vendredi, 04 novembre 2011
Les propositions du rapport Gates au G 20 de Cannes
« Mettre à profit l'impact de l'innovation pour financer le développement du 21ème siècle », tel est le titre du rapport remis aux dirigeants du G 20 réunis à Cannes. Il a été établi par la fondation de Bill & Melinda Gates.
Nous vous en donnons la synthèse ci-dessous.
Mettre à Profit L’Impact de l’innovation Pour Financer le Développement du 21ème Siècle
La position du G20 est extrêmement importante à l’heure actuelle. La situation économique mondiale se révèle aussi fragile qu’au cours des 50 dernières années. Vous, dirigeants du G20, devez répondre à une question complexe : comment résoudre la crise actuelle tout en continuant à investir judicieusement dans la croissance à long terme et dans l’amélioration des conditions de vie ?
Au cours de ma vie, les innovations dans les domaines de l’entreprise, de la science et de la technologie ont stimulé l’économie de marché mondiale comme jamais auparavant. L’économie mondiale est 500 % plus importante qu’en 1960. Des groupes entiers de pays jusqu’alors en marge sont devenus de véritables moteurs de croissance. Beaucoup pensent que cette réussite relève du miracle.
Ce pas en avant a profité à chacun et pas seulement aux plus riches. Vous pouvez constater cette progression en vous penchant sur la hausse du Produit Intérieur Brut (PIB) de nombreux pays du monde entier, sur la chute du taux de pauvreté et sur d’autres indicateurs de la qualité de vie qui figurent dans les Objectifs du millénaire pour le développement, établis par les dirigeants internationaux en 2000 et acceptés par toutes les nations du G20.
Ces 50 dernières années, un milliard de personnes ont échappé à la famine grâce aux progrès agricoles. La santé a, elle aussi, progressé de façon spectaculaire avec l’apparition d’innovations comme les vaccins. En 1960, 20 millions d’enfants de moins de 5 ans ont trouvé la mort. En 2010, moins de 8 millions d’enfants de moins de 5 ans sont décédés. La population mondiale a plus que doublé pendant cette période, ce qui signifie que le taux de mortalité a diminué de plus de 80 %. La générosité des aides a joué un rôle important dans ces résultats.
Grâce aux dons, la mortalité infantile a baissé de manière spectaculaire et peut encore baisser
En multipliant les interventions sanitaires de base, nous pouvons empêcher le décès de 27 millions d'enfants d'ici 2025
Vaccins + prévention et traitement du paludisme + traitement de la diarrhée et de la pneumonie + bonnes pratiques de soin des nouveau-nés.
Malgré la crise économique actuelle, je suis optimiste et convaincu que nous pouvons compter sur la générosité et les innovations qui ont su faire leurs preuves par le passé. Les pays capables de contribuer aux ressources pour le développement n’ont jamais été aussi nombreux. Le nombre de personnes en mesure de favoriser l’innovation est bien plus élevé qu’hier. C’est pour toutes ces raisons que je suis convaincu que nous pouvons bâtir une nouvelle ère dans le développement.
Dans ce rapport, j’évoque les investissements sur le long terme et les partenariats qui, je crois, nous permettront de rester sur la voie de la croissance économique et d’une meilleure équité.
Au début de ce rapport, je décris l’importance primordiale de l’innovation. Les innovations majeures, comme les semences et les vaccins inédits, et les nouvelles stratégies permettant aux plus pauvres d’en bénéficier, peuvent multiplier l’impact des ressources que nous consacrons déjà au développement. Nous avons changé beaucoup de choses mais nous pouvons améliorer les outils de développement de base en baissant leur prix, en simplifiant leur utilisation et en les rendant plus efficaces, ou en inventant de tout nouveaux outils.
