vendredi, 08 février 2019
De Benalla, de Crase, de Makhmudov et d’Alstom
Voici deux ans et demi que, du fait d’une vie très ou trop remplie, je n’ai plus alimenté ce blog.
Ironie de l’histoire, alors que mon dernier billet portait sur la fermeture du site turc Zaman, je reprends l’écriture au moment où un autre site, français, Médiapart, fait l’objet d’une tentative de perquisition à la suite de la diffusion d’enregistrements de conversations téléphoniques entre deux ex-gardes du corps du président de la République.
Elles sont croustillantes : les sieurs Benalla et Crase auraient, encore en fonction à l’Elysée, conclu un contrat commercial avec un magnat russe pour en assurer la protection, et celle de sa famille, lors de leurs séjours en France.
La chose est-elle illégale ? Je ne suis pas juriste et ne peux me prononcer. En revanche, comme citoyenne, je considère que l’on ne peut à la fois travailler pour le service public au plus haut de l’état et mener des activités commerciales.
Je suis aussi lectrice de la presse. Et là, je m’étonne. Aucun média n’approfondit l’info du confrère, aucune précision n’est fournie sur Iskander Makhmudov, le contractant russe de Benalla et de son affidé Crase, ni sur la réalité du contrat.
Un contrat effectif ou pas ?
Les missions de protection sont-elles effectives ? Si oui, qui sont les personnes en charge ? Sont-elles des pieds nickelés à l’aune de Benalla ou des agents de la force publique qui arrondissent leurs fins de mois ? Et, si non, pourquoi ce virement de 300 000 euros ? Correspondrait-il à un service rendu et, alors, lequel ?
Impossible pour une citoyenne lambda d’enquêter sur ce sujet. Possible en revanche de se poser des questions à partir de ce qui à la fois appartient au domaine public et reste résolument escamoté par les médias français.
Qui est Iskander Makhmudov ?
Concentrons-nous donc sur Iskander Makhmudov, succintement présenté comme un « oligarque russe proche de Poutine », « lié à des organisations criminelles ». Là, je me gausse : en Russie, tout homme d’affaires d’importance ne peut exister qu’avec l’appui du chef d’un état considéré comme mafieux.
Passons rapidement sur ses liens avec le crime, notamment présumés par la justice espagnole. Dans le cadre de sa procédure contre les « voleurs de la loi » du groupe Tambov-Malyshevskaya, inculpés en 2008 pour meurtres, trafic d'armes, extorsion, trafic de drogue etc…, elle avait envoyé Iskander Makhmudov pour « association illicite » dans une de ses geôles. Les poursuite seront abandonnées en 2017 pour manque de preuves.
De leur côté, les médias russes, ont mis en exergue le rôle joué par l’UMCC, société contrôlée par l’oligarque, dans le blanchiment d’argent issu d’exploitation de casinos et de racket par un autre groupe criminel, Izmailovskaya. En Russie, les liaisons dangereuses entre « voleurs de la loi » et dirigeants, économiques ou politiques, sont partie intégrante de la vie publique et ne font pas d’Iskander Makhmudov un businessman atypique.
Qui Iskander Makhmudov est-il vraiment ?
Né à Boukhara en 1963, cet Ouzbeck fait ses études à la faculté de Tachkent reconnue pour la qualité de son enseignement en langues « orientales » et dont les élèves étaient souvent embauchés par les services secrets russes. Iskander démarre ainsi sa carrière professionnelle en Libye et en Irak. Il revient ensuite en Russie, à Moscou où il retrouve son vieil ami et compatriote Michael Cherny avec qui il se lance dans les affaires avant de, très vite, prendre son indépendance en se lançant dans la vente de cuivre.
Il s’associe alors –nous sommes au début des années 90-, à Andrey Bokarev, que l’on retrouve co-actionnaire dans la majorité de ses entreprises. Les deux compères interviennent dans les mines et la métallurgie avec l’UMCC, également appelée Ural, dans le transport ferroviaire de pétrole et de produits pétroliers avec Transoil, et dans la fabrication de matériel roulant pour chemins de fer et métros avec Transmashholding. Officiellement détenue par la société hollandaise The Breakers Investments BV, la TMH est numéro un de son secteur en Russie, devant R-Industriya du saint-petersourgeois Vladimir Vasiliev et le groupe 1520 appartenant à Alexei Krapivin …
Avec qui travaillent Iskander et Andrey ?
Depuis la fin des années 90, on les retrouve essentiellement avec Aleksander Abramov, Michael Cherny et Oleg Deripaska, et ce à partir de la région de Kemerovo, riche en ressources naturelles et dont l’inamovible gouverneur Tuleev les a à la fois protégés et enrichis. Dès le départ de leur aventure entrepreneuriale, les deux compères ont cependant lié des liens avec des pairs plus proches du pouvoir central, notamment Maxim Liksutov, chef du département des transports de Moscou. Tous les trois créent, avec un autre partenaire, Sergey Glinka, une société de transport lituanienne appelée Transgroup AS, sur la base de laquelle sera d’ailleurs créée en 2002 Transmashholding.
Cette amitié sera fructueuse, la TMH gagnant haut la main nombre d’appels d’offres lancés par les services de Maxim Liksutov, notamment en 2014.
Pourquoi le nom de Makhmudov sort-il aujourd’hui en France ?
Malgré les présentations qui en sont faites, je vois mal un milliardaire traiter directement avec un nervi. Selon la presse russe, cela aurait été vrai au début de sa carrière -il aurait participé directement et manu militari à l’éviction du propriétaire d’une usine qu’il convoitait. Malgré les évolutions politiques récentes, les mœurs du Far East ne sont pas encore la norme en France.
Il est impossible aujourd’hui de savoir qui, en transmettant les bandes audio à Mediapart, a voulu nuire à Makhmudov.
En revanche, une coïncidence dans l’actualité économique frappe aux yeux. L’affaire Benalla-Crase-Makhmudov sort au moment où la Commission européenne de la concurrence bloque la fusion entre les constructeurs ferroviaires Alstom -français - et Siemens –allemand.
On se rappelle que cette fusion avait été précédée d’un démantèlement d’Alstom au profit de General Electric. Nous quittons alors la zone des quelques centaines de milliers d’euros pour aller dans celle des centaines de millions d’euros.
Alstom, partenaire capitalistique de Makhmudov
Ce qui se sait moins est que Alstom est actionnaire historique de Transmashholding, via la société néerlandaise officiellement propriétaire de cette dernière, The Breakers Investments BV. Alstom détenait ainsi 33 % de TMH jusqu’en 2017. Le partenariat était stratégique : le groupe français avait deux sièges au conseil d'administration de TMH, avec laquelle il avait créé une société commune TRTrans, spécialisée dans les locomotives électriques. Dans les steppes russes, l’alliance TMH-Alstom les a bien servi contre leur concurrent commun d’alors, Siemens.
Il y a deux ans cependant, la part d’Alstom dans TMH est revenue à 20 %, du fait d’une fusion des sociétés de quatre professionnels du secteur -Iskandar Mahmudov, Andrei Bokarev, Dmitry Komissarov et Kirill Lipa. D’après la presse économique russe, Alstom aurait été floué lors de cette fusion qui donnait naissance à la « quatrième plus grande au monde en termes de chiffre d’affaires par un groupe spécialisé dans la création, la production et la maintenance de matériel roulant pour le transport ferroviaire ».
Quel contexte international pour la diffusion du nom Makhmudov ?
