mardi, 23 septembre 2014
Un drôle d'été français - France, mère des arts, des lettres et des sciences
Samedi 18 août 2012
Comprendre le monde pour comprendre la France -des jeunes à foison, des femmes rémunérées, des hommes à écarter, une nature rare et des avancées techniques incontrôlées
Notre fils et ma nièce restent à Trouville cet après-midi. Pas question de nous accompagner à Cabourg, ils préfèrent rester avec leurs potes. Nous sommes invités par un ami pour l'anniversaire de son fils -trois ans. Le prétexte pour les adultes d'écluser quelques gobelets tandis que le garçonnet reste dans les jupes de sa grand-mère. Le temps est presque normand : nuages, soleil, nuages, soleil, mais pas de pluie !
Je retrouve des amis tunisiens. Amoureux des chevaux, ils viennent eux aussi tous les ans passer la dernière quinzaine d'août en Normandie. Leur humeur est plutôt sombre. L'été dernier, ils rayonnaient d'espoir et de fierté dans l'attente assez confiante de la démocratie. Cette-fois, ils me font part de leur colère et, aussi, de leur amertume face au vote des Tunisiens de France qui ont majoritairement voté Ennahdha, le parti islamiste vainqueur des élections.
- Ils jouissent de la liberté la plus totale en France et veulent nous renvoyer vivre au Moyen-Age ! C'est trop facile! Qu'ils reviennent avec nous et supportent ce que nous commençons à vivre ! Pas plus de liberté que sous la coupe de Ben Ali et de son gang, une vie dans la peur et bientôt dans la misère avec le tourisme et l'économie qui s'effondrent !
- Rien n’est encore perdu. C’est normal, le remue-ménage après un renversement de dictature.
- Viens voir à Tunis. Les prisons ont été ouvertes, les voleurs, les violeurs courent dehors. Nous sommes obligés de faire des tours de garde la nuit pour protéger les appartements. Toute l’économie est bloquée. Le tourisme et les rentrées de devises, c’est fini. Nous sommes en train de passer sous la coupe du Qatar. Et moi, entre le FMI et le Qatar, je préfère le premier.
- Encore le Qatar ! Il est déjà chez nous. Qu’est-ce qu’il fait chez vous ?
- Oh, ça fait un moment qu’on le supporte, au temps de Ben Ali, il était déjà là. Ennahdha est juste un peu moins gourmand, pour l’instant du moins, mais il lui livre tout : les phosphates, les raffineries, l’aéroport de Tunis, plus des terres agricoles pour y construire des méga-villes forteresses réservées à toute la racaille du Golfe. Quant à nos chômeurs, ne te fais aucune illusion : plutôt que rester à crever misère dans le pays, ils préfèrent encore crever misère en France, s’ils ne se sont pas noyés sur le détroit de Lampedusa. Parce que l’Algérie, elle ne veut pas de nos ouvriers : elle préfère importer les Chinois !
Nous éclatons de rire. Des Chinois en Algérie ? Je cherche mais non, je ne vois pas de contrepèterie.
Des applaudissements fusent. Le petit garçon vient de souffler ses bougies. Il rit. Il ne comprend pas la fête mais ressent et partage la bonne humeur générale. Où sera-t-il dans vingt-ans ? En Algérie ou en Tunisie peut-être, ou en Inde…
La confiance de notre Président en la sortie de crise, qu'il prévoit tranquillement pour 2014, me ferait sourire si cette imbécillité n'était terrible au poste qu'il occupe. C'est bien l'anticipation que l'on peut attendre d'un homme formé à HEC (Hautes études commerciales, l'une des toutes premières écoles commerciales mondiales) : il croit aux cycles économiques, aux alternances inaltérables des phases de croissance et de récession.
Hep, monsieur le Président, la crise actuelle n'est pas une crise économique, c'est une crise anthropologique[1], c'est une crise de transition pour l'humanité toute entière. La croissance reviendra peut-être en 2014, mais ce n’est pas la question. Vous êtes là pour comprendre le monde et il est manifeste que vous n’y pigez rien. D’ailleurs, vous ne vous posez pas de question.
Jusqu'à la fin des années 80, le monde était bipolaire et cadenassé par l'opposition entre les pays plus ou moins contrôlés par la Russie soviétique (Europe de l'est, Corée du Nord, Chine, Inde, Vietnam, Algérie, Egypte, Cuba...) et ceux sous tutelle des Etats-Unis (Europe de l'Ouest, Japon, Australie, Amérique latine, Canada...). Depuis, nous vivons dans un monde multipôlaire où des peuples sortent de la pauvreté la plus crasse, où les Etats jadis pauvres ne pensent qu'à prendre leur revanche sur les anciennes puissances.
Rappelons-nous : depuis trente ans, le monde est parcouru du soubresauts violents aux ressorts identiques. 1974 a été le tournant : les prémisses du « printemps arable » sont apparus lorsque, pour la première fois, les états producteurs de pétrole ont décidé de soustraire le contrôle de leurs puits aux compagnies pétrolières américaines, anglaises ou françaises.
