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vendredi, 18 mai 2012

Le G8 d'aujourd'hui, crucial pour le G20 de Mexico

C'est une réunion cruciale qui se tiendra aujourd'hui et demain à Camp David où se retrouvent les chefs d'Etat du G8.
Le groupe des huit -Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et Russie- a longtemps dominé la planète, économiquement et politiquement.
Aujourd'hui, il a perdu de sa force économique : le PIB chinois est le deuxième au monde, ceux de l'Inde et du Brésil sont supérieurs à ceux du Canada, de l'italie et du Royaume-Uni.
Il a perdu de sa force financière : 3 de ses membres font partie d'une Union monétaire européenne en voie de dislocation, 5 font partie des pays les plus endettés au monde.
Ayant dû, logiquement, abandonner un peu de sa force politique aux puissances émergentes, le G8 doit impérativement rester uni pour maintenir ce qui reste de sa suprématie diplomatique.

C'est mal parti : déjà, le président Poutine ne sera pas présent à Camp David, la Russie s'opposant sur plusieurs points aux autres membres, sur la Syrie notamment. Les relations sont tendues entre Cameron, chef du gouvernement britannique, et les dirigeants des autres pays européens. Le Japon est englué dans ses problèmes d'énergie et de reconstruction. Quant au Canada et aux Etats-Unis, ils ne cessent de critiquer la zone euro pour le retard pris dans ses remèdes structurels et pour les risques de récession qu'elle fait courir au reste du monde.

Ambiance, ambiance...

Or, il est impératif que le G8 parvienne à afficher un front uni, à 30 jours de la tenue du G20, à Los Cabos au Mexique, où les Européens tendront la sébille pour recevoir les subsides du Front Monétaire International...
Si le G8 parvient à s'accorder sur des mesures efficaces de relance de la croissance européenne et d'assainissement du système bancaire, alors le sommet de Camp David sera un succès.
Dans le cas contraire, il sera une marche de plus dans la descente.

 

 

 

 


jeudi, 17 mai 2012

Le G8 se prépare à l'explosion de la zone euro

C'est la panique en Grèce : depuis lundi, les citoyens se ruent dans les banques pour retirer leurs avoirs, au rythme de 800 millions d'euros par jour. Ils craignent que la sortie de leur pays de la zone euro et, donc, le retour à la drachme, ne provoquent un effondrement de la valeur de leur épargne.
Ce n'est pas la première fois que les Grecs retirent massivement leur argent. Cependant, le scénario est différent de celui d'avril 2010, avec des sorties massives de capitaux suivies d'un premier plan de sauvetage européen.
Ce n'est pas la panique parmi les dirigeants du G8 qui se réuniront demain et samedi à Camp David aux Etats-Unis mais le sauve-qui-peut parmi les étrangers à la zone euro (Canada, Etats-Unis, Japon, Royaume-Uni et Russie).
Barak Obama a ainsi comparé hier la crise gréco-européenne à une tempête qui pourrait mettre à bas le rebond encore fragile de l'économie européenne. Quant au premier ministre angalais David Cameron, il a été clair hier à Manchester : « soit l'Europe a une eurozone engagée, stable et réussie avec des systèmes de pare-feux efficaces (...), soit nous sommes en territoire inexploré, porteur de risques énormes pour tout le monde. (...) Quel que soit le chemin qui sera prix, je dois faire tout ce qui est nécessaire pour protéger mon pays et mettre à l'abri notre économie et notre système financier. »
Selon le Centre for Economic and Business Research, une sortie programmée de la Grèce coûterait 300 milliards de dollars à la zone euro, soit 2 % de son PIB, et une sortie désordonnée 5 % du PIB, soit plus de 10 milliards de dollars.
Pour notre part, nous estimons qu'une perte franche serait préférable à un pourrissement de la situation.
Et les propos tenus hier à Dublin par Charles Dallara sur une éventuelle sortie de la Grèce de l'eurozone qui provoquerait des dégâts « allant de la catastrophe à l'Aragmeddon » doivent être remis dans le contexte : le chef de l'International Institute of Finance, lobby bancaire mondial, a mené les négociations de l'hiver sur la dette grecque détenue par des investisseurs privés et a intérêt, à ce titre à ce que la pays reste dans l'Union monétaire.
En revanche, l'attitude de la Banque centrale européenne ces derniers jours est un signal fort sur une sortie programmée de la Grèce. Côté geste, elle a coupé les prêts aux banques grecques qui n'ont pas asez renforcé les fonds propres. Côté parole, elle a fait parlé mardi à la chaîne anglaise BBC son directeur général Benoît Coeuré : nous ne sommes plus dans la situation de l'automne dernier, lorsque les « banques européennes affrontaient des difficultés aigües à se refinancer et que nous étions au bord d'un effondrement du système bancaire de la zone euro ».
Autrement dit, les banques européennes autres que grecques sont aujourd'hui sauvées sinon entièrement guéries et ont plus à craindre d'un maintien de la Grèce dans le système que d'une sortie. A deux exceptions près, l'Irlande et, peut-être, l'Espagne.
Déjà, les techniciens de la finance se préparent au retour du drachme, notamment dans le réseau interbancaire Swift, où ils ne lui ont pas encore donné de code. Du côté grec, un gouvernement de transition vient d'être nommé ce matin avec Georges Zanias, ancien négociateur de la restructuration de la dette, aux finances. Il est prévu pour durer jusqu'aux prochaines élections du 17 juin mais pourrait durer plus comme ce fut le cas de la Belgique sans gouvernement durant un an et demi.

 

 

mercredi, 16 mai 2012

Remodeler les banques pour sauver la croissance

François Hollande et Angela Merkel ont donc fait connaissance. Si les asperges étaient au menu, la question de la croissance aussi.


La zone euro va très mal, on le savait. Les chiffres de la croissance du PIB aiu 31 mars sont très mauvais. Derrière une stagnation générale, se cache une grande disparité. L'Allemagne a connu une hausse de 0,5 % de son PIB (après une baisse de 0,2 % au dernier trimestre 2011), tandis que le PIB était stable en France et que l'Italie s'enfonçait dans la récession : après deux trimestres de baisse, son PIB a encore reculé, de 0,8 %. L'Espagne semble sauver la face avec un repli de 0,3 % de son PIB mais l'explosion du chômage qui touche un quart (24,1 %) de sa population active est catastrophique.
Apparemment, les moyens de relancer l'économie sont quasi inexistants. La relance par la Banque centrale européenne qui prêterait aux Etats membres est exclue, tant par la France que la Hollande. Une telle mesure est exclue par son mandat, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis.
La mutualisation des dettes est rejetée totalement par l'Allemagne. De toute façon, on voit mal comment les peuples européens accepteraient encore de prêter aux Etats en difficulté, la situation grecque suscitant déjà beaucoup de colère chez les contribuables des autres Etats.
Quant à la relance keyneisienne, chère à Françosi Hollande -elle consiste à faire financer par la dette publique une politique d'investissements- elle est inappliquable aujourd'hui compte tenu du niveau de la dette.

