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jeudi, 26 janvier 2012

Agrocarburants : vers la fin des subventions ?

 

Aux Etats-Unis, le gouvernement fédéral a tranché : depuis le 1er janiver, les subventions publiques à l'éthanol, carburant fabriqué à partir du maïs, sont supprimées.

Si le crédit d'impôt de 45 cents par gallon -équivalent à 3,8 litres- accordé aux producteurs est supprimé, l'obligation de mélanger l'éthanol à l'essence traditionnelle est maintenue tandis que les droits de douane à l'importation d'éthanol importé sont abolis.
En France, les subventions n'étaient pour l'instant pas remises en cause. Elles le sont aujourd'hui par la Cour des comptes dont le rapport sur la politique d'aide aux agrocarburants de 2005 à 2010 est sans appel. 
Comme aux Etats-Unis, la politique d'aide aux agrocarburants repose sur deux piliers : l'incorporation obligatoire à l'essence ou au diesel tirés du pétrole d'une part, la fiscalité d'autre part.  
Concrètement, une TGAP ou taxe générale pour les activités polluantes a été instituée en 2005 pour sanctionner les distributeurs n'incorporant pas suffisamment d'agrocarburant dans les pompes. Le montant total de la TGAP atteint 100 millions d'euros, qui vont dans les poches de l'Etat mais sont payées intégralement par l'automobiliste, son coût étant répercuté sur le prix de l'essence... En outre, les producteurs d'agrocarburants ont bénéficié sur 5 ans de plus de 2,6 milliards d'euros d'abattement sur la taxe intérieure à la consommation (la TIC, qui a remplacé l'ancienne TIPP).
Le plus comique est à venir : dans son rapport, la Cour des comptes pointe la mauvaise qualité des agrocarburants :  le gazole pour 100 kilomètres parcourus avec du gazole pur, on ne compte que 89 kilomètres avec du « biodiesel » et 69 kilomètres avec l'éthanol incorporé à l'essence... 
Les inspecteurs des finances ont calculé le surcoût d'incorporation : 60 centimes d'euros pour le biodiesel, 2,3 euros pour le bioéthanol... Ce qui donne, sur cinq ans, une dépense supplémentaire de 2,77 milliards d'euros pour les automobilistes, de 0,82 milliards pour les contribuables (ce sont souvent les mêmes) et un gain de 2,65 milliards pour les producteurs...
Parmi ces derniers, les fabricants de bioéthanol ont joué le jeu : 1 milliard d'euros d'investissement dans 5 usines en cinq ans, créant ou maintenant 5 000 emplois agricoles et industriels. En revanche, la filière biodiesel aurait investi moitié moins.
Faut-il en rire ou en pleurer ? Au choix du consommateur qui, à partir de 2012, sera le seul à supporter la politique d'aide aux agrocarburants : soit « 1,1 milliard d'euros sur la période 2011-2012 ». 
Et celà pour une efficacité aléatoire : selon la Cour des comptes, « la réduction de la dépendance énergétique a été limitée et coûteuse » pour une pertinenence environnementale « difficile à mesurer et de plus en plus contestée ».
Coûteuses pour les automobilistes et les contribuables des Etats-Unis ou de la France, ces politiques de gribouille font deux heureux ; outre les producteurs locaux, le Brésil numéro un mondial de l'éthanol qui vient de débloquer 2,2 milliards de dollars pour soutenir son industrie.

 


 

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