Une mise en perspective s’impose. On n’est pas le seizième homme le plus riche de Russie sans se faire des ennemis, à l’intérieur du pays mais aussi à l’extérieur. Iskander Makhmudov, on l’a vu plus haut, est proche d’Igor Derispaka. Ce propriétaire de Rusal, société minière cotée à Paris jusqu’en avril 2018, est très surveillé par les autorités américaines : il figure sur la liste du FBI traquant les oligarques russes tout en étant au cœur de l’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016 en raison de ses liens financiers avec Paul Manafort, ancien directeur de campagne de Donald Trump.
Alors pourquoi Iskander Makhmudov s’est-il envolé pour les Etats-Unis, dès son nom sorti dans la presse française ? Selon Joha Kesninen, Il aurait ainsi rejoint l’aéroport de Teterboro dans le New Jersey le 19 décembre dernier.
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mercredi, 01 juin 2016
Investisseurs financiers, inondations et article 173
Pour la Seine, les crues sont trentenaires. Les inondations que subissent nos concitoyens s'inscrivent dans des phénomènes "naturels" récurrents qui ne sauraient aujourd'hui être imputés au réchauffement climatique.
En revanche, elles sont un avertissement pour ce qui nous attend avec la montée des températures et, amis lecteurs, je vous soumets ici un rappel d'une conférence à laquelle j'avais assisté en mai 2015, à l'Unesco à Paris.
Henri de Castries, alors patron d’Axa, premier assureur mondial et donc l’un des plus grands investisseurs institutionnels français, exprimait alors sa conviction : « un monde à +2 °C pourrait encore être assurable, un monde à +4 °C ne le serait certainement plus ».
En économie, seul ce qui est mesurable compte. A partir du moment où un assureur affirme qu’une hausse des températures de plus de 4 °C l’empêcherait de faire son métier, alors les bouleversements climatiques entrent dans la danse financière.
Cette affirmation ne relève pas de l’idéologie ou de l’affrontement climato-sceptiques contre écologistes. Elle tient aux faits : les bouleversements du climat entraînent pour les assureurs des coûts insupportables : les probabilités de sinistres dus aux inondations, aux orages et autres sécheresses augmentent à un rythme bien plus élevé que les primes d’assurances.Et les financiers –investisseurs en actions ou obligations quel que soit le cadre, Sicav ou contrat d’assurance- l’ont compris avant le grand public. Les énergies fossiles comme le charbon ou le pétrole coûtent, sur le long terme, plus qu’elles ne rapportent. Du coup, l’indice boursier du secteur américain du charbon a chuté de 96 % entre la mi 2011 et la fin 2015. En France, l’an dernier, déjà 20,5 milliards d’euros ont été investis dans le « bas carbone ».
Cela dans la droite ligne du « Montreal Pledge » de 2014 dans lequel les grands acteurs de la finance se sont engagés à évaluer et publier l’intensité carbone de leurs investissements. Parmi les signataires français, Axa, Caisse des Dépôts, Erafp, FRR, Humanis, Ircantec…
Si les financiers se désengagent de plus en plus du secteur fossile, en France ils y sont, aussi, incités par l’article 173 de la loi de transition énergétique.
Il s’applique à la soixantaine d’investisseurs institutionnels –caisses de retraite, mutuelles, assureurs…- dont le bilan dépasse les 500 millions d’euros. L’article n’est pas très contraignant. Il leur demande une description qualitative de leur prise en compte des enjeux climatiques, la quantification de leur contribution à la transition énergétique et l’intégration des critères ESG -environnementaux, sociétaux et de gouvernance- dans les politiques d’investissement.
Nous vivons dans un monde où l’argent est devenu la mesure de toute activité humaine. Pour une fois, on s’en réjouira…
jeudi, 14 avril 2016
La dérive des coûts des opérations militaires extérieures de la France
Atalante, Barkhane, Corymbe, Daman, Sangaris, de très beaux noms pour les missions difficiles des soldats français à l’étranger. Ils sont plus de 7 000 à l’étranger. Pour quel coût ? 1,2 milliards d’euros environ en 2015.
Si l’on ajoute à ce prix celui de l’opération Sentinelle de sécurisation de la France métropolitaine, le budget global de la Défense dépasse les 50 Milliards d’euros.
Aussi, en liaison avec la cour des Comptes, la commission des finances du Sénat travaille-t-elle actuellement sur la dérive des coûts des opérations militaires extérieures ou OPEX. Les crédits affectés aux armées seront accrus de 3,8 milliards d’euros d’ici 2019 mais ne devraient pas être suffisants.
Le rapport devrait être publié en juin mais on sait déjà quelques faits : les recours à la « cavalerie » sont estimés plus onéreux que le renouvellement du parc tout en soulevant des questions de souveraineté, comme par exemple le recours, durant l’opération Serval, à des avions ukrainiens affrétés par le biais d’une compagnie canadienne ou encore la fusion entre Nexter Systems, ex GIAT, et l’allemand KMW qui a conduit à l’abandon de la fabrication de munitions légères. Ce n'est pas un point anecdotique : les fusils Famas, autrefois connus pour leur fiabilité, connaissent aujourd'hui des problèmes de fiabilité, tandis que des retards d'approvisionnement ont été subis en 2014...
Les sénateurs s’inquiètent aussi des pertes de savoir-faire industriel induite par l’abandon, en 2013, du projet de lancement d’un deuxième porte-avions, la construction du Charles-de-Gaulle ayant débuté il y a plus de vingt-cinq ans ou encore celles, plus larges, dans l’élaboration de véhicules 4x4, qui ont conduit à l’achat de Ford rangers.
L'indépendance, c'est bien, encore faut-il en avoir les moyens...
11:20 Publié dans Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 17 juillet 2015
Notre-Dame des Landes : le tribunal de Nantes rejette tous les recours
Je ne connais pas le fond du dossier sur l'aéroport de Notre-Dame des Landes qui doit desservir Nantes et la Bretagne.
Depuis plusieurs années, il est l'objet d'oppositions très fermes, parfois violentes, de certains riverains et d'activistes venus de toute l'Europe. Au point que les travaux sont arrêtés depuis presque trois ans et ce malgré le soutien les Chambres de commerce des Pays de la Loire et de Bretagne et des opposants au survol de l'agglomération nantaise.
Si j'écris sur ce sujet aujourd'hui, c'est que le tribunal administratif de Nantes a rejeté tous les recours des opposants, validant les autorisations de travaux données par la Préfecture de la Loire-Atlantique. Sont donc légaux la construction l'aéroport et de la desserte routière, l'autorisation donnée à la société concessionnaire Aéroports du Grand Ouest.
Les opposants au projet restent cependant vent debout et déposent déjà leurs appels contre la décision du tribunal.
Ce qui est emblématique dans ces batailles, c'est avant tout la perte de toute confiance dans l'Etat et ses institutions, ainsi que la prise de pouvoir des associations qui se posent en détenteurs de la vérité, au mépris des décisions prises par les élus du peuple.
Je le répète, je ne connais rien au fond du dossier.Ce qui m'afflige, c'est la défiance généralisée dans la société française à l'égard des administrations publiques et de ses élus. Cette défiance tire, c'est vrai, son origine de comportements inadéquats et, souvent, de corruption.
Il n'empêche, le mal économique français, ce n'est pas le code du travail ou la surcharge d'impôts, c'est avant tout le manque de crédit, financier et politique.
08:12 Publié dans Le développement durable, c'est quoi ?, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 03 juillet 2015
Bienvenue à l'esclavage, désormais légal au pays des droits de l'homme
C'est fait ! La Cour de cassation admet aujourd'hui, dans deux de ses arrêts, que les enfants conçus par « gestation pour autrui » auront « droit » à un acte de naissance français.