L'urgence en revanche est de donner aux banques les moyens de prêter aux entreprises. En Espagne comme en Italie, en Irlande ou en Belgique, mais aussi en Allemagne, les banques sont dans une situation bilancielle très déséquilibrée.
Or, les politiques européennes en la matière ne vont pas dans le bon sens. Celui-ci voudrait que les établissements séparent les activités de banque domestique (liées aux particuliers) des activités d'investissement (crédits aux entreprises mais aussi spéculation sur l'argent virtuel). Cette séparation n'est pas une utopie : elle avait été adoptée par Roosevelt après la crise de 1929 et a perduré jusqu'au début des années 80. Une période de cinquante ans durant laquelle aucune crise financière n'a été enregistrée...
Cependant, ici comme aux Etats-Unis, les politiques n'ont pu imposer cette séparation des activités bancaires, par manque de volonté face à un lobby certes puissant. Au contraire, les décisions européennes vont dans le sens d'une réglementation toujours plus tatillonne et entravante dans le cadre de « Bâle III».
Le conseil ECOFIN tenu hier a validé l'adoption de ce corpus réglementaire qui met les banques européennes dans une situation de distorsion de concurrence par raport à leurs homologues chinoises ou américaines.

vendredi, 11 mai 2012

Rapport de force européen défavorable pour Hollande

Tant le calendrier européen que le français seront chargés dans les prochaines semaines. Qu'on en juge :
- pour la France :
15 mai : fin du mandat de Nicolas Sarkozy et nomination du premier ministre du quinquennat de François Hollande,
10 et 17 juin : élections législatives,
24 juin : publication de l'audit des comptes de la nation.
- pour l'Europe et le reste du monde :
18-19 mai : réunion du G8 à Camp David aux Etats-Unis,
20-21 mai : sommet de l'OTAN à Chicago,
23 mai : Conseil européen,
31 mai : référendum irlandais sur le « fiscal compact » ou discipline budgétaire fixée dans le traité de mars 2012,
18-19 juin : sommet du G20 à Mexico,
28-29 juin : Conseil européen.
Par ailleurs, la question grecque devrait être résolue dans les prochains mois. Une sortie, de plus en plus probable, de l'Union monétaire devrait être relativement bien absorbée par l'Union,à l'exception de l'Espagne et de l'Italie.

Ces réunions permettront aux autre dirigeants de mieux connaître le nouveau président français. Il n'est pas dans un rapport de force favorable : la dépense publique française est, rapportée au nombre d'habitants, supérieure de 20 % à l'allemande tandis que le déficit public est généré pour moitié par le service de la dette, soit 50 milliards d'euros par an...
Si l'on ajoute à ces défauts structurels de la France les promesses économiques de François Hollande, notamment l'embauche de fonctionnaires et le retour du droit à la retraite à 60 ans, on peut s'attendre à un blocage de la part des autres dirigeants européens.
L'Allemagne refuse déjà toute mutualisation des dettes publiques, ou euro-bonds, et toute intervention de la Banque centrale européenne dans le financement de l'Etat.
La conséquence, on la connaît déjà : hausse massive des impôts et ralentissement des investissements, en France mais aussi en Europe du fait de la mauvaise situation financière des banques et des restrictions de crédit.





mercredi, 09 mai 2012

Encore un renflouement pour les banques espagnoles

L'Espagne n'en finit pas de payer la facture de la bulle immobilière. Le gouvernement devrait demander, demain vendredi, à ses banques d'épaissir la couverture de leurs actifs immobiliers « non toxiques », en la portant de 7 % aujourd'hui à 30 %. Le provisionnement porterait alors sur 85 milliards d'euros, soit 35 milliards de plus que ce qu'avait demandé la Banque centrale espagnole il y a 3 mois à peine.
Si les grandes banques telles Santander ou BBVA absorberont cette nouvelle exigence sans trop de problèmes, gr$ace à leurs filiales étrangères, les banques locales ou Cajas auront plus de mal...

Aussi les politiques réfléchissent-ils à une structure de defeasance ou bad bank qui regroupera les actifs toxiques immobiliers.

Pendant ce temps, les immeubles vides dans la banlieue de Madrid sont gardés par des vigiles armés et les bindonvilles refont surface quelques centaines de mètres plus loin...

jeudi, 29 mars 2012

Quand la microfinance évalue les évaluations

Hier à Paris, le Club de la micro-finance à Paris organisait une conférence sur l'impact de la micro-finance et son évaluation. Depuis 1980, Florent Bédécarrats, chargé de recherche dU réseau d'échange CERISE, a recensé 154 études sur un sujet qui concerne quelques 200 millions de personnes dans le monde. Les premières approches prêtaient le flanc aux controverses sur les méthodologies employées ; à partir du début 2000 vinrent les critiques sur les échecs économiques, notamment en Inde. 
Il semble qu'un consensus se dégage aujourd'hui sur l'évaluation fondée sur «la méthode expérimentale».
William Parienté, professeur à l'Université de Louvain, a d'abord souligné que le critère du taux de remboursement élevé ne pouvait suffire à donner une mesure de l'impact de la micro-finance sur les conditions de vie de ses bénéficiaires. Il a ensuite pointé les divers biais de sélection des évaluations classiques avant d'en venir à la méthode expérimentale.
Calquée sur les pratiques du placebo ou assignation aléatoire en médecine, celle-ci consiste à prendre deux populations tirées au sort dont l'une seulement bénéficie du programme de micro-finance. Deux à trois ans après le lancement de ce dernier, les conditions de vie des deux populations sont étudiées.
Dans la pratique, William Parienté et le laboratoire JPAL ont enquêté sur trois expériences menées, l'une au Maroc, en milieu rural, les deux autres en milieu urbain en Inde et aux Philippines.
Après deux ans et demi de programme, il en ressort que la micro-finance a un impact élevé sur l'économie mais pas sur la pauvreté. 
Stéphanie Pamies-Sumner et Bertrand Savoye de l'Agence française de développement ont ensuite venus expliqué comment l'AFD mène ses propres évaluations. Ils en ont souligné le coût relativement élevé mais aussi l 'intérêt de la méthode expérimentale. De leurs réflexions et de l'accumulation des connaissances ainsi réalisées, l'AFD a pris de nouvelles inflexions stratégiques : renforcer la part de la micro-finance rurale, renforcer le dispositif en diretion des IMF (institutions de micro-finance), encourager les projets innovants et, enfin, construire une doctrine en matière de micro-finance responsable.
Des échanges avec la salle, deux enseignements se dégagent : d'une part, la difficulté de généraliser les résultats de programmes très disparates, d'autre part, l'absence de fluidité entre les pratiques des bailleurs de fonds et les investisseurs en impact investment.

