailleurs, sur l’emploi, sur un socle minimal de protection sociale et sur la « cohérence multilatérale ».
Elaborée durant un an sous la double direction de Sharon Burrow et de Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d’assurance, une première déclaration commune a été publiée à la fin du G 20.
En voici les premières lignes :
« Le B20 (organisations patronales des pays membres du G20) et le L20 (syndicats des pays membres du G20) expriment leur profonde inquiétude quant à la situation économique mondiale. Les travailleurs et les entreprises sont confrontés, à l’échelle globale, à l’instabilité des marchés, qui se traduit notamment par un accroissement du chômage, de fortes incertitudes existant sur le marché du travail et des perspectives économiques qui demeurent sombres. En conséquence, nous souhaitons saisir l’opportunité que des problématiques d’ordre social soient mises sur l’agenda du G20, pour attirer l’attention des gouvernements sur quelques enjeux majeurs par rapport auxquels ils ont développé une vision commune. »

 

B20 et L20 main dans la main au G20 à Cannes

B20, L20 vous connaissez ? autant que le G20 ? Bon, quelques définitions s’imposent. 

Le G 20, c’est le groupe des 20 premières puissances économiques mondiales. Il est né en novembre 2008, après que la naissance de la crise financière aux Etats-Unis ait légitimé le partage de la direction du monde avec les nations « émergentes », Afrique du Sud, Arabie saoudite, Chine, Corée, Mexique…
Le B20, c’est le Business 20. Il rassemble les 20 organisations patronales des pays du G 20 plus 120 dirigeants d’entreprises internationales. Dirigé par Laurence Parisot, elle-même patronne du Medef français, il a été créé officiellement à Séoul.
Enfin, le L20, c’est le Labour 20 qui rassemble les organisations syndicales des pays du G 20. Il est piloté par la CSI ou Confédération syndicale internationale qui compte quelques 300 adhérents. Sharon Burrow, secrétaire générale de la CSI, est, aussi, la représentante du L20.
Deux précisions sur le L20. Il devrait s’appeler L19 parce qu’il ne comporte pas de représentants d’Arabie saoudite où les syndicats sont interdits. En revanche, les syndicats chinois en font partie, bien que non membres de la CSI…
C’était donc la première fois que le L20 et le B20 étaient invités à un sommet du G 20. Et c’est aussi la première fois qu’ils se sont exprimés d’une seule voix sur les droits des travailleurs, sur l’emploi, sur un socle minimal de protection sociale et sur la « cohérence multilatérale ».
Elaborée durant un an sous la double direction de Sharon Burrow et de Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d’assurance, une première déclaration commune a été publiée à la fin du G 20.
En voici les premières lignes :
« Le B20 (organisations patronales des pays membres du G20) et le L20 (syndicats des pays membres du G20) expriment leur profonde inquiétude quant à la situation économique mondiale. Les travailleurs et les entreprises sont confrontés, à l’échelle globale, à l’instabilité des marchés, qui se traduit notamment par un accroissement du chômage, de fortes incertitudes existant sur le marché du travail et des perspectives économiques qui demeurent sombres. En conséquence, nous souhaitons saisir l’opportunité que des problématiques d’ordre social soient mises sur l’agenda du G20, pour attirer l’attention des gouvernements sur quelques enjeux majeurs par rapport auxquels ils ont développé une vision commune. »

 

mardi, 01 novembre 2011

Référendum à la grecque ou quand le roi est nu

 

Référendum à la grecque ? Quelle horreur ! On ne peut que sourire à l’écoute des réactions indignées et quasi-unanimes de la classe politique et des médias traditionnels.
Voici que la démocratie s’insère dans le débat de l’Union. Oh, personne n’est dupe : le premier ministre grec Papandréou n’est pas un enfant de chœur. Soumettre le plan de sauvetage européen de son pays à la volonté de son peuple, c’est pour lui une question de survie politique : très isolé, il avait perdu toute légitimité populaire et politique. L’opposition de droite mais aussi ses partisans jugeaient trop sévères les plans d’austérité imposés par la TroÏka –entendre le FMI, la Banque centrale européenne et l’Union européenne.
Il n’empêche.
Ce geste désespéré réintroduit la vox populi dans un débat confisqué par des élites défaillantes.
L’élargissement de l’Union européenne a été imposé par les dirigeants politiques à des peuples qui n’en voulaient pas. Il n’était motivé que par une volonté à la fois de puissance (le rêve d’une grande union dont chacun fourbissait en cachette les armes pour en prendre la direction) et d’expansion des marchés. Expansion des marchés y compris ceux qui n’étaient pas solvables. 
Car si la Grèce a maquillé ses chiffres pour intégrer l’Union, elle l’a fait avec l’accord tacite de la Banque centrale, des dirigeants européens et avec l’aide technique des grands établissements financiers. 
La crise que vit l’Europe aujourd’hui n’est pas une crise intrinsèque. Elle est le prolongement direct de la crise née en 2008. Les réponses qui lui sont apportées sont fausses. Elles ne visent qu’à assurer une survie, à court terme, de banques mais ne règlent pas la question de la bonne gouvernance.
L’annonce de Papandréou a un mérite : celui de la clarté. 
On ne s'étonnera pas que ce rappel de la vérité des choses vienne de la Grèce, berceau de la démocratie européenne.