Il s'agissait ici d'enfants achetés en Russie par deux Français. Sont-ils passés par l'agence Reprio ? l'histoire ne le dit pas. Pour quel prix ? assez cher. Acheter un enfant de «mère » russe, c'est avoir une chance relative d'avoir un blondinet.
On n'a pas ça en Inde, le pays le plus actif en matière de vente de ventres -un marché que la cour permanente de La Conférence de la Haye estimait en 2011 à 400 millions de dollars. En gros, si vous êtes intéressé, sachez qu'on peut trouver des gosses à 20 000 euros en Inde, jusqu'à 60 000 en Russie ou aux Etats-Unis.
La GPA étant interdite en France, la transcription dans ll'état civil français devrait être impossible.
Comment donc les juges ont-ils accepté de donner un acte de naissance français à un enfant acheté par un homme riche à une femme pauvre, dont on peut se demander combien elle a touché sur le prix total (l'agence intermédiaire se garde la plus grande part) ? C'est simple, il suffisait d'invoquer l'intérêt supérieur de l'enfant.
C'est vrai, c'est compliqué de vivre en France avec un acte de naissance étranger et, en plus, vous donne pour mère une femme que vous n'avez jamais vue mais vous a vendu.
Mieux vaut que cette « tache » originelle soit effacée.
Qu'importe que vous soyez privé de connaissances sur vos ancêtres. Qu'importe que vous soyez le fruit non de l'amour mais d'une transaction commerciale, qu'importe que, durant votre gestation, vous n'ayez jamais ressenti les caresses sur le ventre de votre mère. Et ne vous plaignez pas : vous auriez pu naître handicapé comme Gammy. Gammy, vous connaissez ? Le petit trisomique cambodgien était né, comme sa jumelle, d'une mère porteuse pour le compte de « parents » australiens. Bien entendu, ces derniers sont repartis avec la fille et ont laissé le garçon.
La France n'est pas le seul pays à autoriser la « vente de ventre » ou VDV. Je préfère appeler les choses par leur nom : VDV est plus clair que GPA.
Ce n'est pas une excuse. L'esclavage, même temporaire -9 mois- est interdit. Certes, il subsiste puisqu'on ne compte pas moins de 7 conventions de l'ONU, toutes signées par la France.
Si je reprends les termes de la Convention de 1957, nous avons bien ici un marché d'esclaves, spécialisé dans le bébé. Dans son article 7, voici la définition de l'esclavage : L'état ou la condition d'un individu sur lequel s'exercent les attributs du droit de propriété ou certains d'entre eux ».
Est également assimilé à l'esclavage, dans l'article 1 : Toute institution ou pratique en vertu de laquelle un enfant ou un adolescent de moins de dix-huit ans est remis, soit par ses parents ou par l'un d'eux, soit par son tuteur, à un tiers, contre paiement ou non, en vue de l'exploitation de la personne.
Toutes les bondieuseries autour du bien-être et l'intérêt supérieur de l'enfant acheté par un riche à une pauvre me rappellent la lecture de la Case de l'oncle Tom quand j'avais 15 ans. Oh, en fait, c'était pas toujours si terrible l'esclavage. 25 ans après, je lisais Love et Beloved de Toni Morrison et compris que, non, c'est terrible l'esclavage. Et pas seulement pour ceux qui le subissent mais, aussi, pour leurs descendants.
Nous vivons aujourd'hui le retour à la barbarie, les femmes sont ramenées à leur statut de pondeuse, et les enfants à des choses.
Combien pour ce bébé dans la vitrine ?
18:58 Publié dans Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 14 novembre 2014
Rions un peu avec Feydeau
Une grande pièce, de grands acteurs, après l'immense succès lyonnais, enfin à Paris!!!!!!!!!!!!
La dame de chez Maxim de Georges Feydeau à Paris...
Venez nombreux!!
Les représentations se tiendront Salle Adyar, 4 square Rapp à Paris les 31 janvier à 18 heures et 1er février à 15 heures.
Les places sont à retirer auprès de Catherine Vidal, au 04 72 41 71 18, pour un prix de 20 euros à l'ordre de Art-Scène.
11:53 Publié dans Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 13 juin 2014
La TTF, Laurence Boone, David Azéma ou l'amour-haine des socialistes pour la finance
Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. Une phrase culte des Tontons flingueurs, que l'on a eue cent fois à l'esprit au fil de la vie.
Elle me revient aujourd'hui face aux agissements de nos gouvernements à l'égard de la TTF ou taxe sur les transactions financières. Cette TTF, cela fait huit années que l'Union en débat. Oxfam France, ATTAC, CCFD-Terre Solidaire, Collectif Roosevelt ou Amis de la Terre, plus de trois cents ONG européennes réunies dans la « coalitionplus » ont élaboré des propositions qui ont servi de socle de réflexion à la Commission européenne et au Parlement.
Le 10 mai, elles rappelaient un premier succès à la veille des législatives européennes : onze pays européens s'étaient engagés à imposer une taxe sur les transactions financières. Encore une taxe ? oui, mais celle-ci est plébiscitée par 61 % des Européens, selon l'enquête sur la gouvernance demandée par le Parlement européen. Ils savent que la crise dans laquelle nous végétons depuis 2008 a été provoquée par les errements des banques. Et cette TTF doit servir au développement solidaire.
Premier problème : cette mesure est un trompe l'oeil. Pour être efficace, une taxe doit s'appliquer à tous et sur la même assiette. Dix pays, cela ne fait même pas la moitié des états membres de l'Union. L'assiette ? elle est comme les bols de soupe de Boucle d'or : il y en a de toutes les tailles. A priori, les états taxeraient, a minima, les actions et les obligations -c'est-à-dire les outils financiers véritablement liés à l'activité des entreprises. En revanche, les produits dérivés et le trading à haute fréquence, à l'origine de la spéculation financière, échapperont à la taxe. Ces CDS, swaps et autres subprimes constituent une « arme de destruction massive » pour reprendre l'expression de Warren Buffet, vous savez, celui qui dit aussi « la lutte des classes existe et nous les riches, nous l'avons gagnée ».
ll y a tout juste un an, les dérivés en circulation dans le monde étaient évalués à 693 000 milliards de dollars par la Banque des règlements internationaux, soit dix fois le PIB mondial ou 9 000 milliards de plus qu'en 2008, avant le déclenchement de la crise des subprimes...
Cependant, ces dérivés, l'Union ne veut pas y toucher. Elle n'arrive même pas à adopter la mesurette qu'avait imposé l'Etat français aux banques en août 2012, qui n'était rien d'autre que l'impôt de bourse supprimé en 2007 mais remplacé par une hausse de l'impôt sur les plus-values boursières.
Deuxième problème, plus grave encore : cette mesure ne sera très probablement jamais appliquée. Le Royaume-Uni a déposé un recours devant la Cour de justice de l’Union européenne contre la mise en place d’une telle taxe. Quant à Juncker, le luxembourgeois qui a de bonnes chances d'être élu prochain président de la Commission, il y est farouchement opposé.
Continuons dans l'accentuation de la gravité.
Le troisième problème est démocratique : le compromis piteux auquel sont arrivés les dix Etats signataires de la TTF n'a été adopté que pour calmer les populations avant les élections. Aucun des Etats européens n'a la volonté de lutter contre les banques. La réponse donnée à un député par le ministre des finances luxembourgeois est très éclairante sur ce point : « la déclaration faite par dix de ces onze États lors du dernier conseil ECOFIN début mai est restée très vague à ce sujet ».
Dernier problème, français : les deux derniers gouvernements français, celui d'Ayrault comme celui de Valls, s'opposent farouchement à la taxation européenne des produits dérivés, qui représentent pourtant l'immense majorité des transactions financières spéculatives. Est-ce en raison de la prochaine cotation d'Euronext, la Bourse paneuropéenne -Paris, Amsterdam... ? Non, il s'agit d'une connivence très forte entre socialistes et finance.