 

mercredi, 28 mars 2012

Epargne sans frontière, un colloque précieux pour le financement de la lutte contre le changement climatique

Financement du changement climatique : quels enjeux pour les pays en développement ? Le colloque organisé la semaine dernière par l'ONG Epargne sans frontière était riche de pistes et d'enseignement.
Aux quelques esprits qui doutent encore du réchauffement climatique, le climatologue Jean Jouzel, du Commissariat à l'énergie atomique, a rappelé les phénomènes actuels du réchauffement : hausse du volume de la vapeur d'eau, qualifiée de « sans équivoque » et fonte des glaciers polaires et tempérés. « Ce sont les générations actuelles qui sont touchées et non pas les générations futures », a-t-il souligné.
Une phrase illustrée par la lutte que mène au Burkina Faso le projet GVAl-Sécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest. Ablassé Bilgo, coordinateur du projet a expliqué les méthodes utilisées pour le reboisement de la région et expliqué les cadres institutionnels nécessaires à l'adéquation entre les financements et les besoins. 
Président de CDC Climat, Pierre Ducret a livré quelques réflexions face à l'insuffisance des « investissements climatiques », les flux de capitaux vers les pays en développement finançant les centrales à charbon autant que les énergies renouvelables.
D'abord, il a rappelé que les MDP ou Mécanismes de développement propre, d'un montant de 7 milliards de dollars à fin 2012, financent essentiellement les projets des pays émergents, Chine, Inde, Brésil... Ce n'est pas absurbe puisque ces pays concentrent les principales augmentations d'émissions de gaz à effet de serre. Cependant, l'expérience des MDP risque de tourner court : l'ensemble des crédits émis par les MPD en Europe y sature la capacité d'absorption d'échanges de carbone. Les marchés carbone du Japon et, bientôt d'Australie, sont insuffisants pour prendre le relais. Les pays émergents ont eux aussi un rôle à jouer a donc expliqué Pierre Ducret.
Il a également souligné la nécessité d'un prix de l'externalité du CO2. Peu incitative, la hausse actuelle des prix de l'énergie fossile provoque un effet pervers en rentabilisant les forages profonds ou l'exploitation des gaz de schiste et repousse, du même coup, la décarbonation de l'économie.
D'où l'appel du président de CDC Climat à une régulation financière intégrant le coût du risque climatique dans le cadre des règles prudentielles des banques et des assureurs. Et son idée d'une création à l'échelle mondiale d'une notation des dettes environnementales souveraines et des entreprises cotées.
Compte tenu des manquements dans la gouvernance mondiale, ces hypothèses de travail ne sont pas près d'être testées. A court terme, plus prometteuse paraît la campagne menée par Epargne sans frontière pour la diffusion au niveau international de la taxe sur les transactions financières.  

mardi, 27 mars 2012

Siemens, la banque des PME allemandes

C'est la souplesse des acteurs économiques allemands qui fait leur force. Une nouvelle preuve vient d'en être donné par la filiale de services financiers de Siemens. SFS (Siemens Financial Services) a obtenu, à la fin 2010, une licence bancaire qui lui donne le droit d'octroyer des crédits et non plus seulement des produits de crédit-bail et, surtout, lui donne accès à la Banque centrale européenne.
Tandis que les banques allemandes restreignent leurs conditions de crédit aux PME, SFS qui connaît bien la situation financière de ses clients prend le relais.
Son portefeuille a atteint une taille suffisante aujourd'hui pour qu'elle puisse « titriser » ses prêts et, ainsi, les vendre à des caisses de retraite ou d'assurance ou encore aux fonds d'infrastructure.

 

 

lundi, 19 mars 2012

La Grèce, encore à sauver

La Grèce ne fait plus la une des médias, elle est toujours au centre des préoccupations des « autorités » financières mondiales. 
Ainsi, le Fonds monétaire qui s'apprête à prêter 28 milliards d'euros à la Grèce, vient de réaffirmer ses inquiétudes : une sortie de la Grèce de la zone euro serait « très onéreuse » si elle se faisait de façon unilatérle. Par ailleurs, la solvabilité des banques grecques reste « un problème aigu », avec des créances douteuses montant à près de 15 % dans leurs bilans. 
Du coup, le Fonds européen de stabilité financière va apporter 109,1 milliards d'euros au pays dont 48 milliards seront versés dans les prochaines semaines pour recapitaliser les banques grecques. 

 

Les banques européennes pas encore tirées d'affaire

Malgré les aides de la Banque centrale européenne sous forme de LTRO, les banques européennes restent fragiles. L'agence de notation Moody's qui en avait placé 114 sous surveillance négative le 15 février dernier vient de publier son calendrirer de revue. 
Les résultats de sa surveillance seront publiés durant la semaine du 26 mars pour les banques portugaises, du 16 avril pour les banques italiennes, du 23 avril pour les espagnoles, du 30 avril pour les aurichiennes, du 7 mai pour les allemandes, belges, luxembourgeoises, néerlandaises, norvégiennes et suédoises, du 14 mai pour les britanniques, les danoises, les finlandaises et les françaises.
De quoi donner quelques sueurs froides aux investisseurs... 

vendredi, 16 mars 2012

Colloque d'Epargne sans frontière sur le financement de la lutte contre le changement climatique

Mercredi 20 mars se tiendra à Paris un colloque organisé par l'ONG Epargne sans frontière en partenariat avec l'Agence française de Développement et la société de gestion Natixis Management, filiale de BPCE (Banques populaires-Caisses d'épargne).