A chaque fois, le même scénario se déroule : d’abord une crise monétaire, ensuite une crise économique. Durant la décennie 80, elles frappèrent l'Amérique latine, l'Afrique et le Proche-Orient avec la banqueroute égyptienne ; elles touchèrent ensuite l'Europe centrale, avec l'effondrement polonais et celui de l'Union soviétique, ainsi que le Sud-est asiatique ; enfin, durant la décennie 2000, la crise financière de 2007 aux Etats-Unis qui se propagea ensuite à l'Union européenne sous la forme de crise de la dette souveraine.
Ces crises financières ne sont pas le fruit seulement de la porosité pouvoirs publics-crime organisé. Elles sont l’écume d’une houle de fond qui traverse la planète, du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest et transforme profondément l’humanité.
Pour la première fois dans son histoire, celle-ci est citadine. Le lien est brisé entre la nature et l’homme -nous y reviendrons plus bas. Surtout, pour la première fois dans son histoire, ses nouveau-nés ont la chance de vivre au moins jusqu’à 75 ans, soit un quart de siècle de plus que leurs ancêtres nés en 1900. Oh, il vaut mieux être Japonais qu’Angolais mais concrètement, cette espérance de vie signifie que les femmes n’ont plus besoin d’accoucher de 10 enfants pour en avoir 5 arrivés à l’âge adulte. Cela signifie aussi que l’amélioration continue de la santé des Terriens durant les soixante dernières années s’est traduite par une arrivée massive de jeunes sur le marché du travail : en vingt ans, entre 1990 et 2010, la population active mondiale–celle dont l’âge se situe entre 15 et 65 ans- a plus que doublé, de d’1,3 milliard à 3,4 milliards. Et cela, partout dans le monde et plus qu’ailleurs dans les pays naguère les plus pauvres, ceux d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie.
Alors, dans tous les états de la planète, les dirigeants ont peur. Dans les pays que l’on n’appelle plus pauvres mais émergents, ils ont peur de cette masse de jeunes qui arrive et qui réclame sa place et qui ne la trouve pas. Dans les pays développés qui deviennent des « immergents », la peur vient de tous ces jeunes immigrés qui arrivent par bateaux et traînent sans papiers dans les rues des villes et banlieues où ils sont en concurrence défavorable avec les jeunes nés sur place.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Par deux mouvements de fond : d’une part, la consommation frénétique qui a saisi les peuples d’Europe et d’Amérique du nord, puis les Australiens et les Japonais à partir des années 80, d’autre part, la volonté de ces mêmes peuples d’aider les pays pauvres à sortir de leur misère. Pour cela, il fallait du travail et les grandes entreprises du nord ont commencé à leur en donner en y implantant des sites de production. Le Japon fut le premier à en bénéficier. A partir de 1990, après la grave crise financière traversée par l’Amérique latine, les grandes institutions internationales ont modifié leurs modes d’intervention dans l’aide au développement en se fondant sur le « consensus de Washington ». Rédigée en 1990 par John Williamson[2], cette feuille de route en dix points exigeait des pays demandeurs d’aide au FMI ou à la Banque mondiale qu’ils adoptassent les fameuses « réformes structurelles » : libéralisation des échanges, réforme fiscale, privatisations, adoption d’un taux de change compétitif… Bref, tout ce que l’on reproche aujourd’hui aux pays émergents ! Mais ne sommes-nous pas des arroseurs arrosés ?
Ce sont nos grands groupes qui sont partis à la conquête de ces pays : hier en y délocalisant leurs usines pour y profiter des bas salaires et des exportations à bas coût, aujourd’hui en profitant de l’émergence de classes moyennes. Nos pays, et la France désindustrialisée plus que la plupart, ont fait le choix du pouvoir d’achat au détriment de celui de l’emploi. Et lorsque la situation a commencé à être plus tendue, alors on a créé le RMI, rebaptisé ensuite RSA, pour que même les chômeurs puissent s’équiper de smartphones et d’écrans plats. Et nous en profitons tous, car les pays émergents n’exportent pas que des biens, ils exportent aussi des femmes, des hommes qui viennent garder nos enfants, refaire nos maisons ou trimer dans nos champs ou sur les chantiers à des salaires bien inférieurs au revenu moyen du salarié CDI.
Et rien ne m’exaspère plus que nos dirigeants qui se plaignent que nous vivons au-dessus de nos moyens. Qui a organisé la globalisation si ce ne sont les dirigeants des pays de l’OCDE et des multinationales ? Qui a permis la dévaluation compétitive pour les pays « cargo » qui sont aujourd’hui nos créditeurs ? Qui se vantait de faire d’Alcatel une firme sans usines ? le hic est qu’ils ont créé un monstre à la Frankenstein qu’ils ne maîtrisent plus.