On se souvient que c'est lors du premier septennat de François Mitterrand qu'a été dérégulée toute l'économie française. A l'époque, c'était au nom de la lutte contre l'inflation.
Aujourd'hui, en toute impunité, dans le silence criant de la majorité comme de l'opposition, François Hollande fait venir à l'Elysée Laurence Boone comme conseillère économique. Vous la connaissez ? c'est l'ancienne économiste en chef pour l'Europe de la banque américaine Merrill Lynch... Et, dans le même temps, le directeur de l'Agence pour les participations de l'Etat, David Azema, négocie son départ pour cette même Merrill Lynch. Son expérience récente y sera appréciée : n'a-t-il pas la haute main sur EDF, GDF-Suez, Peugeot, Radio France et autres Airbus ?
Que nos dirigeants soient incapables de s'apercevoir des erreurs, ou plutôt des crimes, qu'ils commettent à l'égard de leurs électeurs, que les hauts fonctionnaires soient aussi méprisants à l'égard du bien commun est terrifiant. Terrifiant de bêtise. Terrifiant par ce qu'ils génèrent de désordres et de conflits futurs.
Ils auraient tort de se gêner : la Coalitionplus ne passe-t-elle pas par le Parlement européen pour faire passer ses idées alors que cette instance n'a aucun pouvoir et que la Commission est un pantin aux mains de l'Allemagne ?
S'il vaut mieux rire qu'en pleurer, alors je vais reprendre la lecture des mémoires de Churchill, un verre de rosé à portée de main. Lire ses moqueries sur les couardises et les bêtises des politiques européens dans les années 30, rien de tel pour retrouver le moral !
14:45 Publié dans La finance, vous pigez ?, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 05 juin 2014
Lagarde ou Juncker à la Commission européenne ? Merkel décidera
Ils nous l'avaient promis-juré, nos partisans du gouvernement français de l'heure : voter pour eux, c'était la garantie d'avoir un socialiste à la tête de la Commission européenne. Le meilleur moyen d'infléchir la politique qu'ils jugeaient trop « libérale » de Bruxelles. Et les noms de circuler -Elisabeth Guigou ou Pierre Moscovici, ce serait forcément un Français. Et peu importe que des urnes françaises soit sorti en premier un parti anti-Union, ou que le gouvernement soit incapable de tenir ses engagements budgétaires ou de mener des réformes nécessaires.
Le retour à la réalité est cruel. C'est Angela Merkel qui décide du poste. Dans un premier temps, elle a joué la carte du luxembourgeois Juncker, comme elle vient de l'affirmer devant le Congrès catholique de Ratisbonne : « I will now lead all negotiations in the spirit that Jean-Claude Juncker should become president of the European commission. »
Après le médiocre Barroso, nous aurions donc le médiocre Juncker ? Pourquoi pas, il représente le PPE, parti victorieux des urnes européennes. Et puis, il a un autre mérite : l'hostilité des Britanniques à son égard.
Et c'est là que se déploie l'intelligence tactique de la chancelière allemande. Elle savait très bien que la candidature de Juncker est insupportable au Royaume-Uni et à la France. Elle a donc attendu quelques jours avant de laisser « fuiter » un autre nom, celui de Christine Lagarde, ancienne ministre de l'économie à Bercy et actuelle dirigeant du Fonds monétaire international.
Elle fait ainsi d'une pierre deux coups. D'une part, elle aura l'accord des deux grands pays qui s'opposent à l'Allemagne -Cameron est un admirateur de l'action de Lagarde au FMI, Hollande ne peut décemment s'opposer à la nomination d'une Française à la Commission. D'autre part, elle assoit aux yeux de tous les autres états de l'Union son rôle de « Chancelière de l'Europe ».
Peu importe le président de la Commission que choisira Angela Merkel. Preuve est faite depuis longtemps que le seul exclu que tolèrent les dirigeants européens, c'est la démocratie.
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mercredi, 14 mai 2014
La crise ukrainienne et son impact énergétique et financier sur l'Europe
Elle l'avait déjà fait avec la Yougoslavie. Elle a recommencé avec l'Ukraine. Et les conséquences économiques et financières risquent d'être terribles.
En allant titiller l'ours russe, l'Union européenne a oublié que la Russie satisfait un peu moins de 30 % de ses besoins en gaz et que 40 % des livraisons passent par l'Ukraine.
Je ne fais pas ici du catastrophisme ou alors je ne suis pas la seule. Suma Chakrabarti, président de la BERD ou Banque européenne pour la reconstruction et le développement, a averti la semaine dernière qu'il s'apprêtait à réviser en très forte baisse les prévisions économiques pour l'Europe centrale .
Et l'Union européenne suivra très vite. Tant le coût de son engagement militaire et son annexion de la Crimée que les sanctions économiques et financières contre la Russe la plongent déjà en une récession qui s'étendra à l'Union. Pour l'instant, seule la Russie semble souffrir. Les symptômes ? fuites de capitaux hors de l'état de Poutine -100 Mds$ selon le FMI, chute du rouble à ses plus bas historiques contre le dollar, forte remontée des taux d'intérêt par la Banque centrale russe.
Il était attendu pour l'Union européenne un petit 1 % de croissance pour cette année. Il est probable que ce taux ne sera pas atteint. La Pologne, la Hongrie, la Tchéquie sont déjà affectées par la crise russe, autant de pays dont la récession affectera l'Allemagne, principal contributeur à la croissance du PIB européen.
Avions-nous vraiment besoin de retomber en récession ?
09:49 Publié dans Les enjeux de l'énergie, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 08 mai 2014
Derrière l'affaire Alstom, l'entrisme des gouvernements, puis l'affaire des sièges sociaux
Alstom veut donc vendre à General Electric sa division énergie qu'il est incapable de développer seul. Une triste affaire, classique dans le monde de l'entreprise mais, aussi, spécifiquement française. Si le groupe dirigé par Patrick Kron ne peut financer la croissance de sa branche, c'est aussi parce que son actionnaire principal, Bouygues, n'en a pas les ressources du fait de la guerre des prix qui sévit dans le domaine des télécoms. Mais comment Bouygues s'est-il trouvé actionnaire d'un équipementier électrique et ferroviaire ? Du fait d'un jeu de meccano : en 2006, l'Etat lui avait revendu, pour 2 milliards d’euros, sa participation de 21 %. Un choix judicieux pour les finances de l'Etat mais peu opportun d'un point de vue stratégique. Déjà, Bouygues n'avait pas les moyens financiers pour aider Alstom, encore fragile, à développer un métier très gourmand en capitaux.
Aujourd'hui, l'Etat, bien plus faible qu'il y a huit ans, cherche à empêcher un mariage qui, du point de vue industriel, se défend : General Electric, très implanté en France, a souvent répondu à des appels d'offre avec Alstom et ses activités énergétiques sont complémentaires de celles de ce dernier.
Malheureusement embourbé dans des a priori idéologiques, le gouvernement actuel s'oppose à ce rapprochement et pousse à une vente à Siemens. Il oublie dans le même temps qu'une telle « solution » créerait de la casse sociale à court terme et, à moyen terme, serait destructrice de valeur : les groupes français et allemands sont farouchement concurrents et leurs équipes commerciales portent chacune un lourd contentieux.
Arnaud Montebourg plaide que « les centres de décision sont un sujet fondamental ». En effet, en cas de succès de l'offre américaine, les activités seraient consolidées par General Electric aux Etats-Unis, même si les centres opérationnels resteraient en France.
