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vendredi, 30 mai 2014

Les salariés actionnaires, une exception française

Près d'un Français sur deux travaillant dans une entreprise cotée en Bourse en est actionnaire. 47,2 % exactement, alors que, en Europe, un quart seulement des salariés de sociétés cotées sont actionnaires. Sur 5,7 millions d'actionnaires salariés européens, 3,5 millions sont donc des Français.
Leur rôle n'est pas négligeable : selon l'étude menée par le cabinet Debory Eres, 3,7 % de la capitalisation boursière est entre les mains des salariés. Ainsi, dans les offres en cours autour des entreprises de sociétés informatiques -Sopra, Steria, Bull et Atos, le rôle des actionnaires salariés semble crucial. Ceux de Sopra et Steria se sont montrés favorables à la fusion entre leurs entreprises mais, lorsque Atos, lui-même en train de lancer une OPA sur Bull, a proposé la botte à Steria, ce dernier a refusé. La raison ? Les salariés de ce dernier, propriétaires de presque 23 % du capital de leur entreprise s'y opposent, en raison des risques en termes d'emploi que génèrerait un rapprochement avec Atos.
Ainsi, le poids des actionnaires salariés est crucial dans le cas d'offres hostiles. On se rappelle que la Société générale avait échappé à l'offre de BNPParibas grâce à la mobilisation de ses salariés. Aujourd'hui encore, l'association des salariés actionnaires d'Orange -l'ASSGO- jouit d'un rôle actif dans l'appréciation de la stratégie menée par la direction. Après l'assemblée générale de l'opérateur télécom, elle donne ainsi son opinion sur la distribution des dividendes : « Décisions qui respectent un bon équilibre entre la redistribution des bénéfices aux actionnaires, en particulier aux actionnaires salariés, et les marges de manœuvre nécessaires pour participer activement à l’inéluctable consolidation du secteur des télécommunications et maintenir un haut niveau d’investissement ».
Les salariés ont confiance dans leur management : ils achètent leurs actions majoritairement au cours d'une augmentation de capital et versent 4 520 euros en moyenne. Ils sont il est vrai grandement aidés par les entreprises qui, souvent, contribuent à la constitution de leur épargne même si le forfait social imposé en 2012 sur l'abondement, de 8 % à 20 % contre 6 % en 2011, a freiné la « générosité » de ces dernières.
Projet gouvernemental en cours
La présentation de l'étude de Debory Eres intervient un peu plus d'un mois avant la discussion au Parlement d'un nouveau dispositif pour l'épargne salariale.
Le projet du gouvernement dépasse la problématique de l'actionnariat salarié. Il s'agit d'élargir aux entreprises de moins de 50 salariés la possibilité d'offrir aux salariés des plans d'épargne en cash, qui sont en fait de la rémunération différée. Rappelons que 17 % seulement des salariés d'une entreprise de moins de 50 personnes bénéficient d'un dispositif d'épargne salariale (Plan d'épargne entreprise, Perco ou intéressement), contre 94 % de ceux travaillant dans un groupe de plus de 500 salariés et 74 % de ceux dans une entreprise de 50 à 500 salariés.
Dans ce cadre, Debory Eres est favorable à ce que les entreprises de vingt à cinquante salariés ouvrent obligatoirement des négociations pour la mise ne place d'un accord de participation ou d'intéressement dans les sociétés de 20 à 50 salariés, mais sans imposer de montant minimum. De tels plans seraient bonifiés par un crédit d'impôt de 30% sur les sommes versées pendant 3 ans.
De son côté, Stéphane Huillet, fondateur du cabinet MCR Groupe, regrette que le Conseil d'orientation de la participation ne soit pas associé à la réflexion menée par le gouvernement. Il plaide pour le retour à un forfait social de 6 % à 8 % et pour une simplification et une stabilisation des dispositifs de l'épargne.
Au vu des décisions prises ces derniers mois, on ne peut que regretter qu'il s'agira sans doute d'un voeu creux.

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