Nos pays immergents n’ont pas seulement dissocié travail et pouvoir d’achat, ils ont fait le choix du pouvoir d’achat contre le travail. Au lieu d’accroître le pouvoir d’achat des travailleurs en augmentant leurs salaires, ils l’ont accru en leur livrant des produits à bas coûts, fabriqués dans les usines à sueur. Le cas du textile est l’un des plus éclairants en la matière. Dans les années 80, les ouvrières de l’Aube et du Nord se retrouvèrent au chômage, au profit des Marocaines et des Tunisiennes d’abord, puis des Sud-africaines. Après que la Chine fut entrée dans l’OMC en 2003, alors ce fut au tour de ces dernières d’être congédiées : pour les grands donneurs d’ordre français, aucune raison de payer une Marocaine 210 euros au mois quand les Chinoises se ruaient dans les ateliers pour percevoir un salaire de 30 euros[3]. Et aujourd’hui, c’est au tour des Chinoises d’être licenciées au profit des Bengalies. Et après les Bengalies ? A qui le tour ? Les papoues de Nouvelle-Guinée ? Les Guaranis du Brésil ?
La course au salarié le moins cher devra bien cesser un jour, mais ce jour-là n’est pas pour demain. D’ici 2050, plus d’1 milliard de jeunes actifs seront venus sur le marché du travail. Et toi, mon fils aîné, diplômé, bardé d’une multitude de stages, toi qui as envoyé près d’une centaine de CV avant de décrocher la timbale « CDI », je me réjouis que tu ne sois pas tombé dans la déprime face à cette féroce concurrence. Je me réjouis que tu aies gardé ton estime de toi sans te laisser polluer par la morosité ambiante. Car tu n’es pas responsable de la situation actuelle. Pas plus que ta soeur, stagiaire :
- Maman, j’ai calculé, pour le temps passé, je suis payée 30 centimes de l’heure !
- Ne te plains pas ma fille, rappelle-toi ton stage de l’an dernier, tu travaillais pour la gloire.
Le président Sarkozy qui se vantait de remettre la France au travail n’avait-il pas été élu pour son slogan : « je serai le président du pouvoir d’achat » ? A quand un dirigeant qui proclamera « je serai le président du travail pour tous », indépendants ou salariés ? Ce type de dirigeant, on le trouve dans nombre de pays émergents, mais pas chez nous.
Car vois-tu, mon fils, le temps presse. Aujourd’hui, c’est la Chine qui impose ses règles du jeu aux autres états. Demain viendra le tour de l’Inde. Ses centres de recherche en intelligence artificielle, dirigés et développés par des ingénieurs payés six fois moins que leurs pairs américains ou européens, lui donneront une position clé dans l’industrie mondiale. Pourquoi l’Inde ? parce qu’elle est portée par sa démographie.
La jeunesse n’est pas un fardeau : elle est un gage de réussite future. Regarde l’histoire ! Les puissances dominantes le sont devenues par leur essor démographique : l’empire malien du XIII° siècle, l’Europe du XVIIème au XIXème siècle puis les Etats-Unis au vingtième. Et, à chaque fois, ils se sont effondrés par leur recul démographique.
Alors devons-nous, Européens vieillissants, nous résoudre à sortir de l’histoire ? Non, car sortir de l’histoire, c’est entrer dans l’appauvrissement. Ces vingt dernières années, nous nous y sommes maintenus grâce au crédit octroyés par nos fournisseurs, jusqu’à ce que se brise l’alliance entre la finance et les puissances émergentes.
Oh, il n’y a pas de complot. La finance ce ne sont pas les mythiques hedge funds de Londres ou des Bermudes, ni les grandes figures à la Soros ou à la Warren Buffet. Non, la finance, ce sont les instituteurs retraités de Californie, ce sont les retraités de la fonction publique ou des régimes Arrco-Agirc. Confrontés à la baisse de rendement de leurs portefeuilles et au déséquilibre du ratio cotisants-pensionnés, ils ont exigé des grandes entreprises qu’elles accroissent leur rentabilité. Le fameux retour de 15 % sur les fonds propres ! Et cette exigence s’est retournée contre les collaborateurs des entreprises : le partage de la valeur ajoutée[4] a peu à peu basculé vers les actionnaires. De 22,9 % en 1981, la part des actionnaires s’est hissée à 30,3 % en 2011. Oh, celle des salariés n’a apparemment que peu baissé, de 63,2 % à 59,3%[5] mais elle comporte une part croissante de charges sociales qui grèvent leur pouvoir d’achat.
Ne cède pas aux raccourcis faciles, mon fils ! Les actionnaires ne sont pas des méchants. Tu les connais : c’est ton grand-père retraité, c’est ta mère lorsqu’elle était salariée en entreprise et qu’elle bénéficiait d’un fonds d’épargne salariale plus d’un PERCO, c’est ton oncle qui place son épargne dans des Sicav actions !
Te rappelles-tu Véronique, responsable des investissements dans une caisse de retraite ? Elle nous avait fait bien rire à l’apéro, lorsqu’elle nous narrait ses escarmouches avec son directeur financier. « Il vient du Crédit Suisse AM. Pour montrer combien il était meilleur que nous, il a investi en mai 2008 5 milliards d’euros sur des obligations souveraines grecques. J’étais affolée, j’ai tenté de l’en dissuader. Rien à faire, je me suis fait traiter de fonctionnaire timorée, y compris par le directeur général ! Résultat : on se retrouve avec une paume énorme ! Et on fait comment maintenant ? »
Tu comprends maintenant pourquoi l’Europe a voulu sauver ses banques et ses assureurs ? D’où vient le terrible pouvoir de nuisance de la finance sur l’économie ? Chacun d’entre nous détient une part de responsabilité dans la situation actuelle. Nous les vieux, moi-même comprise, bien que, rejetée du salariat, je doive me démener en tant que très petit entrepreneur, nous avons tous fait la guerre aux jeunes, du moins dans les pays développés. Est-ce parce que mes frères aînés se souviennent de leur violence des années 60, lorsque ils défiaient les pouvoirs établis ? Peu importe, aujourd’hui, le chômage des « jeunes » explose dans nos pays et nous laissons faire.
