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mardi, 31 janvier 2012

Quel financement pour les entreprises de taille moyenne ?

Ce matin 31 janvier, la Société française des analystes financiers  et le Club des marchés financiers présentaient les résultats d’une enquête sur les sociétés cotées en Bourse de taille moyenne. Un sujet dans l’air du temps car l’assistance était nombreuse dans l’auditorium de la société d’investissement Oddo & Cie, à Paris.

Un sujet qui tient également à cœur à la SFAF : « pour son cinquantenaire, fêté la semaine dernière, le financement des « valeurs moyennes » a été défini comme l’un des axes stratégiques de la SFAF », a souligné sa présidente Marie-Pierre Peillon.


DES SOCIETES COTEES INSATISFAITES  

259 sociétés cotées à Paris, au chiffre d’affaires compris entre 4 et 1600 millions d’euros, ont été interrogées sur leur accès au financement entre le 2 et le 26 octobre dernier. Le taux de retour, de 15 %, donne un éclairage intéressant.
Si la présence en Bourse est jugée comme bénéfique par 72 % des sondés en terme d’accès au financement, la chute des cours de Bourse depuis 3 ans a des conséquences négatives sur leur capacité de financement : elle ne leur permet pas de lever des capitaux à court terme.

On ne s’étonnera donc pas que les emprunts bancaires soient considérés comme le moyen privilégié de financement de projets pour 30 % des entreprises, devant les augmentations de capital (12 %), les émissions obligataires et l’auo-financement. Il est manifeste, a souligné la présidente du Club des financiers Marie-Agnès Nicolet qu’elles n’ont pas anticipé les resserrements de crédits qui seront créés par Bâle III. Rappelons que l’expression Bâle III, du nom de la ville suisse, recouvre les réglementations imposées aux banques européennes en termes de fonds propres : à partir de juin 2012, elles devront adopter des ratios de fonds propres sur bilans plus stricts et donc plus contraignants en termes d'octroi de crédit. 

Autre sujet de mécontentement pour les sociétés cotées, la cherté de la cotation en Bourse, à l'introduction surtout mais aussi durant la vie boursière. Ainsi, le budget annuel des cotisations obligatoires pour les sociétés cotées (AMF, Euronext…) s'étage entre 4 000 à 200 000 euros tandis que le budget annuel de communication financière se situe entre 15 000 et 500 000 euros. Autre exemple, le maintien en normes IFRS qui nécessite entre 10 000 et 200 000 euros par an.Toutes les entreprises n’ont pas de contrats de liquidité : pour celles qui en ont, 33 % considèrent que cela permet une meilleure stabilité des cours et 26 % qu’il augmente la liquidité du titre.

Plus inquiétante, l'appréciation sur les services apportés par la Place financière de Paris. Nyse-Euronext, chargée de l’organisation de la Bourse française, l’AMF, en charge de sa surveillance, pourraient se remettre en cause : les relations sont jugées distantes (47 %) voire inexistantes (29 %) avec les institutions de Place. 
Les attentes des entreprises sont de 3 ordres : la promotion des sociétés cotées, la visibilité et suivi avec une communication plus soutenue vers les investisseurs et, enfin, un focus sur les petites et moyennes valeurs.
Aussi 16 % des entreprises sondées envisagent-elles de sortir de la Bourse. Une velléité freinée par les difficultés réglementaires et le coût d’un retrait de la cote.

 

PAS DE CREDIT CRUNCH EN FRANCE

Gérard Rameix, médiateur du crédit, est ensuite intervenu pour faire le point sur les besoins de financement des entreprises de taille moyenne ou intermédiaire -PME et ETI. La teneur de son exposé était plutôt rassurante.

1 / Les PME et ETI françaises n’ont pas de manque criant de fonds propres. Il s'agit là d'une idée reçue, issue des années 90. Les fonds propres rapportés au total de bilan sont passés de 30 % fin 90 à 37-38 % aujourd’hui et se sont maintenus durant la crise. 

2 / De 2008 à 2009, le credit crunch a été évité : en valeur absolue, les encours de crédits sont restés stables, contrairement à ce qui s'est passé dans plupart des pays européens. Il n’y avait donc pas frein global du crédit à l’expansion, l'accès au crédit bancaire moins onéreux et plus facile en France qu’en Europe.
Ensuite, à partir de juillet 2011, les attaques en Bourse sur les valeurs bancaires, la crise des dettes souveraines européennes, les obligations Bâle III pour juin 2012 ont restreint l’accès au crédit mais, dans le même temps, la demande a reculé.
3 / « Les interrogations véritables qui assombrissent le tableau de l'accès au financement » sont à chercher ailleurs, a affirmé Gérard Rameix.
Les banques françaises qui n'ont pas de problèmes de fonds propres affrontent aujourd'hui un autre modèle d'activité, qui les amènera à plus de sélectivité dans l'utilisation de ces derniers. 
Globalement, le système financier pêche au niveau de l'amorçage (financement des nouvelles entreprises) et à celui du financement des entreprises « gazelles » (bonnes en innovation mais à développer et mettre vite sur le marché). Cela tient à un manque de puissance de l’alliance capital-risque / financement bancaire / financement long, en actions ou en titres de dette.
Surtout, il faut distinguer le financement des PMI de celui des PME. Depuis 12 ans, ces dernières se sont désendettées de façon spectaculaire, avec ratio d'endettement sur fonds propres ramené à 10 % contre 40-50 %. Loin d'être vertueux, ce recours à l'autonomie financière témoigne de la désindustrialisation du tissu économique français : baisse des effectifs, stagnation ou recul du CA, baisse de l’investissement...
Pour conclure, Gérard Rameix a souligné : « les questions de financement sont secondes par rapport aux questions de compétitivité et de stratégie. Les problèmes réels résident dans l’atrophie et l’atonie des entreprises ».

Les exposés ont été suivis par un débat entre la salle et les intervenants. Le débat a notamment porté sur le recours aux emprunts obligataires, encore trop marginal.

 

 

 

 

 

 

 

 

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