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lundi, 17 mai 2010

Qui veut la mort de l'Europe

"La guerre financière est une forme de guerre non militaire qui se révèle tout aussi gravement destructrice qu'une guerre sanglante, même si aucune goutte de sang n'est versée. La guerre financière occupe désormais officiellement la scène qui, depuis des milliers d'années, n'avait été occupée que par des soldats et des armes, du sang et des morts". Ces phrases figurent dans l'essai La guerre hors limites, publié en 1999 et écrit par les deux officiers de l'Armée chinoise Qiao Liang et Wang Xiangsui qui ont analysé les nouvelles formes de la guerre apparues après la première Guerre du Golfe et, notamment, la crise financière et monétaire de 1998. 
Douze ans après les pays du Sud-Est asiatique et la Russie, l'Union européenne se trouve à son tour près d'être dévastée.
Bien sûr, l'attaque est d'autant plus aisée que la proie est faible. Depuis septembre dernier, lorsque le Parlement allemand a adopté le traité de Lisbonne en le vidant de sa substance au motif, réel, de son manque de démocratie, l'Union européenne est entrée en agonie. Celle-ci a été précipitée par l'échec du sommet de Copenhague. L'Union l'avait conçu comme une arme de défense contre la puissance émergente des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), l'alliance Chine-Etats-Unis a déjoué ses plans d'autant plus facilement que les Etats européens allaient à la bataille en ordre dispersé : rappelons-nous l'opposition de l'Italie, du Royaume-Uni ou de la Pologne aux conceptions de la France et de l'Allemagne.

Aujourd'hui, ce sont les dettes des Etats européens qui sont dans la ligne de mire. Du strict point de vue financier, cela devrait étonner. N'y aurait-il pas mieux ailleurs ? Mais peu importe que le Japon ait un ratio dette/PNB de 200 %, bien supérieur à celui de la Grèce, que les finances du Royaume-Uni soient plus délabrées que celles des Etats du continent ou que les Etats-Unis eux-mêmes ne tiennent que grâce au bon vouloir de la Chine. C'est l'Europe qui doit être mise au tapis. Et elle y va rapidement. Après les PIGS (Portugal, Irlance, Grèce et Espagne), c'est au tour de la France de subir des coups de bélier. Officiellement, les raisons avancées s'appuient sur le déficit structurel de l'Etat dont les dépenses représentent 56 % du PIB (chiffres 2009), un niveau inégalé dans  l'OCDE, Suède et Danemark exceptés. Pourquoi alors ces deux pays que leur petite taille devrait, normalement, rendre plus vulnérables, restent-ils à l'écart des offensives financières ? Parce qu'ils sont de peu de poids dans la course à la suprématie économique mondiale que se livrent la Chine et les Etats-Unis. La France représent ncore un danger : elle avait fortement contribué au réglement de la crise géorgienne, à la création d'un G 20 plus respectueux du nouvel (dés-)équilibre mondial et, par sa présence en Afrique, entrave les ambitions chinoises en matière de contrôle des terres agricoles et des champs de matières premières.

Le problème majeur pour la France ne repose pas dans ses déséquilibres financiers, même si le danger que représentent ces derniers ne doit pas être minimisé. Il réside dans son appartenance à une Europe désunie que symbolise la scission rampante de la Belgique, siège des principales autorités européeennes, à une Europe qui a oublié l'origine de sa force : le pouvoir démocratique. Les peuples n'ont plus voix à la parole. Que la Commission européenne, inaudible et inefficace dans la crise actuelle, ose demander à examiner les budgets des Etats à la place des Parlements prouve la décadence de l'Europe. Ses pires ennemis sont en son sein, pas à l'extérieur.

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