C’est que, vois-tu, le « jeune » ne vaut plus rien. Tout ce qui est rare est cher et, j’y reviens, il existe sur Terre 3,4 milliards d’hommes et femmes en âge de travailler qui se battent tous pour des salaires, souvent de misère ou, du moins dans nos pays, plombés par des charges destinées aux retraités et aux exclus. Les chiffres parlent : en France, le salaire des sortants des grandes écoles n’a pas bougé, en euros constants, depuis 2000[6] ; « En Europe, prise dans son ensemble, le risque de faible rémunération chez les jeunes est plus de deux fois plus grand pour les tout jeunes travailleurs, avec la proportion de jeunes dans l’emploi faiblement rémunéré allant d’environ un jeune travailleur sur cinq au Portugal aux deux tiers aux Pays-Bas »[7] ; dans le monde, « le taux de chômage chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans s’établissait à 12,6 pour cent en 2010, soit 2,6 fois plus que le taux de chômage des adultes »[8].
Non, la mondialisation financiarisée n’est pas à l’origine de nos maux actuels. Elle n’est que la conséquence, le symptôme d’un bouleversement anthropologique inédit dans l’histoire humaine. Jusqu’au milieu des années 60, l’homme était une denrée rare qui, à ce titre, avait droit à notre considération. Aujourd’hui, il est abondant et perd peu à peu de son caractère exceptionnel parmi les êtres vivants.
Paradoxalement, cette abondance est le fruit d’une réussite collective dont l’humanité peut s’enorgueillir : après s’être sortis des séquelles de la seconde guerre mondiale, les pays développés se sont engagés vigoureusement dans l’aide aux peuples les plus pauvres, finançant campagnes de vaccination et de nutrition. Critiquable sur bien de ses aspects –corruption, ingérence dans les affaires intérieures d’Etats…-, cette entraide mondiale n’en fut pas moins un succès… dont nous commençons à essuyer les revers.
Si l’homme est abondant, la nature, elle, devient rare. Ne te trompe pas mon fils, la cause écologique est la seule cause qui vaille aujourd’hui. Encore faudrait-il s’entendre sur les termes : je ne te parle pas ici des Khmers verts entrés au gouvernement cette année et pour qui l’écologie consiste à s’immiscer dans nos vies intimes et à nous dicter nos comportements privés. Non, je te parle de la lutte ouverte que se livrent les puissances –entreprises ou états- pour s’accaparer des matières indispensables à la survie de l’espèce : les mers, les fleuves et les lacs, les terres cultivables et les terres rares. Ne confonds pas, les terres rares[9], ce ne sont pas des terres agricoles, ce sont dix-sept métaux, pas très rares en fait mais indispensables à l’industrie contemporaine, essentiellement celle des télécoms, de la défense, et à l’industrie verte –éoliennes, solaire, efficacité énergétique, automobiles électriques,…
Ce matin, avant de partir à l’anniversaire du fils de notre ami, j’ai reçu un texto d’un de mes interlocuteurs de l’hiver dernier. Il travaille à la division « achats » d’un grand équipementier et avait bien voulu nous éclairer sur sa politique d’achats responsables. Comme d’habitude, une fois explicités les grands principes et les réalisations, incontestables, de son groupe, il s’était déboulonné.
- Tout ça, c’est bien beau mais ça ne pèse pas lourd quand je vais à Baotou.
- Baotou ?
- Oui, Baotou, personne ne connaît mais c’est le Centre névralgique de la high-tech, plus que Palo Alto ou Bengalore. C’est une ville de Mongolie-Intérieure, chinoise donc. Une ville-champignon née en moins de vingt ans de l’exploitation de la mine Bayan Obo. On y extrait toutes les terres rares, avec des techniques très polluantes : bains d’acide, séparations par acide sulfurique ou ammoniaque. Vous comprenez, les terres rares sont appelées ainsi parce qu’elles sont dispersées dans leur milieu et qu’il est difficile de les extraire et de les rassembler.
Il soupire et poursuit.
- Baotou, c’est l’enfer sur terre. Presque pas d’herbe, presque pas d’arbre ! Tu as peine à respirer, tu apportes tes bouteilles d’eau minérale avec toi ou tu te saoûles au saké parce que l’eau sur place est entièrement contaminée. Quand j’y vais, je descends au Shangri La, un hôtel immense, comme ils les font là-bas, avec des salles de banquets qui accueillent plusieurs milliers de personnes… Je sors ? un amalgame de petites cahutes et d’immeubles high tech, des ouvriers de trente ans, tu leur en donnerais soixante, presque pas de femmes. Le far-west à l’Est !
- Mais pourquoi y aller ?
