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vendredi, 13 janvier 2012

Le grand opéra-comique de Standard & Poor’s, avec, en guest stars, l’Europe, le FESF et les assureurs

Standard & Poor’s, l’agence de notation américaine, dégrade aujourd’hui la note des emprunts émis par 9 états européens : pour l’Autriche, la France, Malte, la Slovénie et la Slovaquie, l’appréciation diminue d’un cran, de AAA à AA. La dette souveraine française vaut AA +, avec perspective négative, c’est-à-dire qu’une autre dégradation est dans les tuyaux. Quatre autres états - Chypre, Espagne, Italie et Portugal- sont sanctionnés plus durement, avec un recul de 2 crans, soit une note revenue à A.

Au-delà des états, la dégradation des dettes souveraines européennes affectera celles du Fonds européen de stabilité financière. Lui aussi devrait perdre son AAA, la France apportant 21,8 % de ses garanties. Déjà à peine suffisants, les moyens d’intervention du seul mécanisme opérationnel que l’Europe ait pu construire se retrouveront-ils encore amoindris ?
Non, parce que ces baisses ne devraient pas affecter le placement des futures obligations souveraines sur les marchés : traditionnellement,  ils réagissent positivement aux mauvaises nouvelles lorsqu’elles sont attendues de longue date.

Ainsi, le Trésor italien a pu placer, dès cette semaine, des emprunts d’une durée de trois ans à un taux moyen comparable à celui de septembre dernier, soit 4,83 % contre 5,62 % en début de mois… Le placement de la dette française lundi prochain fera figure de test mais nous prenons déjà le pari qu’il sera positif.
De fait, l’analyse des conséquences des dégradations pour les banques et les compagnies d’assurances illustre bien le ridicule du psycho drame que les gouvernements européens se sont eux-mêmes infligé.

Si nous prenons ces acteurs financiers c’est parce qu’ils sont grands consommateurs de dette souveraine, naguère le placement le plus sûr des marchés. Les process de dégradation et de rehaussement des notes des crédits obéissent à des méthodologies à la fois détaillées et contradictoires. Dans la réalité économique, une banque ou un assureur contrôlé par l’Etat devrait avoir une note de crédit supérieure à celle de ses concurrents indépendants puisqu’il bénéficie d’un soutien de la puissance publique. Même si les moyens financiers de cette dernière diminuent, ils n’en sont pas moins supérieurs à ceux de tout autre acteur économique, ne serait-ce que parce que l’Etat dispose d’un moyen de coercition unique : la levée d’impôt.
Ainsi, le process de dégradation de Standard & Poor’s entraînera une baisse quasi automatique des notes de la Banque postale et de la Caisse des Dépôts et Consignations en raison de leur statut de « Gouvernment related entity » sans que la condition financière effective de ces deux entités n’ait bougé. Le même traitement sera réservé à l’assureur CNP en raison du contrôle para-public de son capital (CDC-BanquePostale-BPCE) tandis que les dettes dAxa et Groupama (ce dernier pourtant en difficultés financières du fait d’une trop grande exposition à la dette grecque) ne seront même pas examinées.
En ce domaine, les vraies questions restent à poser : pourquoi les Etats ont-ils accepté de placer l’exercice de leur souveraineté financière sous le contrôle des agences de notation ? quels sont les forces en lice derrière l’écran de fumée des dégradations ?

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