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vendredi, 18 novembre 2011

COMPRENDRE LA GUERRE FAITE À L’UNION EUROPEENNE POUR CONTRE-ATTAQUER

 

Nous vous livrons ici une réflexion proposée à quelques décideurs début octobre.
Il s'agissait d'expliquer  les forces profondes en jeu dans les attaques sur les dettes souveraines. 
Cett réflexion s'articule en trois points : 

I – Comment et pourquoi cette attaque est menée selon la stratégie du croissant
II – Qui sont les auteurs de cette attaque
III  - Quelle combinaison de tactiques adopter

Bonne lecture ! 

 

 
I – Pourquoi s’agit-il d’une attaque en croissant

1 / Une stratégie gagnante…

Utilisée par Hannibal à Cannes, par Nelson à Trafalgar, par Cao Gui à Changshao, cette stratégie vise à affaiblir le « centre » de l’ennemi en l’obligeant à  secourir ses flancs.  Une fois qu’il a épuisé ses réserves, l’attaque frontale peut commencer.
L’attaque sur les flancs a commencé avec l’Islande en 2008. Ce pays non membre de l’Union a eu valeur de test, avant les offensives contre la Hongrie puis l’Irlande, le Portugal et la Grèce.
L’attaque frontale a été lancée fin septembre, d’abord contre l’Italie, puis contre la France et la Belgique avec Dexia (cf les déclarations de l’administrateur Marini regrettant que le ministre Lagarde l’ait obligé à acheter de la dette souveraine grecque).

 

2 / … dans le cadre nouveau de la guerre « omnidimensionnelle » :

Les faits menés s’intègrent dans ce que les Américains appellent la guerre omnidimensionnelle.
Cette guerre n’est ni militaire ni étatique mais financière, monétaire et réglementaire. Un premier exemple fut apporté en 1998 par la crise financière de l’Asie du sud-est, finement analysée par Qiao Liang et Wang Xiangsui,
Non militaire : aucun usage de la force.
Non étatique : les « assauts » contre les dettes souveraines européennes ne sont pas lancés par des Etats identifiés, même si l’on peut penser que certains opèrent en sous main.
Financière : jamais l’argent n’a été aussi abondant qu’aujourd’hui (Fed : autant d’injection de liquidités entre 2008 et 2010 qu’entre 1917 et 2007 ; aides annuelles à l’exportation chinoises : 110 Mds$ engagés sur 2009-2010, soit plus que les moyens de la Banque mondiale sur la même période). Cet argent ne va pas dans l’économie réelle en Europe et aux Etats-Unis mais alimente des hedge funds.
Monétaire : l’arme des monnaies est utilisée de longue date par la Chine qui en a fait un atout compétitif.
Réglementaire : il s’agit ici des normes écologiques et sociétales.
L’Union européenne a abattu ses barrières douanières de façon idéologique et non réfléchie en fonction de ses intérêts. Elle a ensuite tenté de rétablir une protection de ses économies par le biais de « normes » RSE.
Elle a échoué lors du Congrès de Copenhague, fin 2009.
En revanche, les pays du BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) se servent de cette arme très intelligemment, allant jusqu’à faire adopter leurs propres normes par la Commission européenne.
  

 

 

II – Qui sont les auteurs de cette attaque

Il est d’usage d’accuser les « banques » ou la « finance internationale » ou les « spéculateurs ».
Les auteurs de cette attaque appartiennent en réalité à deux catégories.

1 / La première est constituée des « global macro hedge funds » qui performent très bien depuis le troisième trimestre 2011. Les banques dont ils ont besoin pour fonctionner les soutiennent car ils leur reversent des commissions sur opérations.
Pour leurs modèles d’intervention, ces hedge recourent à des techniques fondées sur les lois de la physique pure ; fondamentalement, ils utilisent les services d’anthropologues et/ou de politologues. Ces derniers analysent les forces et faiblesses des cibles avant tout déclenchement des opérations. A ce titre, les divisions dévoilées avant et lors de Copenhague ont constitué un signal fort.
2/ La seconde catégorie est constituée d’Etats souverains qui interviennent en deux temps. Dans un premier temps, à partir de fin 2010, il s’est agi d’assécher les liquidités en dollars des banques européennes (cf les déclarations des dirigeants des banques asiatiques puis des banques américaines).
Dans un second temps, il s’agira d’intervenir comme « sauveurs » en rachetant les actifs européens à bas prix et à leurs conditions (cf les déclarations de Gao Xinging, dirigeant du fonds souverain chinois).