- Pour y négocier les meilleurs prix et les meilleurs délais pour les minéraux dont j’ai besoin. Surtout le dysprosium. Nous en avons besoin pour faire des aimants et nous ne sommes pas les seuls : en moins de dix ans, son prix a été multiplié par trente fois. Alors je négocie avec des fonctionnaires corrompus, y compris par moi. Vous voyez, les politiques d’achat responsables, je veux bien jouer le jeu, elles sont utiles pour réduire les coûts mais elles ont des limites…
Eh oui, mon fils, ces minéraux que tu retrouves dans ton téléphone, ta télé, dans le panneau solaire que ton cousin a installé sur son toit, ils viennent à près de 95 % de Chine. Des terres rares, tu en trouves ailleurs, en Amérique du Nord, en Australie, au Groenland, en Pologne, et les Chinois n’ont que 30 % des réserves prouvées. Mais s’il y a une seule chose qu’on ne peut reprocher à leurs dirigeants, c’est le manque de vision.
En 1992, le chef de l’époque, Teng Xiaoping, déclarait : « le Moyen-Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares ». Ils ont mis le paquet sur la production, jouant sur les prix dès que des mines sont ouvertes ailleurs dans le monde pour rester les plus rentables. Résultat : toute l’industrie moderne leur lèche les bottes. Et les Etats aussi ! En 2010, la Chine avait restreint ses quotas d’exportation. Comme par hasard, c’était au moment de l’un de ses énièmes conflits avec le Japon pour le contrôle des îles Senkaku…
Et quand, en juin dernier, l’Union européenne dont les entreprises importent 100 % de leurs besoins en terres rares, a commencé à s’intéresser au Groenland, le président chinois Hu Jintao est allé dans l’île autonome du Danemark … dès le lendemain de la visite d’Antonio Tajani, commissaire en charge de l’industrie. Pourquoi cet intérêt pour cette île autonome du Danemark, le pays le moins peuplé du monde avec à peine 57 000 habitants ? Parce que la calotte glacière fond à vitesse grand V et que le pays concentre le quart des réserves mondiales de terres rares. Inexploitables tant que les huit dixièmes de la surface du pays étaient recouverts de glace été comme hiver, elles vont le devenir d’ici moins de 15 ans, d’autant qu’elles sont concentrées dans le sud du pays, près de la ville de Narsaq, où la neige a toujours fondu l’été.
Pauvre Groenland, tu vas devenir riche ! Car tu ne possèdes pas que des terres rares mais aussi des rubis, du cuivre… En 2015, London Mining, un groupe minier britannique commencera l’exploitation d’un gisement de cuivre. Pour cela, il lui faut des ouvriers. Où les trouver ? en Chine bien sûr. Il négocie donc avec des partenaires chinois[10]. Problème, les Inuits s’inquiètent de l’arrivée des quelques 3 000 hommes nécessaires même si les dirigeants promettent qu’ils ne se mêleront pas à la population.
Le Groenland, ce n’est pas que des terres rares, c’est aussi, bientôt, des voies maritimes, une fois bien installé le réchauffement climatique. Leur utilisation réduira la dépendance du commerce Asie du sud-est-Europe à la traversée du canal de Suez, elle raccourcira les circuits de liaison Asie du Sud-est-côte ouest des Etats-Unis. Alors, même si l’Union européenne s’y oppose, je parie deux kopeks que la Chine obtiendra un poste au Conseil arctique. Cela fait des années qu’elle s’y obstine et elle réussira[11].
L’équation que doit résoudre le monde contemporain est simple à l’énoncé : raréfaction des ressources naturelles plus explosion démographique égalent conflits militaires. Derrière les idéologies, partout où sévissent les guerres contemporaines, tu trouves du pétrole, de l’eau, de l’uranium ou des diamants –à quelques très rares exceptions près, telle la dislocation de la Yougoslavie.
A cela s’ajoute le bouleversement (ou réchauffement) climatique qui entraîne déjà des déplacements de population. Eux aussi créeront des conflits, sociaux d’abord, militaires ensuite. La Terre a connu des modifications de son climat. Groenland ne signifie-t-il pas « le pays vert » ? La différence entre aujourd’hui et ce passé vieux de 500 000 ans, c’est que la Terre est bien plus peuplée. D’ici trente ans, des îles disparaîtront, le sud du Bengladesh sera recouvert par la mer, l’Afrique centrale connaîtra des épisodes de sécheresse durables et drastiques, comme l’Australie, la Russie ou le centre des Etats-Unis et les hommes quitteront leurs terres inhospitalières pour partir au Nord, là où il fait moins chaud. Pour l’instant, ce sont surtout les animaux qui fuient vers le Nord. En Europe où les températures moyennes ont augmenté de un degré centigrade en vingt ans, ce sont les oiseaux et les papillons qui se sont déplacés. Et les hommes suivront.
Aujourd’hui, tu as quelques 50 millions de migrants dans le monde. Il y en aura cinq fois plus en 2050[12]. Il est indéniable que la recherche d’une vie plus facile motive la plupart des migrants aujourd’hui mais, déjà, tu observeras que le réchauffement climatique est souvent la cause première de leur départ – je laisse de côté les persécutés politiques.