L’une des dernières ressources pour le développement, et l’une des plus révolutionnaires de par son potentiel, fait rapidement progresser la capacité d’innovation des pays. Les nations comme le Brésil, la Chine, l’Inde et le Mexique bénéficient d’une position favorable pour travailler en étroite collaboration avec les pays pauvres, car elles possèdent une expérience récente dans la réduction de la pauvreté, et font preuve de prodigieuses capacités techniques. L’alliance unique de tous ces atouts leur donne les idées et les compétences nécessaires pour mettre au point des outils révolutionnaires en faveur du développement. Je suis particulièrement enthousiaste face aux possibilités de « partenariats triangulaires » parmi les pays à forte croissance, les donateurs traditionnels et les pays pauvres, car ils utilisent les avantages comparatifs de nombreux pays différents.
Au bout du compte, développer les ressources intérieures des pays constituera la plus grande source de financement pour le développement. Pour porter au plus haut l’impact de ces ressources, les pays pauvres doivent générer plus de revenus, les utiliser pour des secteurs prioritaires comme l’agriculture et la santé (nombre d’entre eux se sont engagés à le faire) et, conformément à l’initiative des pays du G20 qui furent à l’origine de l’évaluation de l’impact, les pays pauvres doivent mesurer la rentabilité de leurs programmes. Pour être capables d’aider les pays pauvres à générer davantage de revenus, les pays du G20 sont face à une possibilité importante : approuver les exigences de transparence juridiquement contraignantes pour les compagnies minières et pétrolières cotées en bourse afin de garantir la bonne gestion des ressources naturelles.
Parallèlement, les donateurs traditionnels doivent prendre certaines mesures pour respecter leurs engagements à l’égard des aides promises et verser leur contribution de façon stratégique. Si ces pays tiennent leur promesse, une manne de 80 milliards de dollars supplémentaires sera obtenue chaque année, à compter de 2015. Au fil du temps, l’Aide Publique au Développement (APD) a eu un immense impact et elle continuera à jouer un rôle majeur dans le développement, aux côtés de toutes les nouvelles ressources que j’évoque. Une aide réfléchie réduit immédiatement la pauvreté et accélère les progrès des pays pauvres jusqu’au moment où ils n’en ont
plus besoin. Les budgets d’aide sont soumis à d’énormes pressions, en raison du climat économique. Toutefois, cette aide ne représente qu’une toute petite part des dépenses des gouvernements. Le monde n’équilibrera pas ses budgets en réduisant les fonds d’aide, mais il provoquera des dommages irréversibles pour la stabilité internationale, le potentiel de croissance de l’économie mondiale et pour les ressources des personnes les plus démunies qui se chiffrent en millions aujourd’hui. Dans ce rapport, j’inclus des propositions fiscales que les pays du G20 devraient examiner et qui leur permettraient de respecter leurs engagements en matière d’aide, et pourraient, à terme, être développées.
Enfin, j’aborde une dernière question : comment impliquer davantage le secteur privé dans le développement ? L’homme d’affaires que je suis pense que le marché libre stimule la croissance. Malheureusement, il arrive bien souvent que le marché ne réponde pas aux besoins des plus pauvres. Cependant, nous pouvons faire des choses relativement simples pour encourager les investissements privés dans le développement. Par exemple, les pays du G20 pourraient faciliter le système pour les fonds d’infrastructure, avec pour moteur les fonds souverains, afin d’assurer un impact sur le développement et réaliser des bénéfices. Je recommande également de mettre à profit les fonds des diasporas en émettant des obligations, en réduisant le coût des envois de fonds et en instaurant des procédures d’incitation pour encourager les investissements privés dans le développement.
Une fois tous ces éléments réunis, je pense que vous commencez à comprendre pourquoi le Sommet du G20 est un événement prépondérant et propice pour aborder la question du développement. Nous pouvons mettre de côté nos précédentes catégories d’aide, par opposition aux investissements privés et aux dépenses intérieures. Les pays du G20 peuvent actionner tous ces leviers à la fois, afin d’offrir au monde une approche plus globale et plus coopérative que jamais, destinée à améliorer la vie des populations démunies.
09:48 Publié dans La finance, vous pigez ?, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
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