Consacré au financement de la lutte contre le changement climatique et à ses enjeux pour les pays en développement, il sera ouvert par Daniel Lebègue, président d'Epargne sans frontière. Pierre Forestier, de l'AFD, et Ablasssé Bligo, de l'INERA, Institut de recherche burkinabé, donneront l'état des lieux. 
Pierre Ducret, de la Caisse des Dépôts, ira plus dans le détail en expliquant les problématiques du secteur public, avant Vincent Mages du groupe Lafarge pour le secteur privé et Anne Chetaille, de l'ONG Gret, pour la société civile.

Pour s'inscrire : colloque@epargnesansfrontiere.org
 

vendredi, 10 février 2012

Le Japon et sa dette publique, un cas riche d'enseignement

Mardi 7 février, le Club des Professions Financières recevait Denise Flouzat. Le chercheur et administrateur de la Fondation de la Banque de France s’exprimait sur « La crise de la dette publique au Japon ».
Un sujet qui permet de nourrir la réflexion sur la dette publique en Europe, puisque, dans ce pays, la dette souveraine brute atteint 204 % du PIB…
Jean-Marc Daniel, président du CPF, rappela d’abord que la Guinée équatoriale est le seul pays au monde sans dette publique. Quel avenir est-il alors le plus rieur : celui du Japon ou de la Guinée ? A ceux qui affirment que la dette publique japonaise ne pose pas problème parce qu’elle est détenue par les nationaux, il posa la question suivante : vaut-il mieux ruiner des étrangers ou ses concitoyens ? 
Eludant cette dernière question, Denise Flouzat s’en posa une autre à elle-même : Pourquoi choisir le Japon pour sujet d’étude ? « En raison de ses spécificités qui confinent au mystère ».


TROIS PALIERS DE CROISSANCE

Dentelle au bord du continent asiatique, au relief accidenté peu propice au développement, la capacité de rebond du Japon est extraordinaire : la révolution Meiji fut un rebond contre les velléités d’intrusion américaines, à la fois économique et militaire et unique en Asie.

Le pays a connu trois paliers de croissance depuis 1945 : à un taux de 9,4 % jusqu’en 1973, année du choc pétrolier marquée par un taux de 25 % d’inflation et une hausse de 30 % des salaires ; ensuite, durant la période 1974-1990, les réserves de croissance s’amenuisèrent, avec un taux annuel moyen de 4,2 % mais ce fut aussi une période de challenge avec les Etats-Unis grâce à  la montée en puissance de l’industrie japonaise dans la chaîne de la valeur ajoutée. Cette belle période se conclut sur une bulle, surtout immobilière, puis en un krach rampant. Depuis 1991 et jusqu’à 2008, la croissance annuelle se situe à 1,2 % en moyenne.

 

DEUX CATASTROPHES NATURELLES EN VINGT ANS

Ces 20 dernières années, le Japon a subi de graves attaques, naturelles, terroristes et économiques. 1995, annus horribilis, fut ainsi marquée par le tremblement de terre de Kobé (5 000 morts), par l’attentat au gaz sarin dans le métro ainsi que par la hausse du yen ou « endaka »  et, enfin, par le début de la crise bancaire.
A partir de 2003, le Japon se reprit, avec une croissance annuelle de 3 % jusqu’à 2008, lorsque la crise financière mondiale toucha le pays par les exportations. Le PIB chuta alors de plus de 5 % en 2009, avant de rebondir en 2010.
2011 commença cependant avec le tsunami qui provoqua la mort de 26 000 personnes. La rapidité de réaction des entreprises permit d’enrayer la cassure de la chaîne logistique mais, durant  le quatrième trimestre, les exportations furent pénalisées par la hausse de la valeur du yen, valeur refuge. Aussi les perspectives da croissance de 2012 estimée à 2,2 % par la banque du Japon, furent-elles réduites à 1,7 % par le FMI.

 

LE KRACH RAMPANT ET SON IMPACT SUR LA POLITIQUE MONÉTAIRE

Dès le début des années 80 déjà, la dette publique représentait 60 % du PIB. La violence du krach des années 90 entraîna le lancement de onze plans de relance, pratiquement un par an, jusqu’en 2002. Cependant ces plans étaient focalisés sur le bâtiment, la construction et les infrastructures routières, activités à une faible valeur ajoutée et peu contributrices de relance.

En revanche, la politique monétaire a été inventive : l’overnight collrate, taux directeur du Japon, a affiché un taux zéro de 1999 à 2006. La banque du Japon a aussi inventé le quantitative easing (rachat de titres publics et privés), pratiqué jusqu’en 2006 puis repris  en 2008.
Dans le même temps, la banque centrale a échoué dans son désir de créer un peu d’inflation. Notoire en Bourse et dans l’immobilier, la chute des prix a touché aussi la consommation. Le CPI (indice des prix à la consommation hors produits frais) a reculé de 4 % entre 1998 et 2006. Sur la même période,  les prix en Europe montaient de 30 %. Cependant, cette déflation n’empêche pas que les prix restent encore supérieurs de 30 % à ceux observés en Europe.

 

EVOLUTION DE LA DETTE ET CHARGE DE LA DETTE DE 1990 À 2011 

Il y a une gestion particulière ou plutôt une absence de gestion de cette dette : Il est vrai qu’elle est peu chère : 1 % de rendement pour les « japanese government bonds » seulement. Le coût de la dette est donc faible dans le budget.
Or, la dette publique brute  atteint, en 2010, 204 % par rapport au PIB  (99 % pour les États-Unis, 81 % pour l’Allemagne et 87 % pour la France). En termes nets, la dette publique peut être estimée à environ 130%, compte tenu notamment des flux compensatoires d’endettement de ses importantes réserves de change (1 300 milliards de dollars).  

L’indifférence des dirigeants politiques à l’égard de l’ampleur de la dette s’explique aussi par le caractère national de cette dernière. 95 % environ de la dette est détenue par des Japonais (via  45 % par les banques, 20 % par les fonds de pension et 20 % par les assureurs, 10% par la Banque du Japon et 5% par les Japonais directement via la Poste).  Aussi les agences de notation ne pèsent-elles pas dans le débat public. Autrefois même, la dette japonaise souveraine a été notée moins bien que le Botswana.

Cependant, les pouvoirs publics ont essayé de réduire la dette par le recours à la taxe sur la valeur ajoutée, inconnue jusqu’en 1989. C’est le 1er avril de cette année-là que fut instaurée la taxe sur les transactions au Japon, à un taux de 3 %.
Une mesure très impopulaire. Lorsque, en 1998, le gouvernement voulut remonter la taxe à 5 %, il a subi une grève de la consommation qui a aggravé la situation.
Après le tsunami de 2011, le premier ministre Satsuki Noda a évoqué l’éventualité d’augmenter cette taxe, à 8 % en 2014 puis entre 8 et 10 % en 2015 (le FMI demande un taux de 15 %).  Mais l’hostilité de la population à l’égard d’une telle mesure demeure.
Aussi le coût de 230 milliards d’euros du tsunami, soit 4 % du PIB, à étaler sur une dizaine d’années, sera-t-il essentiellement supporté par les émissions de bons obligataires. 