Prends le Niger par exemple. Les Nigériens ont une très longue tradition de migration, saisonnière (novembre-décembre puis mars-avril) mais celle-ci s’est accrue depuis vingt ans, en raison de l’acuité de la sécheresse. Jusqu’à peu, ils allaient vers le Nigeria, la Côte d’Ivoire et la Libye. Désormais, cette dernière leur est fermée, tout comme, dans une moindre proportion, la Côte d’Ivoire, à cause des guerres civiles. Le Nigeria s’y met à son tour : confronté à l’islamisme radical de Boko Haram[13], il se méfie désormais des immigrés nigériens, qui sont des musulmans sunnites, et les renvoie, manu militari, vers leur pays…
Du coup, les migrations saisonnières se transforment en migrations sans retour, vers l’Algérie, l’Europe et le Maroc. Hier autonomes, elles sont organisées maintenant par des réseaux locaux de traite humaine : tu remarqueras que les femmes sont de plus en plus nombreuses parmi les migrants. C’est qu’elles sont beaucoup plus rentables que les hommes. Pour trois raisons : elles se révoltent moins, du fait de leur moindre force physique ; elles rapportent durant la migration grâce à la prostitution ; enfin, elles sont plus facilement acceptées dans les pays d’arrivée où il suffit qu’elles aient un enfant pour bénéficier du droit à l’installation.
Ces migrations nées du réchauffement climatique, elles s’accélèrent et se poursuivront encore durant les cinquante prochaines années. Un grand basculement démographique est à l’œuvre aujourd’hui et nul ne peut l’arrêter. Et ce qui le favorise, c’est que l’homme ne vaut plus grand-chose. En 1577, Jean Bodin écrivait « il n’y a de richesse ni de force que d’hommes ». En 2012, personne n’ose l’écrire mais « il n’y a de richesse ni de force que la nature ».
La dés-organisation du monde se fonde sur la perte de valeur de l’homme, une valeur qui n’est pas que matérielle, mais spirituelle aussi. Il fallait que l’homme perdît de son caractère exceptionnel dans l’histoire pour qu’il fût plus malléable, plus corvéable et plus « sécable ». Pourquoi la Chine continue-t-elle d’appliquer la peine de mort ? Parce qu’elle est communiste ? Non, parce que ses hôpitaux ont besoin des condamnés à mort : ils fournissent les deux-tiers des transfusions d’organes. Il y a quelques mois, le quotidien anglais The Guardian a publié une enquête édifiante : une entreprise chinoise de cosmétique exportant en Europe utilise du collagène prélevé sur des condamnés à mort. Il en faut n’est-ce pas pour regonfler nos lèvres et colmater nos rides...
Du début à la fin de vie, la marchandisation du corps humain est en route. Au niveau le plus miséreux comme le plus dispendieux. Dans une dizaine de pays d’Afrique, les policiers ferment régulièrement des usines à bébé où de jeunes filles sont cloîtrées jusqu’à ce qu’elles accouchent, qu’on leur prenne leur enfant et qu’on les rejette à la rue. En Californie, c’est plus glamour. Les actrices qui redoutent vergetures et élargissement des hanches recourent à la GPA ou gestation par autrui. Il leur suffit de donner un ovule fécondé par le « père » à un « womb for rent » ou « utérus à louer ». Et tout un chacun de se réjouir. C’est plutôt cher : Elton John et son compagnon ont déboursé 24 000 euros pour « leur fils » acheté aux Etats-Unis. L’Inde est plus abordable. Un millier de cliniques se partagent le marché, où les enfants se vendent autour de 15 000 euros, la « mère » porteuse percevant 3 500 euros en moyenne. Il faut cependant bien choisir sa clinique car certains gynécologues particulièrement avides recourent massivement aux déclenchements prématurés de l’accouchement, au bout de huit voire sept mois de grossesse…
Ce ravalement du corps des femmes à celui des vaches laitières, non, pardon, de vaches de réforme, n’est possible que grâce au progrès médical. Il n’est qu’une transition, certes désagréable d’un point de vue moral, mais bientôt, les femmes ne seront plus nécessaires pour porter des enfants, grâce à l’utérus artificiel. Bien entendu, les laboratoires qui travaillent sur cette technique la justifient par le bien qu’elle apportera aux mères sans utérus ou aux prématurés mais on peut être certain que les femmes les plus riches s’en serviront pour poursuivre leur vie sans être incommodées par les grossesses.
Comprends-moi mon fils, je ne condamne pas la science ni les chercheurs. Je les admire. Ce que je condamne, c’est l’absence de réflexion de la société civile sur les conséquences de leurs travaux. Durant les années 1950-1960, l’utilisation de l’uranium pour la bombe nucléaire A suscita des débats très vifs, tant dans la communauté scientifique que parmi les citoyens des pays démocratiques. Aujourd’hui, le silence est assourdissant. Pas seulement sur le sort fait aux dépouilles des condamnés à mort ou aux enfants achetés par leurs « parents », mais aussi sur tout ces progrès qui nous facilitent la vie.
