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dimanche, 14 septembre 2014

Un drôle d'été français - Une France sous le syndrôme de Stockholm

 

5 août

 

Des barthes, de la Suède et de la LGV

 

    Le train lambine dans le sud des Landes. A très grande vitesse de Paris à Tours, il adopte ensuite des allures de plus en plus paresseuses. A partir de Bordeaux, la lassitude et l’impatience de l’arrivée chiffonnent les voyageurs ; enfin, apparaissent les quais de l’Adour en contrebas puis les flèches de la cathédrale.

    Mon père nous attend devant la gare, la Peugeot 106 grise stationnée sur le rond-point, de l’autre côté de l’allée des taxis. Subsistent ici et là quelques empreintes des fêtes : affiches, grilles autour des arbres et pelouses… Il est rare que je les manque mais, quelle que soit la date de ma venue au pays des aïeux, je ressens à chaque fois le même sentiment de plénitude.
            A la sortie de Bayonne, les barthes de la rive sud de l’Adour sont défigurées par la zone de stockage. Un échec économique pour cet aménagement destiné à accueillir les camions venant ou en allant en Espagne. C’était dès le départ un mauvais calcul, les coûts étant bien inférieurs de l’autre côté de la Bidassoa.

    Aujourd’hui, l’Espagne et l’Euskadi s’enfoncent dans la misère et l’avenir de la zone repose sur l’implantation d’un grand magasin de meubles suédois. A 200 mètres à l’intérieur des terres, des échangeurs d’autoroutes et un viaduc vide croisillent une lande où jamais l’homme n’a construit. Mouguerre, Saint-Pierre d’Irube et Bayonne ont gagné sur les autres communes le « droit d’accueillir un magazin Ikéa. Reste à espérer qu’il ne s’enfonce, à la première grande crue, dans les marécages…
            Peu m’importe !  A la jouissance de me retrouver chez moi se mêle la profonde satisfaction de savoir qu’est suspendue la construction de la voie ferrée rapide ou LVF. Les panneaux ELZ (non à la voie du TGV, en euskara) témoignent de la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Je ne suis pas rétive, bien au contraire, à une prolongation de la « très grande vitesse » jusqu’à la frontière et au-delà. Tout automobiliste qui a roulé sur la nationale 10 sera d’accord avec moi, insupporté par les longues cohortes de camions espagnols et portugais.

Le frêt ferroviaire est bien plus efficace et il faut désenclaver le grand Sud-Ouest. Ce qui me révoltait, c’était le déroulement d’une seconde ligne ferrée entre Bordeaux et Hendaye. Il aurait été possible de transformer la ligne classique actuelle, pour un coût bien moindre. Très actifs, les opposants avaient fait appel à un cabinet d’expertise suisse dont les conclusions, aboutissant à la suffisance de capacité de la ligne actuelle, seront reprises finalement par … RFF, le Réseau ferré de France ! Dans une note interne de ce printemps, ses analystes estiment : « la rénovation du réseau constitue un projet en soi dont la rentabilité économique est supérieure à celle de la plupart des projets ».
            Question : pourquoi s’être entêté durant des années pour ce projet pharaonique, inutile et coûteux, tant pour les habitants que pour les communes ? pourquoi a-t-il fallu que ce soit l’Espagne, endettée jusqu’au cou, qui prenne la décision de suspendre la ligne LGV ?

    Le principe de réalité qui s’est imposé à RFF et aux potentats locaux résulte toujours de nos actions. Malheureusement, ne sont pas celles, raisonnables, du CADE -le regroupement des opposants à la LGV dans le Pays Basque- qui ont prévalu mais celles des banques espagnoles qui ont ruiné leur pays… A cause d’elles, l’Espagne ne peut plus se permettre la LGV.

    La fatalité n’existe pas qui réduirait le Pays Basque et le sud des Landes à une enclave spécialisée dans le tourisme et la santé. Vivent ici des jeunes bien formés qui veulent travailler là où ils sont nés. L’aménagement à partir des infrastructures existantes aurait certes déçu les tenants de la folie des grandeurs mais aurait été bien plus rentable et moins dommageable à l’environnement qu’une nouvelle ligne.

    Aujourd’hui, les collectivités locales qui ont débloqué des fonds et levé des capitaux n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Elles ont compté sur les fonds structurels européens hier abondants, oubliant que la manne financière de Bruxelles ne résultait pas de la production d’une richesse réelle mais bien de la création d’argent « synthétique » né de l’injection de liquidités par la Banque centrale européenne.

    Cette débauche de faux argent pervertit tout calcul économique et bannit de la pensée le raisonnement. Depuis 2001, jamais l’argent n’a jamais été aussi abondant.
            Rappelons nous : 11 septembre 2001, attentat contre les tours de New York ; 2002 : éclatement de la bulle internet ; 2008 : crise financière mondiale née de la faillite de Lehman Brothers ; 2011 : crise de la dette des états européens. A chacun de ces soubresauts de l’économie, les réponses des docteurs des Banques centrales auront été identiques : diminuer les taux d’intérêt de l’argent qu’ils redistribuent aux banques.

    Au temps de Molière, les médicrates glapissaient : « la saignée ! la saignée ! »  Au temps de Bernanke et de Trichet, les bancocrates entonnent : « la monnaie ! la monnaie ! » Mais le malade n'est pas imaginaire et son état empire avec la logorrhée monétaire.

    Question, où vont ces masses d’argent ? Pas seulement sur l’or, l’énergie ou les biens alimentaires comme le prétendait mon agent de change. Ces capitaux, ils sont aussi engloutis dans des mers des Sargasses aux noms de paradis fiscaux : Jersey, Caïman, Lichenstein, Singapour, Londres…

Nous y reviendrons plus tard. Pour le moment, je fais le tour du quartier pour saluer oncles, tantes et cousins.

 

 

 

08:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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