lundi, 16 mai 2011
Derrière les dettes grecque et portugaise, l'exposition des banques françaises et allemandes
Pour l'Eurogroupe/Ecofin qui se tiendra ces lundi et mardi, les discussions seront serrées. L'arrestation la veille à New York du directeur général du Fonds monétaire international, absent des débats, ne fera qu'ajouter aux tensions.
A l'ordre du jour, l'aide aux deux pays européens actuellement sur la sellette.
Le Portugal d'abord : il s'agit de fixer les modalités du plan d’aide, d'un montant de 78 milliards d'euros, dont 52 à la charge de l'Europe, le reste à celle du FMI. L’accord final reste cependant suspendu aux élections législatives du 5 juin.
Ensuite, la Grèce : après le premier plan d'aide financière, d'un montant de 110 milliards d'euros consenti l'an dernier, il était prévu que l'Etat se finance sur les marchés à partir de 2012, hypothèse irréalisable, en raison de la dette accumulée au fil des ans, de 143 % du PIB l'an dernier, et des faibles perspectives de croissance.
Les ministres de l'économie et des finances de l'Europe vont donc demander à la Grèce un nouvel effort en termes de réduction des déficits et de privatisations, en échange d'un apport de 60 milliards sur deux ans d'argent frais.
Si l'Europe se soucie tant d'un petit pays de l'eurozone, ce n'est pas par solidarité mais par intérêt bien senti. En effet, les banques allemandes et françaises ont prêté inconsidérément à l'Etat grec. Leur exposition est estimée à 70 et 92 milliards de dollars respectivement, tandis que la Banque centrale européenne détiendrait 40 milliards de dette grecque, soit 15 % du total, et aurait refinancé la Grèce pour quelques 95 milliards d'euros.
Une défaillance de l'Etat grec, sous forme de défaut par exemple (non remboursement d'un emprunt) aurait donc des conséquences gravissimes pour une Europe encore fragile.
La facture de la crise financière de 2008 n'est donc toujours pas soldée. Ce sont les citoyens européens qui la paient en termes d'atonie économique, de diminution des services publics et de montée du populisme. Les acteurs à l'origine de cet hubris sont, eux, toujours à l'abri.
10:37 Publié dans La finance, vous pigez ? | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.