Internet qui abolit les frontières participe autant que les migrations à l’effondrement des structures étatiques et de la cohésion des sociétés. La traçabilité de nos échanges sur la toile annihile notre vie privée. En droit, la violation du secret de la correspondance est punie d’un an de prison et de 45 00 euros d’amende en France. Dans la pratique, seuls les lettres postales sont concernées par cet article, nos mails ou nos recherches sur Internet sont la propriété des Google, Yahoo et autres Facebook. Nous préférons jouer les ignorants que regarder en face les impacts de cette violation.
Notre monde retourne à l’esclavage, un esclavage bien plus raffiné que celui mené par les Romains ou les Grecs, les Arabes ou les colons d’Amérique. Pour le Petit Robert, l’esclave est une « personne qui n’a pas de condition libre, qui est sous la puissance absolue d’un maître, soit du fait de sa naissance, soit par capture à la guerre, vente, condamnation »[14].
Laissons de côté les enfants esclaves utilisés comme soldats en République démocratique du Congo ou en Syrie, les petits sahraouis déportés vers Cuba, les employées de maison philippines séquestrées dans les états du Golfe ou au Liban, les « Vudusi » du Togo, du Bénin ou du Ghana et les « Haratines » de Mauritanie même si, au total, ils seraient trentaine de millions d’esclaves au sens classique, celui du Petit Robert.
Intéressons-nous plutôt à la nouvelle race d’esclave qui naît sous nos yeux, anticipée par le Matrix[15] de Lana Wachowski mais sans qu’aucun Thomas Anderson n’émerge encore car l’accélération des progrès scientifiques nous fait perdre nos repères. Parmi ces nouveaux esclaves, je vois les enfants achetés par GPA, les mères porteuses, les pauvres d’Europe de l’est ou de l’Inde qui vendent leurs reins ou leurs rétines pour quelques centaines d’euros et puis nous tous aussi dont les comportements sont manipulés par les réseaux sociaux qui analysent, anticipent et incitent nos comportements. Les logiciels de prévision ne servent pas seulement à prédire la météo ou les risques de maladie ; ils augurent délits et crimes, achats et réservations, itinéraires de voyage. Petit à petit nous abandonnons des pans entiers de notre liberté en échange de l’ivresse de puissance que nous donne la technique.
Nous sommes des esclaves sans maître déterminé contre qui nous pourrions nous révolter.
Durant 2,5 millions d’années, nous avons vécu au sein d’une nature gratuite et luxuriante ; aujourd'hui, elle est rare et parcimonieuse quand nous sommes devenus une denrée surabondante. Et, parmi nous, les mâles sont les moins utiles à la marche du monde. Fondée sur la mécanisation et les services, l’économie, même agricole ou industrielle, n’a plus besoin de leurs bras. Oh, nous n’en sommes pas à sacrifier les bébés garçons à la naissance ! Ca, c’est pour les filles. Non, il suffit de les émasculer, pas physiologiquement mais neurologiquement et intellectuellement.
Neurologiquement ? c’est la ritaline, ce régulateur de comportement prescrit à 10 % des enfants américains, dont 80 % sont des garçons[16]. Intellectuellement ? C’est la préférence donnée aux filles durant leur scolarité : en France en 2010, 71 % d’entre elles avaient décroché le baccalauréat, contre 61 % de leurs frères et cousins. La discrimination scolaire en faveur des filles se pratique dans les vingt-six pays les plus riches de la planète : lorsqu’on évalue les scores de compréhension d’un texte écrit, elles ont une note supérieure de 32 points à celle des garçons, les écarts allant de 51 pour la Finlande à 25 pour le Chili…
Cette préférence donnée à la formation du capital intellectuel féminin n’est jamais remise en cause par la société. Et pour cause ! Les filles sont plus « sérieuses » -entendez moins sujettes à la révolte. Tout est fait pour améliorer leurs performances, notamment dans la filière lycéenne « S ». Que 23 % des garçons français sortent du système scolaire sans diplôme, soit presque deux fois plus (12 %) que leurs sœurs et cousines, ne gêne personne. Dans les sociétés développées, il est peu rentable d’investir sur l’avenir du jeune mâle.
C’est au tournant de l’an 2000 que les femmes sont entrées massivement dans le travail salarié. Les statistiques mondiales de l’OIT sont éloquentes : la proportion de femmes ayant un emploi rémunéré, inférieure à 38 % en 1982, est passée de 42,9 % en 1996 à 47,9 % en 2006. Certes, les disparités subsistent. Alors que, dans les pays développés, on comptait, en 2003, 91 travailleuses pour 100 hommes, et, en Asie orientale, 83 travailleuses pour 100 hommes, au Proche-Orient, en Afrique du Nord et en Asie du Sud, elles étaient seulement 40 à disposer d’un emploi rémunéré.
Après l’afflux des jeunes, l’urbanisation, la rareté de la nature et la fulgurance de la technique, c’est là le cinquième des chambardements de l’humanité contemporaine. Problème, si les hommes ne sont plus nécessaires à l’économie post-industrielle, ils ne sont pas disposés à abandonner leur pouvoir. L’égalité de salaires est loin d’être acquise. Dans l’Union européenne où cette dernière est inscrite dans la loi, « l’écart de rémunérations en 2006 s’échelonnait entre environ 4 % à Malte et 25 % en Estonie »[17]. Partout, les femmes sont surreprésentées parmi les travailleurs pauvres. En Inde, 36,1 % des femmes qui ont un emploi sont considérées comme des travailleurs pauvres selon le critère d’1 dollar par jour, contre 30 % d’hommes[18]. Quant aux emplois à temps partiels, ils sont leur apanage quasi-exclusif, la palme mondiale revenant aux Pays-Bas où 40 % seulement des Néerlandaises travaillent à plein-temps.
