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mercredi, 16 décembre 2009

Dette publique : comprendre les enjeux

Le grand emprunt inquiète les marchés ... et les contribuables concernés ; après celle de la Grèce, la dégradation de la note de la dette publique espagnole fait craindre le pire pour l'euro.

Comment comprendre les enjeux qui se cachent derrière les chiffres, vertigineux ?
D'abord, il faut rappeler les faits : la dette publique -c'est-à-dire celle des Etats- a explosé à la suite de la crise financière puis économique de 2008. Des pays naguère considérés comme sûrs figurent désormais au rang des suspects.
Ensuite, il faut se souvenir de l'originalité de la dette souveraine par rapport aux autres dettes, celles contractées par les entreprises ou les particuliers : elle est le fait du seul agent économique -l'Etat- qui a le droit de lever des impôts, autrement dit d'augmenter sa richesse en la prélevant sur celle des autres. En cas de défauts de paiement répétés puis d'incapacité à honorer ses remboursements, l'entreprise sur-endettée sera contrainte par ses créanciers à déposer son bilan ou le particulier à vendre ses biens ; en revanche, l'Etat pourra toujours arguer de sa légitimité à hausser les impôts, le seul risque étant celui de devoir payer des intérêts d'emprunts plus élevés. L'Etat ne peut donc être mis en faillite.
Enfin, il faut connaître les ratios qui permettent d'appréhender l'ampleur des dettes. Le plus habituel est le rapport entre la dette publique et le PIB. Pour les 30 pays de l'OCDE, qui créent près des 4/5èmes du PNB mondial, ce ratio était de 57 % en 2007. Il devrait atteindre 80 % en 2010. Il s'agit là d'une moyenne : 3 Etats de l'OCDE sont de longue date considérés comme trop endettés : le Japon, depuis 20 ans déjà, avec une dette publique qui passera de 167 % de son PIB en 2007 à 200 % en 2010 ; viennent ensuite l'Italie et la Grèce.

Maintenant, comment la crise a-t-elle détérioré les finances publiques des pays de l'OCDE ?
Trois typologies se dessinent. La première rassemble les Etats parcimonieux et qui ont continué à contrôler leurs postes de dépenses, par exemple l'Australie ou le Luxembourg ; dans la deuxième typologie, on trouve les Etats faiblement endettés avant la crise mais que la crise a fait plonger dans le surendettement, tels le Royaume-Uni et l'Irlande, contraints de sauver leur système bancaire (l'Angleterre a consacré le quart de son PIB au sauvetage des banques) ; enfin, dans le troisième type, on rencontre les Etats déjà lourdement endettés mais dont la détérioration du ratio dette/PIB a été -relativement- faible, tels l'Italie, la Belgique ou la Grèce.
Dans l'ensemble, la détérioration a été violente : 20 % de hausse en 2 ans pour la dette publique dans l'OCDE, un rythme inobservé dans le passé sauf en cas de guerre... mais sans doute faut-il tenir compte de la guerre de l'Irak où, parmi les 49 Etats coalisés derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni, sont parties prenantes plusieurs des grands pays de l'OCDE.

Cette détérioration est-elle tenable sur le long terme ?
Non bien sûr. D'abord parce que le remboursement de la dette étouffe la reprise économique et, surtout, handicape l'avenir : les capitaux payés aux créanciers du passé sont autant de capitaux retirés de l'investissement. Ensuite parce que le vieillissement de la population provoque une dérive structurelle des dépenses de santé et de retraite. Selon le FMI, le coût budgétaire de la démographie des pays de l'OCDE est dix fois supérieur à celui de la crise actuelle. Pour répondre aux besoins créés par cette nouvelle donne démographique, les Etats doivent impérativement se désendetter.

Est-il possible de redresser les comptes publics ?
Oui bien sûr. Les moyens sont connus : rétablir l'équilibre budgétaire et, ensuite, obtenir une croissance économique suffisante pour que son taux soit supérieur à celui de l'intérêt payé sur la dette publique (1 % en moyenne sur les trente dernières années). Ces moyens ont déjà été mis en oeuvre dans un passé récent. Dès le début des années 90, la Scandinavie a inversé son déficit budgétaire pour parvenir à un solde positif près de dix ans de suite.

La grande crise actuelle peut-elle s'aggraver ?
Oui bien sûr. La conjoncture est moins porteuse que celle de la décennie 90. Les gouvernements de l'OCDE n'ont d'autre choix que de poursuivre, ou reprendre très vite, la voie des hausses d'impôts et des restrictions des dépenses publiques. Déjà, ils se préparent à des crises sociales.
Ces difficultés à surmonter rendront alors peu supportable le différentiel de situation entre la Chine et le reste du monde. L'empire du Milieu profite d'une sous-évaluation de sa monnaie qui s'apparente à un soutien déguisé à son économie. Tant que les ménages américains vivaient à crédit pour compenser la faiblesse de leurs revenus, les Etats-Unis et l'Europe fermaient les yeux. Aujourd'hui, la faiblesse du yuan est devenue, au sens propre, insupportable aux finances des Etats de l'OCDE.

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