Au coût de la reconstruction s’ajoute celui de l’électricité. Avant, elle provenait à 30 % du nucléaire mais l’accident nucléaire de Fukushima a provoqué la fermeture de nombreuses centrales. Du coup, l’importation d’énergie a entraîné en 2011 le premier déficit commercial depuis 1980.

 

LES ATOUTS DU JAPON

Le Japon possède des atouts pour résoudre le problème de la dette. Le premier d’entre eux est sa cohésion sociale. Ensuite viennent la qualité de sa recherche (4 % du PIB) et sa base industrielle avancée avec de quasi monopoles mondiaux dans certains secteurs technologiques. 

La cohésion sociale entraîne aussi que les salaires constituent un stabilisateur de la conjoncture : dès qu’il y a récession, les bonus sautent et les salaires baissent. Du coup, le chômage est très faible : 4% aujourd’hui.
Enfin, il y a la proximité du Japon avec les pays asiatiques, industriels du monde.

Parmi les faiblesses du Japon, Denise Flouzat a évoqué la démographie, même si les vieux Japonais travaillent plus et sont en meilleure santé que les Européens. Plus inquiétante lui paraît la faiblesse du pouvoir politique et, peut-être, un sentiment de repli sur soi dans la jeunesse.

Mais le Japon est aussi le pays offrant une contradiction essentielle. Pays vieilli par sa démographie, devenu rentier en raison de l’importance de ses placements à l’étranger, il est aussi le seul pays développé grâce à ses efforts dans le domaine de la recherche à conserver une base industrielle avancée pouvant assurer à l’avenir sa capacité de rebond.



 

jeudi, 09 février 2012

Micado France : l’imagination au pouvoir pour le financement des entreprises de taille moyenne

Middlenext, association professionnelle française représentative des valeurs moyennes cotées, a créé un outil de financement original pour le financement des sociétés de taille moyenne. En effet, ces dernières ont difficilement accès au marché obligataire en raison des faibles montants qu’elles doivent emprunter individuellement.  
Depuis plus de neuf mois, Middlenext s’est donc entourée d’expertises complémentaires pour créer un outil nouveau, le Micado France 2018. Elle a fait appel à une société conseil en structuration -Accola, présidée par Thierry Sebton- et à Investeam, spécialisée dans le développement commercial de sociétés de gestion d’actifs indépendantes, présidée par Philippe Alter.
Elle a également requis les services de deux sociétés d’investissement, la nantaise Portzamparc et la filiale du Crédit Mutuel CM-CIC Securities.
Ces deux dernières ont travaillé avec une vingtaine de sociétés de taille moyenne cotées à la Bourse de Paris pour leur faire émettre, au même moment, des obligations à taux fixe d’une durée de 6 ans. 
Ces obligations sont rachetées dans la foulée par un Fonds commun de placement contractuel géré par Portzamparc et souscrit par des investisseurs professionnels. L’objectif est de parvenir à une taille de 300 millions d’euros, chaque entreprise émettant entre 5 et 20 millions d’euros.
Le fonds sera commercialisé par Investeam.
Cette mutualisation des financements par les entreprises de taille moyenne sera probablement suivie d’autres initiatives. Si le financement classique –bancaire mais aussi par appel au marché- est aujourd’hui bloqué, l’argent ne manque pas ni les investisseurs en quête de placements sûrs et rémunérateurs.

mardi, 31 janvier 2012

Quel financement pour les entreprises de taille moyenne ?

Ce matin 31 janvier, la Société française des analystes financiers  et le Club des marchés financiers présentaient les résultats d’une enquête sur les sociétés cotées en Bourse de taille moyenne. Un sujet dans l’air du temps car l’assistance était nombreuse dans l’auditorium de la société d’investissement Oddo & Cie, à Paris.

Un sujet qui tient également à cœur à la SFAF : « pour son cinquantenaire, fêté la semaine dernière, le financement des « valeurs moyennes » a été défini comme l’un des axes stratégiques de la SFAF », a souligné sa présidente Marie-Pierre Peillon.


DES SOCIETES COTEES INSATISFAITES  

259 sociétés cotées à Paris, au chiffre d’affaires compris entre 4 et 1600 millions d’euros, ont été interrogées sur leur accès au financement entre le 2 et le 26 octobre dernier. Le taux de retour, de 15 %, donne un éclairage intéressant.
Si la présence en Bourse est jugée comme bénéfique par 72 % des sondés en terme d’accès au financement, la chute des cours de Bourse depuis 3 ans a des conséquences négatives sur leur capacité de financement : elle ne leur permet pas de lever des capitaux à court terme.

On ne s’étonnera donc pas que les emprunts bancaires soient considérés comme le moyen privilégié de financement de projets pour 30 % des entreprises, devant les augmentations de capital (12 %), les émissions obligataires et l’auo-financement. Il est manifeste, a souligné la présidente du Club des financiers Marie-Agnès Nicolet qu’elles n’ont pas anticipé les resserrements de crédits qui seront créés par Bâle III. Rappelons que l’expression Bâle III, du nom de la ville suisse, recouvre les réglementations imposées aux banques européennes en termes de fonds propres : à partir de juin 2012, elles devront adopter des ratios de fonds propres sur bilans plus stricts et donc plus contraignants en termes d'octroi de crédit. 

Autre sujet de mécontentement pour les sociétés cotées, la cherté de la cotation en Bourse, à l'introduction surtout mais aussi durant la vie boursière. Ainsi, le budget annuel des cotisations obligatoires pour les sociétés cotées (AMF, Euronext…) s'étage entre 4 000 à 200 000 euros tandis que le budget annuel de communication financière se situe entre 15 000 et 500 000 euros. Autre exemple, le maintien en normes IFRS qui nécessite entre 10 000 et 200 000 euros par an.Toutes les entreprises n’ont pas de contrats de liquidité : pour celles qui en ont, 33 % considèrent que cela permet une meilleure stabilité des cours et 26 % qu’il augmente la liquidité du titre.