Surtout, le pouvoir réel, politique ou économique échappe au sexe que l’on peut encore dire faible. 14 Etats sur les 195 pays reconnus par l’ONU étaient dirigés par une femme en 2009 et, dans seulement 23 d’entre eux, les instances populaires -parlements ou sénats- accueillaient plus de 30 % de femmes. Dans le monde économique aussi, les femmes restent exclues des structures décisionnaires : 13 des 500 plus grandes firmes mondiales sont dirigées par une femme tandis que 97 % des terres agricoles sont la propriété des hommes…
Ces bouleversements dans la marche du monde heurtent l’humanité entière, dans sa culture, dans ses civilisations et provoquent en retour crispations et haine.
La maltraitance des femmes reste une constante quelque soit le pays : selon les données de la Banque mondiale, le viol et la violence conjugale représentent, pour une femme âgée de 15 à 44 ans, un risque supérieur au cancer, aux accidents de la route, à la guerre et au paludisme réunis. Les avancées permises par la science, telle la pilule, suscitent en retour des crispations sur les rôles traditionnels hommes et femmes, tout comme Internet desserre les liens anciens entre territoires et humains. Les difficultés d’intégration ou d’assimilation des migrants et descendants de migrants tiennent moins aux différences de culture qu’à la possibilité offerte par la technique –télévision par satellite ou réseaux sociaux- de conserver les liens d’origine.
L’humanité a réalisé, ces trente dernières années, des progrès merveilleux : quasi éradication de la faim, allongement de la durée de vie, accès à l’éducation, aux services publics, ouverture des frontières… Aujourd’hui, elle a la gueule de bois. Il lui faut trouver désormais de nouvelles façons de vivre ensemble, qui dépassent les clivages anciens.
Malheureusement, toute interrogation sur la marche du monde est proscrite par nos gouvernants. Et c’est dans la construction européenne que leur rigorisme est le plus criant.
[1] Anthropologie : science de l’homme en tant qu’il se différencie des animaux par le langage, les rites religieux et funéraires, l’utilisation de son intelligence artificielle et sociale, la complexité de ses organisations…
[2] Economiste membre du think tank « Institute for International Economics », situé à Washington, comme le FMI, la Banque mondiale, le gouvernement ou la Fed américains…
[3] Les conséquences négatives de l'adhésion de la Chine à l'Organisation Mondiale du Commerce, sur le secteur textile au Maroc par Alexandra Smadja et Badr Laboizi
ESG Paris - Marketing & Commerce international 2006 – Mémoires on line
[4] La valeur ajoutée d’une entreprise est la richesse qu’elle crée au cours de son cycle annuel de production. Elle se partage ensuite, outre les impôts et taxes divers, entre deux facteurs de production, le capital et le travail. Le premier est représenté par l’excédent brut d’exploitation, le second par la rémunération des salariés, cotisations sociales comprises.
[5] Source Insee
[6] Source : Etude annuelle de la Conférence des Grandes Ecoles (année 2013).
[7] Source : Rapport mondial sur les salaires 2010/2011 de l’OIT.
[8] Source : Tendances mondiales de l’emploi 2001 ; le défi d’une reprise de l’emploi, rapport du BIP.
[9] Cerium, Dysprosium, Erbium, Europium, Gadolinium, Homium, Lanthane, Lutecium, Neodyme, Praséodyme, Promethium, Samarium, Scandium, Terbium, Thulium, Yttrium.
[10] CaixinOnline du 11 juin 2012 ; « after year of talks, Sichuan Miner still no closer to Greenland Deal »
[11] La Chine obtiendra un poste d’observateur permanent en 2013.
[12] Projection de l’OMI (Organisation internationale des migrations)
[13] Boko Haram ou « l’éducation occidentale est un péché » : groupe islamiste du nord du pays, prônant l’application de la charia dans les états du nord du Nigeria par le recours à la violence armée, contre les chrétiens (incendies d’églises et massacres de fidèles) et les forces fédérales (attaques de commissariats et casernes).
[14] Edition de 1991
[15] Film sorti en 1999 dans lequel les hommes servent de réserve énergétique aux machines.
[16] En France, où ce « médicament », conçu au départ pour soigner les adultes dépressifs ou narcoleptiques, commence à se diffuser, on observe le même écart : 3 à 4 % des garçons à l’école y seraient soumis pour 1 % des filles. Je considère qu’il s’agit d’un scandale de santé publique : aucune étude épidémiologique n’a été lancée pour comprendre comment, en moins de 10 ans, 3 à 4 % des garçons seraient atteints d’un trouble de comportement si grave qu’il nécessite l’absorption, plusieurs années durant, d’un psychostimulant.
[17] Tendances mondiales de l’emploi des femmes 2009, rapport de l’OIT
[18] Idem
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