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mercredi, 17 août 2011

Merkel et Sarkosy ne colmatent même pas les brèches d'une Union mourante

A l'issue de la réunion entre Angela Merkel, chef du gouvernement allemand, et Nicolas Sarkosy, chef d'Etat français, les 6 grandes mesures annoncées se révèlent décevantes. D'abord parce que leur application réelle est plus que soumise à caution ; ensuite parce qu'il n'est nulle part fait mention de la croissance économique.

1 / Voyons ces 6 mesures :
- créer un gouvernement économique pour les 17 pays de la zone euro, dirigé par un président pendant 30 mois au moins,
- limiter à 4,6 % du PIB, d'ici l'été 2012 au plus tard, les déficits budgétaires,
- conditionner l'aide « structurelle » de l'Union à la maîtrise des déficits budgétaires,
- instaurer une taxe sur les transactions financières dans la zone euro,
- adopter un « impôt sur les sociétés » harmonisé entre la France et l'Allemagne,
- fonder sur les mêmes hypothèses économiques l'établissement des budgets français et allemands.

2 / Analysons ce 6 mesures :
- le gouvernement économique : un gouvernement non soumis à la surveillance des élus du peuple ne peut avoir de légitimité, ni populaire ni internationale ; Herman van Rompuy, nom de l'actuel président, de l'Union avancé par Merkel et Sarkosy, n'a fait jusqu'ici preuve d'aucune initiative ni idée force pour sortir l'Union de ses difficultés.
- limiter les déficits budgétaires : pourquoi pas, mais à quel prix ? celui de la récession. Nous y reviendrons plus bas.
- lier à la discipline budgétaire le paiement des fonds structurels européens (347,7 milliards d'euros pour 2007-2013), destinés aux états dont le PIB est égal à moins de 75 % du PIB moyen, me paraît souhaitable. Problème : l'Union sera bientôt présidée par la Pologne, principal bénéficiaire de ses fonds. Qui croira une minute qu'elle sacrifiera « cet acquis communautaire » ? 
- taxer les transactions financières : cette Arlésienne aurait dû être imposée en 2008, au plus fort de la crise financière, en soumettant le sauvetage des banques à la création d'une telle taxe, au niveau mondial. De toute façon, jamais l'Angleterre ne l'acceptera, et elle n'est pas le seul pays à s'y opposer.
- harmoniser la fiscalité des entreprises en France et en Allemagne : personne n'y croit et pas même ses promoteurs qui évoquent une étude de faisabilité en 2012 pour une application « éventuelle » en 2013.
- utiliser les mêmes hypothèses pour les budgets : ça ne mange pas de pain mais ça ne résout en rien les problèmes actuels : attaques contre les Etats centrées sur leurs dettes souveraines, replongée en récession.

3 / Le retour de la récession indiffère les dirigeants :
- au deuxième trimestre, la croissance économique de la zone euro s'est rétractée jusqu'à 0,2 %, après un petit 0,8 % sur les 3 premiers mois de l'année. Les chiffres donnés par Eurostat, office européen des statistiques, le prouvent : jusqu'ici limitée aux pourtours de la zone euro, la récession s'approche de son coeur. En France, le taux de croissance est nul, aux Pays-Bas et en Allemagne, il a chuté à 0,1 %.
- la responsabilité de la Banque centrale européenne ne peut être écartée dans ce mauvais scénario : elle a deux fois relevé ses taux directeurs au cours du deuxième trimestre 2011.
- le 24 août prochain, le gouvernement Fillon annoncera le montant des prélèvements fiscaux supplémentaires, entre 5 et 10 milliards d'euros. 

4 / L'Union monétaire européenne a vécu :
La probabilité de cette hypothèse se renforce semaine après semaine.
Il serait facile d'en imputer la responsabilité aux « spéculateurs ». Ce serait oublier que ces derniers ne cherchent qu'à s'enrichir. S'ils attaquent les dettes souveraines, c'est qu'ils estiment avoir de hautes probabilités de réussite.
La responsabilité de l'effritement de la zone euro incombe aux dirigeants européens des 20 dernières années. Eux seuls ont trahi, depuis Maastricht, l'idéal qui avait présidé aux fondations de l'Union. 

 

 

 


 

 

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