Plus inquiétante, l'appréciation sur les services apportés par la Place financière de Paris. Nyse-Euronext, chargée de l’organisation de la Bourse française, l’AMF, en charge de sa surveillance, pourraient se remettre en cause : les relations sont jugées distantes (47 %) voire inexistantes (29 %) avec les institutions de Place. 
Les attentes des entreprises sont de 3 ordres : la promotion des sociétés cotées, la visibilité et suivi avec une communication plus soutenue vers les investisseurs et, enfin, un focus sur les petites et moyennes valeurs.
Aussi 16 % des entreprises sondées envisagent-elles de sortir de la Bourse. Une velléité freinée par les difficultés réglementaires et le coût d’un retrait de la cote.

 

PAS DE CREDIT CRUNCH EN FRANCE

Gérard Rameix, médiateur du crédit, est ensuite intervenu pour faire le point sur les besoins de financement des entreprises de taille moyenne ou intermédiaire -PME et ETI. La teneur de son exposé était plutôt rassurante.

1 / Les PME et ETI françaises n’ont pas de manque criant de fonds propres. Il s'agit là d'une idée reçue, issue des années 90. Les fonds propres rapportés au total de bilan sont passés de 30 % fin 90 à 37-38 % aujourd’hui et se sont maintenus durant la crise. 

2 / De 2008 à 2009, le credit crunch a été évité : en valeur absolue, les encours de crédits sont restés stables, contrairement à ce qui s'est passé dans plupart des pays européens. Il n’y avait donc pas frein global du crédit à l’expansion, l'accès au crédit bancaire moins onéreux et plus facile en France qu’en Europe.
Ensuite, à partir de juillet 2011, les attaques en Bourse sur les valeurs bancaires, la crise des dettes souveraines européennes, les obligations Bâle III pour juin 2012 ont restreint l’accès au crédit mais, dans le même temps, la demande a reculé.
3 / « Les interrogations véritables qui assombrissent le tableau de l'accès au financement » sont à chercher ailleurs, a affirmé Gérard Rameix.
Les banques françaises qui n'ont pas de problèmes de fonds propres affrontent aujourd'hui un autre modèle d'activité, qui les amènera à plus de sélectivité dans l'utilisation de ces derniers. 
Globalement, le système financier pêche au niveau de l'amorçage (financement des nouvelles entreprises) et à celui du financement des entreprises « gazelles » (bonnes en innovation mais à développer et mettre vite sur le marché). Cela tient à un manque de puissance de l’alliance capital-risque / financement bancaire / financement long, en actions ou en titres de dette.
Surtout, il faut distinguer le financement des PMI de celui des PME. Depuis 12 ans, ces dernières se sont désendettées de façon spectaculaire, avec ratio d'endettement sur fonds propres ramené à 10 % contre 40-50 %. Loin d'être vertueux, ce recours à l'autonomie financière témoigne de la désindustrialisation du tissu économique français : baisse des effectifs, stagnation ou recul du CA, baisse de l’investissement...
Pour conclure, Gérard Rameix a souligné : « les questions de financement sont secondes par rapport aux questions de compétitivité et de stratégie. Les problèmes réels résident dans l’atrophie et l’atonie des entreprises ».

Les exposés ont été suivis par un débat entre la salle et les intervenants. Le débat a notamment porté sur le recours aux emprunts obligataires, encore trop marginal.

 

 

 

 

 

 

 

 

lundi, 30 janvier 2012

Un énième Conseil européen… pour rien ?

Un symbole ? pour participer au Conseil européen de ce jour à Bruxelles, les 27 chefs d’Etat européens devront atterrir sur des aérodromes militaires, la Belgique étant paralysée par la première grève générale depuis 20 ans.

Trois enjeux se posent aux dirigeants européens :

1 / Se mettre d’accord sur le « fiscal compact » adopté lors du précédent sommet du 9 décembre : règle budgétaire commune et mécanisme automatique de réaction lorsque un pays ne tient pas ses objectifs de déficit.
Disons le tout net : une signature est peu probable, au mieux elle interviendrait lors du prochain Conseil, le 1er mars prochain. i se tiendra du 9 décembre avait initié une nouvelle direction dans la gestion

2) Mettre en place le mécanisme de stabilité financière (ESM) à partir de juillet 2012, afin de renforcer la capacité d’action de la zone euro. Il s’agit d’un fonds doté en capital –jusqu’à 500 milliards d’euros- qui aurait donc une capacité d’action plus puissante que celle de l’EFSF (Fonds de stabilité financière) qui ne bénéficie que de garanties.

3 / Aménager le plan de financement de la Grèce qui doit ramener son ratio d’endettement à 120% du PIB d’ici 2020... Compte tenu de l’impossibilité actuelle de structurer la dette souveraine grecque, ici aussi, les chances d’une entente sont limitées.

D’autant que les perspectives de croissance sont sombres pour 2012 et que la poursuite des plans d’austérité freine toute velléité de reprise.

Pour donner du baume au cœur des Européens, leurs dirigeants pourraient annoncer de nouvelles mesures : aide à la mobilité des jeunes, soutien au financement des petites entreprises… Mais les peuples n’y croiront pas, échaudés par l’affaissement de l’Union, incapable depuis plus de dix ans de créer de la croissance alors que  presque partout ailleurs dans le monde les taux de croissance dépassent les 5 %.

lundi, 16 janvier 2012

Les fonds vautours se disputent les os de la dette grecque

Vendredi à Londres, les négociations sur la dette grecque se sont soldées sur un constat de désaccord. Rappelons qu’il s’agit de décider du montant de la décote des emprunts d’états grecs, qui devrait être supérieure à 50 %, voire 60 % pour les créanciers privés.
En d’autres termes, un créancier qui détient 100 euros d’une obligation d’état grecque ne serait remboursé qu’à auteur de 50, voire 40 euros. Selon les accords déjà signés, l’application de cette décote s’effectuerait par une offre d’échange obligataire, entre le 6 et le 10 février prochain.
L’expression « créanciers privés » laisserait entendre qu’il s’agit de porteurs d’obligations comme vous ou moi, c’est-à-dire des personnes physiques. Il n’en est rien : dans ces négociations, les créanciers privés sont représentés par l’IIF ou Institut de la finance internationale, opposé à toute décote supérieure à 50 %.C’est d’ailleurs l’IFF qui, vendredi, a laissé entendre qu’il pourrait revenir sur son engagement à effacer volontairement une partie de sa dette. Derrière ces communiqués, ce qu’il faut comprendre est qu’il existe une lutte féroce aujourd’hui entre créanciers « classiques » (entendez caisses de retraite, banques ou assureurs qui ont acheté des emprunts d’état grec en contrepartie de leurs engagements) et hedge funds (fonds de couverture, à visée spéculative le plus souvent) dont beaucoup ont acquis ces derniers mois des emprunts grecs à courte maturité (dont l’échéance est relativement proche). Ces derniers ont intérêt à faire durer les négociations, justement pour éviter que la décote ne s’applique sur ces emprunts bientôt remboursables.  
De son côté, l’IFF pourrait utiliser l’arme de la clause d’action collective, qui priverait les hedge funds de la possibilité de freiner les négociations. Le Parlement grec serait d’ailleurs prêt à voter cette mesure. Le hic est que la Banque centrale européenne se trouverait alors traitée comme tous les détenteurs de titre, c’est-à-dire qu’elle accuserait dans ses comptes une décote sur les 40 millions d’emprunts grecs en sa possession…

