jeudi, 24 février 2011
Le Maghreb, la planète, le pétrole et le blé
Libye et Bahrein : dans le monde arabe en quête de liberté, ces deux pays sont ceux dont les désordres risquent de provoquer le plus de réactions en chaîne dans l'économie mondiale. Le hic est qu'ils sont aussi ceux où la possibilité d'une transition en douceur est la plus faible.
Au bord du gouffre de la guerre civile, la Lybie produit 1,69 million de barils de pétrole par jour, dont 85 % sont exportés vers l'Europe (chiffres IAE). Or, depuis trois jours, les exportations sont arrêtées. Si l'on inclut dans la production de pétrole celle du gaz, dite « équivalant pétrole », l'Irlande est l'Etat le plus dépendant de la Libye : 23,3 % de ses importations d'huile viennent de ce pays. Elle est suivie par l'Italie (22 %), l'Autriche (21,2 %), la Suisse (18,7 %), la France (15,7 %) et l'Allemagne (14,6 %).
Avec la sécession de fait de la Cirénaïque à l'est du pays, le risque politique s'est accrû puisque près de 60 % des exportations libyiennes passent par les terminaux de la région, Es Sider, Marsa el Brega, Ras Lanouf, Tobrouk et Zouetina...
Quant au petit émirat du Bahrein, ce n'est pas sa très faible production d'hydrocarbures qui pose problème mais bien sa situation. Sur l'archipel au sud-est de l'Arabie saoudite, il est à même de contrôler, avec le sultanat d'Oman et l'Iran, l'accès au canal de Suez par lequel passent 5 % de la production mondiale de pétrole. Si elle tombait, la monarchie d'Hamad ben Issa el-Khalifa risquerait de laisser la place à un régime proche de l'Iran. En effet, la population, citoyenne à 46 % seulement, est majoritairement chiite alors que les dirigeants sont sunnites, tandis que les Iraniens représentent la majorité des habitants de l'émirat.
Dans cette période d'incertitudes, riche de promesses mais aussi de risques, on comprend que le cours du pétrole est atteint aujourd'hui les 120 dollars le baril de brent (pétrole d'Afrique et du Proche-Orient, différent du WTI, pétrole du Texas et d'Amérique).
Les conséquences ? Elles sont de deux ordres. D'abord, la croissance des pays dits émergents risque de ralentir du fait de la cherté des prix de l'huile, ce qui aura des impacts négatifs sur l'ensemble de l'économie mondiale. Ensuite, la cherté durable du pétrole va -c'est déjà fait- se répercuter sur les cours des autres matières premières, notamment le blé ou le cuivre et alimenter l'inflation.
Enfin, l'envolée du prix de l'huile devrait relancer les énergies renouvelables, notamment la recherche et développement autour de la voiture électrique.
Mais cette perspective favorable n'est que pour après-demain. D'ici là, le retour de l'inflation appauvrit les populations. Déjà, l'Inde est secouée par les émeutes de la faim.
10:52 Publié dans La finance, vous pigez ? | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
kaddafi fait toujours partie du maghreb lol ?
Écrit par : chien | lundi, 12 septembre 2011
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