Le ministre de l'économie et du redressement productif découvre par là-même un problème déjà ancien. Si l'on passe en revue les sièges sociaux des groupes du CAC 40, 4 d'entre eux ont déjà quitté la France, 2 s'apprêtent à le faire. Airbus a placé son siège à Amsterdam, ArcelorMittal à Luxembourg, Gemalto à Amsterdam, Solvay, repreneur du chimiste Rhodia, à Bruxelles. L'émigration se poursuivra dans les prochains mois, avec Publicis à Amsterdam, après sa fusion avec Omnicom, et Lafarge en Suisse après son mariage avec Hocim.
Plus discrètement, d'autres entreprises ont laissé leur siège en France mais déplacé leurs dirigeants ailleurs. La direction générale de Schneider se trouve aujourd'hui à Hong-Kong, les services de trésorerie et de communication financière de Total sont partis à Londres.
Le départ des sièges ou directions à l'étranger ne signifie pas seulement perte fiscale. Il y a plus grave : la perte durable de chiffre d'affaires en France pour les PME de services et cabinets d'avocats qui travaillaient pour ces centres de décision.
Les déboires d'Alstom sont révélateurs de la perte d'attractivité de la France. Celle-ci ne tient pas au succès à l'étranger des entreprises françaises mais bien à un manque de vision de la part de ses dirigeants.
En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/entreprises/alstom-le-match...
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09:08 Publié dans Les entreprises qui reculent, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 12 août 2013
Panneaux solaires chinois : accord déséquilibré entre Chine et Bruxelles
On se rappelle que, le 4 juin, l'Union européenne avait accusé de dumping les équipementiers solaires chinois, à la suite des plaintes de ProSun, le groupe d'entreprises européennes du secteurs. Suivant l'exemple des Etats-Unis, elle avait de ce fait relevé -provisoirement- ses droits de douane à 11,8 % puis, le 6 août dernier, à 47,6 %.
Des gestes forts pour amener la Chine à ouvrir des négociations, son excédent commercial sur les équipements solaires atteignant 21 milliards de dollars. Les discussions ont finalement abouti : les panneaux ne pourront être vendus à moins de 0,56 euro par watt solaire fourni tandis que le volume maximal d'exportation vers l'Europe sera limité à 7 gigawatts.
Cet accord semble bien être en trompe-l'oeil. En effet, le prix de 0,56 euro correspond au prix actuel des fournisseurs chinois, inférieur aux coûts réels de production en Europe... aussi ProSun a-t-il décidé de porter le sujet à la Cour européenne de justice contre cet accord qu'il qualifie d'« illégal ».
lundi, 13 mai 2013
Du solaire aux télécoms, la guerre commerciale sino-européenne
Enfin ! Près de deux ans après les Etats-Unis, l'Europe va se protéger des importations des panneaux solaires chinois.
A partir du 6 juin prochain, elles seront taxées à hauteur de 47 % en moyenne, avec une amplitude allant de 37 à 68 %.
Il s'agit là d'une bataille commerciale de taille, les importations chinoises étant évaluées à 21 milliards d’euros.
L'Union a-t-elle des chances de la gagner ?
Malheureusement, je ne le pense pas.
D'abord, il est trop tard : la Chine a déjà presque réduit à néant les capacités productives en Europe où elle exporte 80 % de ses productions. Ensuite, le passé nous a appris la faiblesse de l'Europe. Souvenez-vous de la taxe carbone aérienne sur les vols intercontinentaux. La Chine ayant menacé de geler ses commandes d'Airbus, la Commission a fait marche arrière en repoussant l'éventualité de la taxe à l'automne 2013... La Commission ayant besoin de l'aval des 27 membres de l'Union, il y a au moins 1 chance sur 27 que les taxes solaires ne passent pas.
Par ailleurs, comme nous l'expliquions le 12 février dernier, la Chine elle-même souffre de surproduction. La clientèle européenne est indispensable à la survie de ses propres entreprises et l'on peut être certain de sa riposte.
Celle-ci a déà commencé. Au moment où l'Union informait de sa volonté de taxer le solaire chinois, la Chine informait de son côté qu'elle allait lancer une procédure anti-dumping contre les fabricants européens de tubes sans soudure, dont le numéro un mondial est le français Vallourec. Cela peut faire sourire mais la Chine est le troisième consommateur mondial de ces tubes, indispensables au transport du gaz et autres liquides...
Enfin, derrière les industries renouvelables ou d'équipements, se profile un dernier dossier, bien plus sensible, celui des équipementiers télécoms. Huawei et ZTE sont dans le collimateur de la Commission qui les soupçonne de pratiques anti-concurrentielles. Celà, c'est la version officielle. Officieusement, ces deux groupes serviraient à l'espionnage industriel et politique chinois. C'est pour cette raison que ZTE par exemple est interdit sur le territoire des Etats-Unis.
Ici aussi, il est peu probable que l'Europe soit capable d'agir. Ne serait-ce que parce que les éuipementiers européens, Alcatel ou Nokia, refusent de collaborer avec elle de peur de rétorsions...
10:07 Publié dans Les enjeux de l'énergie, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 12 décembre 2012
Enfin un brevet unique pour l'Union européenne
Lundi, les députés européens ont voté le texte sur le brevet unitaire de l'Union européenne. Rappelons que, aujourd'hui, tout brevet déposé dans un pays de l'Union doit l'être dans les autres pays pour être protégé, comme s'il s'agissait d'un Etat africain, américain ou asiatique. Les frais de traduction et les redevances sont donc supprimés : les inventeurs s'adresseront à l'Office européen des brevets qui leur accordera un brevet unitaire valable pour les 25 Etats membres de l'Union. Une chambre des litiges sera instituée. Concrètement, un inventeur hongrois vendant en Italie et piraté par un opérateur portugais n'aura plus à saisir trois tribunaux à la fois...
Disponibles à partir de 2014, ces brevets devront être rédigés dans l'une des trois principales langues officielles, allemand, anglais et français. La diminution par six des frais de traduction abaissera fortement le coût des brevets.
Rappelons que, en Europe, le coût moyen d'un des 62 000 brevets déposés en 2011 s'élevait cette même année à 36 000 euros ; en Chine, les 172 000 brevets déposés ont coûté chacun 600 euros à leur inventeur et, aux Etats-Unis, 2 000 euros pour chacun des 224 000 brevets déposés.
Pour une fois que l'Union européenne simplifie et diminue le prix des activités économiques !
08:51 Publié dans Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 10 février 2012
Le Japon et sa dette publique, un cas riche d'enseignement
Mardi 7 février, le Club des Professions Financières recevait Denise Flouzat. Le chercheur et administrateur de la Fondation de la Banque de France s’exprimait sur « La crise de la dette publique au Japon ».
Un sujet qui permet de nourrir la réflexion sur la dette publique en Europe, puisque, dans ce pays, la dette souveraine brute atteint 204 % du PIB…
Jean-Marc Daniel, président du CPF, rappela d’abord que la Guinée équatoriale est le seul pays au monde sans dette publique. Quel avenir est-il alors le plus rieur : celui du Japon ou de la Guinée ? A ceux qui affirment que la dette publique japonaise ne pose pas problème parce qu’elle est détenue par les nationaux, il posa la question suivante : vaut-il mieux ruiner des étrangers ou ses concitoyens ?
Eludant cette dernière question, Denise Flouzat s’en posa une autre à elle-même : Pourquoi choisir le Japon pour sujet d’étude ? « En raison de ses spécificités qui confinent au mystère ».