Sauf à être partisan des théories du complot, il ne faut pas voir là de connivence entre hedge et Etats mais plutôt d’alliances opportunistes.

 

 

III  - Quelle combinaison de tactiques adopter

1 / Avant de proposer une combinaison de tactiques gagnante, il faut se rappeler deux principes.
Tiré du livre de Qiao Liang et Wang Xiangsui, le premier vise à comprendre la situation : « les nouveaux principes de la guerre consistent à utiliser tous les moyens pour obliger l’ennemi à se soumettre à ses propres intérêts ». En d’autres termes, il faut penser de façon nouvelle, l’initiative du Palais-Royal et les réflexions autour des euro-bonds donnant deux parfaits contre-exemples.
Le second principe est intemporel : « La défaite n’est jamais inéluctable ».

2 / La combinaison de tactiques gagnante se concentre sur la France, pour deux raisons.
La première, mineure, est ma connaissance imparfaite des menées conjointes avec l’Allemagne et les autres dirigeants de l’Union.
La seconde, majeure, est que la France est le véritable centre de l’Europe, plus que l’Allemagne vieillissante et tentée par l’Est. Si la France tombe, l’Union tombera avec elle.

Etat des lieux :
a / Le positif : depuis 2008, la France a riposté de façon inventive et « omnidimensionnelle ».
- politique, ce fut en 2008 la création du Fonds stratégique d’investissement et, demain, le rapprochement de ce même FSI avec la banque Oseo et CDC entreprise ;
- économique : c’est tel leader mondial de l’équipement industriel qui crée une co-entreprise avec un partenaire chinois pour obtenir un financement du gouvernement chinois ou tel dirigeant d’un leader de l’industrie alimentaire qui participe au Forum social mondial pour signifier sa stratégie BoP de conquête de marchés…
- financier : ce sont le lancement des partenariats publics-privés, les titrisations d’obligations privées, en micro-finance et, bientôt, par des entreprises de taille moyenne…
- militaire : ce fut l’aide au départ de Kadaffi (l’utilisation de la puissance militaire est un signal fort aux adversaires).

b / Le négatif  se résume en trois points :
- ces initiatives sont menées de façon dispersée et non coordonnée ;
- l’assèchement des finances nationales, locales et sociales se propage au secteur privé ;
- il manque une vision globale et nouvelle supprimant la dichotomie public/privé.

3 / La combinaison de tactiques à mettre en œuvre a pour objectif le renforcement de l’intérêt public de la France, « ventre » de l’attaque en croissant.
L’intérêt public passe par le développement des partenariats publics privés fondés sur la gestion des impacts sociétaux des activités des entreprises.

Ces actions s’inscrivent dans une architecture de financements innovants qui regroupe entreprises, pouvoirs publics et financiers et supprime l’étanchéité actuelle entre financements pour petits et grands projets.

Cette architecture est bâtie sur 4 piliers : l’identification des besoins ou contraintes posées par les différents types d’acteurs (investisseurs, banques, assurances, entreprises, instances publiques…), le sourcing, la sélection des projets titrisables, et le système de traçabilité.

Les outils existent, notamment les fonds communs de titrisation. Contrairement à la taxation, leur combinatoire préserve la capacité d’action des élus au-delà de leurs fonctions purement régaliennes et donnent des avantages compétitifs aux entreprises.


L’assèchement des liquidités est un leurre :
il faut mobiliser l’épargne placée dans les fonds de retraite et d’assurances.

Pour cela, il faut une volonté politique et une action d’interface qui sorte de leurs logiques internes des acteurs qui s’ignorent les uns les autres.

 

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