 

 

 



 

vendredi, 13 janvier 2012

Le grand opéra-comique de Standard & Poor’s, avec, en guest stars, l’Europe, le FESF et les assureurs

Standard & Poor’s, l’agence de notation américaine, dégrade aujourd’hui la note des emprunts émis par 9 états européens : pour l’Autriche, la France, Malte, la Slovénie et la Slovaquie, l’appréciation diminue d’un cran, de AAA à AA. La dette souveraine française vaut AA +, avec perspective négative, c’est-à-dire qu’une autre dégradation est dans les tuyaux. Quatre autres états - Chypre, Espagne, Italie et Portugal- sont sanctionnés plus durement, avec un recul de 2 crans, soit une note revenue à A.

Au-delà des états, la dégradation des dettes souveraines européennes affectera celles du Fonds européen de stabilité financière. Lui aussi devrait perdre son AAA, la France apportant 21,8 % de ses garanties. Déjà à peine suffisants, les moyens d’intervention du seul mécanisme opérationnel que l’Europe ait pu construire se retrouveront-ils encore amoindris ?
Non, parce que ces baisses ne devraient pas affecter le placement des futures obligations souveraines sur les marchés : traditionnellement,  ils réagissent positivement aux mauvaises nouvelles lorsqu’elles sont attendues de longue date.

Ainsi, le Trésor italien a pu placer, dès cette semaine, des emprunts d’une durée de trois ans à un taux moyen comparable à celui de septembre dernier, soit 4,83 % contre 5,62 % en début de mois… Le placement de la dette française lundi prochain fera figure de test mais nous prenons déjà le pari qu’il sera positif.
De fait, l’analyse des conséquences des dégradations pour les banques et les compagnies d’assurances illustre bien le ridicule du psycho drame que les gouvernements européens se sont eux-mêmes infligé.

Si nous prenons ces acteurs financiers c’est parce qu’ils sont grands consommateurs de dette souveraine, naguère le placement le plus sûr des marchés. Les process de dégradation et de rehaussement des notes des crédits obéissent à des méthodologies à la fois détaillées et contradictoires. Dans la réalité économique, une banque ou un assureur contrôlé par l’Etat devrait avoir une note de crédit supérieure à celle de ses concurrents indépendants puisqu’il bénéficie d’un soutien de la puissance publique. Même si les moyens financiers de cette dernière diminuent, ils n’en sont pas moins supérieurs à ceux de tout autre acteur économique, ne serait-ce que parce que l’Etat dispose d’un moyen de coercition unique : la levée d’impôt.
Ainsi, le process de dégradation de Standard & Poor’s entraînera une baisse quasi automatique des notes de la Banque postale et de la Caisse des Dépôts et Consignations en raison de leur statut de « Gouvernment related entity » sans que la condition financière effective de ces deux entités n’ait bougé. Le même traitement sera réservé à l’assureur CNP en raison du contrôle para-public de son capital (CDC-BanquePostale-BPCE) tandis que les dettes dAxa et Groupama (ce dernier pourtant en difficultés financières du fait d’une trop grande exposition à la dette grecque) ne seront même pas examinées.
En ce domaine, les vraies questions restent à poser : pourquoi les Etats ont-ils accepté de placer l’exercice de leur souveraineté financière sous le contrôle des agences de notation ? quels sont les forces en lice derrière l’écran de fumée des dégradations ?

vendredi, 30 décembre 2011

L'ANNEE 2011 EN CHANSONS, A OUBLIER TRÈS VITE

A deux jours de 2012, un petit retour sur l'année écoulée s'impose. Ne serait-ce que pour comprendre l'enchaînement des faits qui a conduit l'Europe dans la récession et le commerce mondial à une quasi-stagnation.  

JANVIER : tout va très bien Madame la marquise
Le printemps arabe débute avec avance, faisant flamber le prix du pétrole et pousser l'inflation. Peu importe, l'optimisme règne : le président Obama parle d'un « Spoutnik moment ». Les investisseurs s'arrachent les premières émissions d'emprunts de l'EFSF (European financial stability facility), créée en mai 2010. Dans les pays émergents, Inde, Corée, Brésil, Pologne..., les banques centrales baissent leurs tauxdirecteurs pour freiner l'inflation provoquée par une trop forte croissance.

FEVRIER : premiers frissons
L'inflation se poursuit dans le monde avec un prix du brent (pétrole coté à Londres) à plus de  100 dollars le baril. La Chine, la Russie, la Suède... remontent leurs taux directeurs. Dans la zone euro, les dirigeants politiques multiplient les rencontres avant le Conseil européen du 24 mars qui devra apporter « une solution globale » à la crise. Après la Grèce et l'Irlande qui avaient été assistés en 2010 (110 milliards d'euros en mai pour la première, 68 milliards en novembre pour la seconde), le Portugal donne des signes de faiblesse inquiétants. En Irlande, des élections anticipées provoquent un changement de majorité.

MARS : à regarder la mer
Le 11 mars, un ras-de-marée de 14 mètres déferle sur les cotes Est du Japon et endommage la centrale nucléaire de Fukushima. Le Japon entre en récession, les chaînes de production mondiales sont désorganisées par les à-coups de la distribution d'électricité dans le pays.
Aux Etats-Unis, la dette fédérale s'approche de son plafond de 14 300 milliards de dollars. En Europe, les taux d'intérêt des emprunts d'Etat s'envolent en Grèce, en Irlande et au Portugal. Les prix du pétrole montent encore alors que l'on commence à parler d'une intervention militaire en Libye.