TROIS PALIERS DE CROISSANCE
Dentelle au bord du continent asiatique, au relief accidenté peu propice au développement, la capacité de rebond du Japon est extraordinaire : la révolution Meiji fut un rebond contre les velléités d’intrusion américaines, à la fois économique et militaire et unique en Asie.
Le pays a connu trois paliers de croissance depuis 1945 : à un taux de 9,4 % jusqu’en 1973, année du choc pétrolier marquée par un taux de 25 % d’inflation et une hausse de 30 % des salaires ; ensuite, durant la période 1974-1990, les réserves de croissance s’amenuisèrent, avec un taux annuel moyen de 4,2 % mais ce fut aussi une période de challenge avec les Etats-Unis grâce à la montée en puissance de l’industrie japonaise dans la chaîne de la valeur ajoutée. Cette belle période se conclut sur une bulle, surtout immobilière, puis en un krach rampant. Depuis 1991 et jusqu’à 2008, la croissance annuelle se situe à 1,2 % en moyenne.
DEUX CATASTROPHES NATURELLES EN VINGT ANS
Ces 20 dernières années, le Japon a subi de graves attaques, naturelles, terroristes et économiques. 1995, annus horribilis, fut ainsi marquée par le tremblement de terre de Kobé (5 000 morts), par l’attentat au gaz sarin dans le métro ainsi que par la hausse du yen ou « endaka » et, enfin, par le début de la crise bancaire.
A partir de 2003, le Japon se reprit, avec une croissance annuelle de 3 % jusqu’à 2008, lorsque la crise financière mondiale toucha le pays par les exportations. Le PIB chuta alors de plus de 5 % en 2009, avant de rebondir en 2010.
2011 commença cependant avec le tsunami qui provoqua la mort de 26 000 personnes. La rapidité de réaction des entreprises permit d’enrayer la cassure de la chaîne logistique mais, durant le quatrième trimestre, les exportations furent pénalisées par la hausse de la valeur du yen, valeur refuge. Aussi les perspectives da croissance de 2012 estimée à 2,2 % par la banque du Japon, furent-elles réduites à 1,7 % par le FMI.
LE KRACH RAMPANT ET SON IMPACT SUR LA POLITIQUE MONÉTAIRE
Dès le début des années 80 déjà, la dette publique représentait 60 % du PIB. La violence du krach des années 90 entraîna le lancement de onze plans de relance, pratiquement un par an, jusqu’en 2002. Cependant ces plans étaient focalisés sur le bâtiment, la construction et les infrastructures routières, activités à une faible valeur ajoutée et peu contributrices de relance.
En revanche, la politique monétaire a été inventive : l’overnight collrate, taux directeur du Japon, a affiché un taux zéro de 1999 à 2006. La banque du Japon a aussi inventé le quantitative easing (rachat de titres publics et privés), pratiqué jusqu’en 2006 puis repris en 2008.
Dans le même temps, la banque centrale a échoué dans son désir de créer un peu d’inflation. Notoire en Bourse et dans l’immobilier, la chute des prix a touché aussi la consommation. Le CPI (indice des prix à la consommation hors produits frais) a reculé de 4 % entre 1998 et 2006. Sur la même période, les prix en Europe montaient de 30 %. Cependant, cette déflation n’empêche pas que les prix restent encore supérieurs de 30 % à ceux observés en Europe.
EVOLUTION DE LA DETTE ET CHARGE DE LA DETTE DE 1990 À 2011
Il y a une gestion particulière ou plutôt une absence de gestion de cette dette : Il est vrai qu’elle est peu chère : 1 % de rendement pour les « japanese government bonds » seulement. Le coût de la dette est donc faible dans le budget.
Or, la dette publique brute atteint, en 2010, 204 % par rapport au PIB (99 % pour les États-Unis, 81 % pour l’Allemagne et 87 % pour la France). En termes nets, la dette publique peut être estimée à environ 130%, compte tenu notamment des flux compensatoires d’endettement de ses importantes réserves de change (1 300 milliards de dollars).
L’indifférence des dirigeants politiques à l’égard de l’ampleur de la dette s’explique aussi par le caractère national de cette dernière. 95 % environ de la dette est détenue par des Japonais (via 45 % par les banques, 20 % par les fonds de pension et 20 % par les assureurs, 10% par la Banque du Japon et 5% par les Japonais directement via la Poste). Aussi les agences de notation ne pèsent-elles pas dans le débat public. Autrefois même, la dette japonaise souveraine a été notée moins bien que le Botswana.
Cependant, les pouvoirs publics ont essayé de réduire la dette par le recours à la taxe sur la valeur ajoutée, inconnue jusqu’en 1989. C’est le 1er avril de cette année-là que fut instaurée la taxe sur les transactions au Japon, à un taux de 3 %.
Une mesure très impopulaire. Lorsque, en 1998, le gouvernement voulut remonter la taxe à 5 %, il a subi une grève de la consommation qui a aggravé la situation.
Après le tsunami de 2011, le premier ministre Satsuki Noda a évoqué l’éventualité d’augmenter cette taxe, à 8 % en 2014 puis entre 8 et 10 % en 2015 (le FMI demande un taux de 15 %). Mais l’hostilité de la population à l’égard d’une telle mesure demeure.
Aussi le coût de 230 milliards d’euros du tsunami, soit 4 % du PIB, à étaler sur une dizaine d’années, sera-t-il essentiellement supporté par les émissions de bons obligataires.
Au coût de la reconstruction s’ajoute celui de l’électricité. Avant, elle provenait à 30 % du nucléaire mais l’accident nucléaire de Fukushima a provoqué la fermeture de nombreuses centrales. Du coup, l’importation d’énergie a entraîné en 2011 le premier déficit commercial depuis 1980.
LES ATOUTS DU JAPON
Le Japon possède des atouts pour résoudre le problème de la dette. Le premier d’entre eux est sa cohésion sociale. Ensuite viennent la qualité de sa recherche (4 % du PIB) et sa base industrielle avancée avec de quasi monopoles mondiaux dans certains secteurs technologiques.
La cohésion sociale entraîne aussi que les salaires constituent un stabilisateur de la conjoncture : dès qu’il y a récession, les bonus sautent et les salaires baissent. Du coup, le chômage est très faible : 4% aujourd’hui.
Enfin, il y a la proximité du Japon avec les pays asiatiques, industriels du monde.
Parmi les faiblesses du Japon, Denise Flouzat a évoqué la démographie, même si les vieux Japonais travaillent plus et sont en meilleure santé que les Européens. Plus inquiétante lui paraît la faiblesse du pouvoir politique et, peut-être, un sentiment de repli sur soi dans la jeunesse.
Mais le Japon est aussi le pays offrant une contradiction essentielle. Pays vieilli par sa démographie, devenu rentier en raison de l’importance de ses placements à l’étranger, il est aussi le seul pays développé grâce à ses efforts dans le domaine de la recherche à conserver une base industrielle avancée pouvant assurer à l’avenir sa capacité de rebond.
13:33 Publié dans Et ailleurs, c'est comment ?, La finance, vous pigez ?, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 12 décembre 2011
Union européenne : derrière la promesse d'un traité, la menace du FMI
Vendredi, les pays de la zone euro se sont donc engagés sur une plus grande intégration économique et budgétaire. Celle-ci devra être inscrite dans un traité mais plusieurs points sont déjà fixés.
Les pays aux déficits excédant 3 % du PIB seront sanctionnés automatiquement sauf si une « majorité qualifiée » de pays en décident autrement. Chaque pays devra intégrer dans sa législation une « règle d'or » budgétaire : ces déficits ne devront pas dépasser 0,5 % du PIB sur la durée d’un cycle économique.
La Grande-Bretagne a décidé de ne pas s’associer à cette refondation. En revanche, les 9 autres pays de l’Union européenne qui, comme les Britanniques, n’ont pas adopté l’euro, y participeront, sous réserve de consultation de leur Parlement pour certains d’entre eux.
Cette énième proposition aura-t-elle du succès ? Peu probable. L’agence de notation Moody's souffle encore le froid. Elle va réexaminer les notes des pays de l'Union européenne au premier trimestre 2012. Le sommet n’a, selon elle, pas donné de résultat décisif et ne protège pas la zone euro de nouveaux chocs.
Une opinion partagée par Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI : l’accord des Etats européens ne constitue pas « une solution complète pour résoudre la crise budgétaire qui frappe la zone euro ».
Pour les pays européens, la perte du triple A, avérée pour les plus grands d’entre eux, sans doute avant Noël, est une perspective moins terrible que celle d’un passage sous contrôle du FMI. Pour Jürgen Stark, qui vient de démissionner de la Banque centrale européenne, il s’agirait même d’ « un acte de désespoir ».
D’où la décision, prise lors de ce même sommet de vendredi, d’étudier la possibilité d’un prêt au FMI de 200 milliards d’euros.
L’Union européenne a dix jours pour débloquer ces fonds. C’est là que se joue son avenir.
16:30 Publié dans La finance, vous pigez ?, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 25 novembre 2011
CRISE DE LA DETTE EUROPENNE : LES NEUF ERREURS DES DIRIGEANTS
Comme tous les vendredis, nous faisons le point sur une tendance de fond de l’actualité financière. Aujourd’hui, il s’agit de reprendre les grandes étapes de l’avancée vers la faillite politique de l’Union monétaire européenne, la faillite économique étant avérée.
Les moments-clés depuis mai 2010
Un retour en arrière s’impose. Voici les moments forts des 18 mois écoulés.
2 mai 2010 : la Grèce obtient une aide du FMI (Fonds monétaire international) et de l’Union monétaire européenne : ces derniers lui prêtent sur 3 ans 110 milliards d’euros, soit respectivement 30 et 80 milliards.
Analyse : cette aide est insuffisante au regard des besoins de l’état, endetté à hauteur de 120 % du PIB et frappé par la crise mondiale qui affecte particulièrement les secteurs du transport et du tourisme.
10 mai 2010 : l’Union européenne se dote d’un fonds de stabilisation financière, l’EFSF, qui sera doté de 750 milliards d’euros, dont 440 proviennent des Etats de l’UE et 250 du FMI. Le même jour, la Banque centrale européenne s’octroie le droit d’acheter de la dette publique sur les marchés secondaires (ceux où s’échangent les obligations, pas lors de l’émission).
Analyse : plus d’un an après, l’EFSF n’a toujours pas reçu la totalité des fonds prévus. Ses capacités de levier sont quasi-inexistantes du fait de la méfiance des investisseurs. Il devrait perdre sa notation AAA (prononcer triple A) dans les prochains mois.
18 octobre 2010 : l’accord de Deauville crée un deuxième « mécanisme permanent de résolution de crise ». Il s’agit de l’ESM ou European Stability Mechanism. Placé sous la tutelle de l’Eurogroupe, l’ESM est doté aujourd’hui d’un capital de 80 milliards d’euros qui pourra être porté à 620 milliards et dont la capacité de prêt atteint 500 milliards. Il intervient par des prêts aux Etats.
Analyse : l’ESM est sous-dimensionné et n’a jamais vraiment fonctionné.
3 mars 2011 : Trichet gèle le programme d’achat de dette publique. Cette position sera tenue jusqu’à août 2011 lors des attaques massives sur les titres grecs et de l’assèchement des liquidités. Il maintient également les taux directeurs de la Banque centrale.
Analyse : la liquidité bancaire reste très chère, l’euro est surévalué, la croissance économique est freinée.
28 août 2011 : Jackson Hole, directeur général du FMI, souligne le manque de capitalisation des banques européennes au regard de leur exposition au risque des dettes publiques européennes.
Analyse : le marché interbancaire est quasiment bloqué, les exigences en termes de ratios de capital sont augmentées, les banques limitent leurs crédits tant aux entreprises qu’aux Etats souverains. La crise de la dette s’auto-alimente.
30 août 2011: le parlement italien abandonne certaines des mesures d’austérité promises en juillet.
Analyse : la crédibilité de tous les pouvoirs politiques européens est écornée. Pour la première fois, un état membre du G7 perd sa souveraineté puisque le FMI envoie, quasi-immédiatement, une mission de contrôle.
31 octobre 2011: après avoir obtenu du sommet européen du 26 octobre un deuxième plan de sauvetage d’un montant de 130 milliards d’euros, le premier ministre grec Georges Papandréou annonce un référendum sur ce plan.
Analyse : la crédibilité des dirigeants politiques européens, notamment Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, est totalement perdue. Le défaut total de la Grèce (le non remboursement des dettes) apparaît probable, tout comme le démantèlement de l’Union européenne.
4 novembre 2011: la BCE désormais dirigée par Mario Draghi abaisse son taux directeur et maintient qu’elle ne s’engagera pas sur des achats d’emprunts d’Etat.
Analyse : la baisse des taux est trop légère (25 points de base, soit un quart de pour cent) pour freiner l’arrivée de la récession. Le refus d’achats d’emprunts d’Etat, donc de dette italienne, précipite le départ du premier ministre italien Berlusconi.
23 novembre 2011 : la rencontre Merkel-Sarkozy-Monti débouche sur un accord a minima, la progression vers une union budgétaire plus étroite.
Analyse : les euro-bonds n’existeront jamais, ne serait-ce que parce que les dirigeants européens travaillent, sans le dire, sur un racornissement de la zone euro. L’indécision politique raréfie encore plus l’offre de crédit, accroissant l’ampleur de la récession.
Et demain ?
1 / Pourrissement des dettes publiques : d’ici 3 semaines à 3 mois, la France devrait perdre son « triple A ». Ces derniers jours, la note des obligations de la Hongrie a été rabaissée par l’agence Standard & Poor’s dans la catégorie « junk » ou « pourrie », celle des emprunts portugais a été ramenée au niveau « spéculatif » tandis que l’Allemagne, pour la première fois, a subi des difficultés lors d’une émission d’emprunts publics (3,65 milliards d’euros placés au lieu des 6 milliards prévus).
2 / Eclatement de la zone euro : il est certain. Espérons qu’il ne soit pas « désordonné ».
3 / Récession en Europe : les mesures d’austérité visant à améliorer les soldes budgétaires affectent l’économie, tout en risquant d’être inefficace. Sans entrées fiscales ou sociales, les déficits publics resteront élevés.
4 / Perte de souveraineté des Etats européens : déjà presque totale après les interventions récentes du FMI, elle se traduira par une perte du pouvoir dans les instances intergouvernementales type G 20 ou sommets de l’ONU.
5 / Impact sur les peuples : aujourd’hui « révoltés » (Grèce ou Slovaquie) ou tétanisés (Portugal, Espagne, France, Irlande…), ils réagissent pour le moment en favorisant l’alternance politique. Cela suffira-t-il ? les conséquences sociales de la crise de la dette seront très sévères, notamment pour les retraités.
08:30 Publié dans La finance, vous pigez ?, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 24 novembre 2011
Réforme de l’UE : et pendant ce temps, le FMI se prépare
Les Grecs ne savent pas s’ils pourront se payer leurs fonctionnaires en décembre, la quasi-totalité des Etats européens ne peuvent plus émettre d’emprunts d’Etat sauf à des coûts écrasants, les plans d’austérité précipitent l’Europe, et le reste du monde –voir la Chine- dans la récession, cela ne paraît pas grave pour nos dirigeants politiques. Ils ont trouvé mieux à faire : réformer les Traités européens…
Certes, l’Union monétaire ne fonctionne plus et une réforme s’impose.
Rappelons les propositions, d’Angela Merkel essentiellement : renforcer la surveillance supranationale du budget des Etats-membres, inclure dans les traités une clause donnant le droit à la sortie de la zone euro, tout en restant dans l’Union européenne.
Deux types de questions se posent alors. Les premières sur le fond : qu’en est-il de la démocratie si le vote des budgets, partout assuré par des élus, est soumis à une censure supra-étatique ? Déjà, on peut assurer que le Bundestag n’adoptera jamais une telle décision, contraire à la constitution allemande. Les seconds types d’enjeux sont sur le timing : une telle réforme, même baptisée « amendement », prendra du temps et nécessitera la consultation de 27 peuples, soit par référendum soit par vote.
Ironie des temps : le Conseil européen se réunira pour débattre de cette future « union de la stabilité » le 9 décembre prochain, au moment où devra être débloqué l’énième aide à la Grèce…
Réjouissons-nous ! L’Europe n’est pas le Titanic. Tandis que ses capitaines jouent la sérénade aux peuples, le FMI ou Fonds monétaire internationale se prépare à venir à leurs secours. Il vient d’adopter une nouvelle facilité de crédit, dite PPL, d’une durée de deux ans, confectionnée sur mesure pour l’Europe.
L’Europe risque donc d’être sauvée.
Et encore, ce n’est pas certain. Le PLL pourra être utilisé jusqu’à 5 fois le quota de chaque pays dans le FMI. On arrive donc à des sommes comprises entre 10 et 100 milliards d’euros… à comparer aux besoins d’émissions, supérieurs à 200 milliards pour 2012 pour l’Italie ou la France…
Le hic, c’est que le FMI est comme tous les pompiers : quand il éteint le feu, il utilise l’eau et la hache. Demandez aux Argentins ou aux Thaïlandais…
09:05 Publié dans La finance, vous pigez ?, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 23 novembre 2011
Europe : vers une séparation des activités bancaires ?
Petit à petit, l'idée d'une séparation des activités bancaires entre métiers de détail et métiers de financement fait son chemin en Europe. Si vous avez lu notre billet « des licenciements pré-récession », vous savez que nous sommes partisans d'une telle mesure.
Or, la Commission européenne vient d'annoncer qu'elle étudiait la question dont les réponses seront données courant 2012.
Ce changement d'attitude du commissaire Michel Barnier s'inscrit dans un mouvement de fond ailleurs en Europe.
Au Royaume-Uni, le rapport Vickers remis au gouvernement en septembre dernier plaidait déjà pour un encadrement des activités à risque. Il ne se traduira cependant pas par des mesures concrètes avant 2019... En Allemagne se tient actuellement un débat national sur la question. Favorable à une séparation des activités, le gouvernement n'a pas encore tranché. En Suisse enfin, des discussions sont également en cours entre le gouvernement et les banques.
En France, seul le Parti socialiste a repris l'idée.
Aux Etats Unis, une loi a déjà été votée début 2010, la loi Volcker ou Dodd-Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act, dans le cadre des réformes de Wall Street. Contrairement à Londres où le gouvernement a résisté au lobbying bancaire, Washington a dû s'incliner. La séparation banque de détail - banque d'investissement n'a pu être adoptée mais il sera désormais interdit aux établissements bancaires de spéculer pour leur compte, de détenir des fonds spéculatifs... L'entrée en vigueur du texte est fixée au plus tard au 21 juillet 2012.
Autre changement encourageant de la Commission européenne en charge du marché intérieur : elle prépare, pour 2012 également, une réglementation sur les « shadow banks ». Mieux vaut tard que jamais...
08:03 Publié dans La finance, vous pigez ?, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 09 novembre 2011
Vers une taxation du trading à haute fréquence ?
La commission des Finances du Sénat vient de créer une « taxe sur les transactions automatisées » qui serait opératoire à partir du 1er janvier 2012. Cet amendement s’inscrit dans le projet de budget pour 2012. Le but est d’entraver l'essor du « trading haute fréquence ». Pour les sénateurs –et ils ont raison-, le taux d’annulation de ces ordres transmis à des vitesses de nanosecondes dépasse les 95 %, ce qui induit une « liquidité fantôme » et, surtout, « une instabilité permanente du carnet d'ordres », « un effet d'éviction sur les marchés transparents au profit des lieux de négociation opaques (dark pools) » et « de nouvelles facultés d'abus de marché et de manipulation des cours ».
La taxe frapperait les prestataires de services d'investissement dans les cas de « dépassement quotidien d'un taux d'annulation de 50% des ordres d'achat ou de vente d'instruments financiers qu'ils transmettent à des marchés "transparents" ». Voulue par la majorité de gauche au Sénat, cette taxe doit être reprise par l’Assemblée nationale, majoritairement à droite. Compte tenu des désordres provoqués par le « high frequency trading », cette taxe sera probablement reprise par les députés.
Son impact n’en demeurera pas moins limité : l’essentiel des donneurs d’ordres sont domiciliés dans des abris fiscaux et réglementaires.
23:28 Publié dans gouvernance, La finance, vous pigez ?, Nos élites, elles font quoi ? | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 novembre 2011
B20 et L20 main dans la main au G20 à Cannes
B20, L20 vous connaissez ? autant que le G20 ? Bon, quelques définitions s’imposent.
Le G 20, c’est le groupe des 20 premières puissances économiques mondiales. Il est né en novembre 2008, après que la naissance de la crise financière aux Etats-Unis ait légitimé le partage de la direction du monde avec les nations « émergentes », Afrique du Sud, Arabie saoudite, Chine, Corée, Mexique…
Le B20, c’est le Business 20. Il rassemble les 20 organisations patronales des pays du G 20 plus 120 dirigeants d’entreprises internationales. Dirigé par Laurence Parisot, elle-même patronne du Medef français, il a été créé officiellement à Séoul.
Enfin, le L20, c’est le Labour 20 qui rassemble les organisations syndicales des pays du G 20. Il est piloté par la CSI ou Confédération syndicale internationale qui compte quelques 300 adhérents. Sharon Burrow, secrétaire générale de la CSI, est, aussi, la représentante du L20.
Deux précisions sur le L20. Il devrait s’appeler L19 parce qu’il ne comporte pas de représentants d’Arabie saoudite où les syndicats sont interdits. En revanche, les syndicats chinois en font partie, bien que non membres de la CSI…
C’était donc la première fois que le L20 et le B20 étaient invités à un sommet du G 20. Et c’est aussi la première fois qu’ils se sont exprimés d’une seule voix sur les droits des travailleurs, sur l’emploi, sur un socle minimal de protection sociale et sur la « cohérence multilatérale ».
Elaborée durant un an sous la double direction de Sharon Burrow et de Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d’assurance, une première déclaration commune a été publiée à la fin du G 20.
En voici les premières lignes :
« Le B20 (organisations patronales des pays membres du G20) et le L20 (syndicats des pays membres du G20) expriment leur profonde inquiétude quant à la situation économique mondiale. Les travailleurs et les entreprises sont confrontés, à l’échelle globale, à l’instabilité des marchés, qui se traduit notamment par un accroissement du chômage, de fortes incertitudes existant sur le marché du travail et des perspectives économiques qui demeurent sombres. En conséquence, nous souhaitons saisir l’opportunité que des problématiques d’ordre social soient mises sur l’agenda du G20, pour attirer l’attention des gouvernements sur quelques enjeux majeurs par rapport auxquels ils ont développé une vision commune. »