AVRIL : en vain me voue à l'amour
Malgré l'atonie intrinsèque à la zone euro, la Banque centrale européenne augmente ses taux directeurs, de 25 points de base... A sa décharge, d'autres hausses de taux sont opérées au Brésil, au Chili, en Chine, en Pologne, en Suède.. mais dans ces pays l'économie reste vigoureuse. Les agences de notation dégradent les notes souveraines de la Grèce et du Portugal, ce dernier demandant une nouvelle aide au FMI et à l'Union européenne. Aux Etats-Unis, le plafond dela dette est relevé mais l'agence Standard & Poor's met la note AAA des emprunts fédéraux sous surveillance négative.

MAI : je retape les paniers
Les indicateurs sont contradictoires : début d'un ralentissement de la croissance mondiale mais crainte généralisée de l'inflation chez les dirigeants. Aux Etats-Unis, la dette fédérale dépasse le plafond mais le gouvernement use d'articies comptables lui donnant un répi jusqu'au 2 août. En Europe, la discorde règne à propos de la Grèce avant le sommet du 24 juin.

JUIN : je voudrais pas crever
Douche froide sur l'économie. Ralentissement des créations d'emploi aux Etats-Unis, libération par l'AIE (agence internationale de l'énergie) de ses stocks stratégiques pour peser sur les cours du pétrole, inquiétudes en Chine... 
En Europe, le conseil du 24 juin se conclut sur un fiasco. La BCE s'oppose à une implication des créanciers privés dans le « reprofilage » de la dette grecque, « solution » que promeut ardemment l'Allemagne.
Au FMI, Christine Lagarde remplace Dominque Strauss Kahn, démissionnaire de son poste de directeur général.

JUILLET : we are the loosers
La crise politique est avérée aux Etats-Unis comme en Europe. Chez les premiers, démocrates et républicains s'étripent jusqu'au 31 juillet avant de relever le plafond de la dette, désormais égale à 100 % du PIB. C'est la 40ème fois depuis 1980 que les élus ont augmenté le plafond. Chez la seconde, les dirigeants s'accordent in extremis, le 21 juillet, sur une extension de la gamme d'outils de l'EFSF mais il s'agit d'un accord de principe dont la mise en oeuvre est repoussée sans date précise. L'éventualité d'un défaut grec (impossibilité pour l'Etat de rembourser tout ou partie de ses emprunts) est toujours niée.

AOUT : faudrait de bottes de caoutchouc pour patauger dans la gadoue  
Le 5 août, Standard & Poor's retire la note AAA aux Etats-Unis. Les marchés financiers décrochent, les différences de taux entre emprunts d'Etats de la zone euro se creusent. La BCE réagit en rachetant des emprunts d'Etat, notamment italiens et espagnols. En Grèce, les clients retirent leur argent des banques. Ailleurs en Europe, les banques européennes sont l'objet de toutes les suspicions, alimentées par Christine Lagarde : le 28 août à Hole, elle déclare qu'elles ne sont pas assez capitalisées pour affronter le risque de la dette souveraine (les emprunts d'états européens que 
les banques détiennent dans leurs comptes ont une valeur réelle inférieure à leurs coûts d'achat). Les réactions politiques sont contradictoires : la France annonce des mesures d'austérité, le 28 août, tout comme l'Italie, qui se rétrace quasi immédiatement.

SEPTEMBRE : back in the business
Les ratifications par les Parlements européens de l'extension des capacités de l'EFSF débutent, avec difficulté (Slovéquie, Finlande...). La BCE poursuit ses achats de dette publique (32 milliards d'euros sur le mois), ce qui provoque le départ du représentant allemand à son conseil. L'Allemagne refuse que l'EFSF soit transformée en une banque refinançable par la BCE : des appels du pieds sont lancés vers le FMI, les pays émergents, sans succès. Le FMI refuse de prolonger son aide à la Grèce qui ne peut tenir ses objectifs budgétaires. 

OCTOBRE : le monde est aveugle
En Europe, les banques ne se prêtent plus entre elles, ni aux entreprises : le risque de « credit crunch » pèse sur l'économie. Impavide devant l'arrivée de la récession, la BCE refuse de baisser ses taux mais consent à poursuivre ses achats d'emprunts et de refinancement des banques.
L'Italie et l'Espagne voient leurs dettes dégradées.
Le 27 octobre, le sommet européen d'octobre débouche sur quelques points d'accord : « haircut volontaire de 50 % » de la dette greque (l'Etat héllène ne remboursera que la moitié de ses emprunts), rcapitalisation des banques européennes, de 9 % pour la mi-2012, mise en oeuvre de l'extension de l'EFSF. L'Allemagne s'y opposant, le statut de la BCE est maintenu tel quel.
Les rumeurs s'amplifient sur la note AAA de la France, dont le maintien est indispensable à celle de l'EFSF...

NOVEMBRE : la chanson des pipeaux
Revenant chez lui, le premier ministre grec annonce un référendum sur le deuxième plan de sauvetage décidé le 27 octobre : c'est le hola. Le sommet du G 20 des 3 et 4 novembre, tenu à Nice, devait être consacré au sauvetage de l'Europe par le reste du monde. Il servira de vitrine sur la désunion européenne dont les dirigeants ne s'entendent que pour faire pression sur l'Italie et la Grèce. De fait, ces 2 états changent de dirigeants. Ils sont désormais dirigés par des techniciens : l'ex- consultant pour Goldman Sachs Mario Monti pour l'Italie (16 novembre) et, le 10 novembre) Lucas Papademos, ancien membre de la Banque centrale grecque ayant à ce titre préparé son pays à l'entrée dans la zone euro...
L'Espagne et la Belgique aussi sont agitées par des changements politiques.  Ces deux pays, comme la France, annoncent des plans d'austérité. 
Signe de la gravité de la situation : le 1er novembre, la BCE, dirigée par Mario Draghi après la fin du mandat de Jean-Claude Trichet, baisse ses taux directeurs. Ailleurs dans le monde, l'Australie, le Brésil, la Chine, l'Inde, la Thaïlande assouplissent eux aussi leurs politiques monétaires.
Pour la première fois depuis octobre 2008 (faillite de Lehman Brothers), la Fed et les grandes banques centrales mondiales abaissent de façon concertée le prix d'accès à la liquidité en dollars... 

DECEMBRE : ça sent le sapin
Le 5 décembre, Standard & Poor's menace d'abaisser les notes souveraines de tous les pays européens. 
Le 9 décembre, les chefs d'Etat de l'Union s'engagent : « fiscal compact » ou traité intergouvernemental de consolidation des finances publiques (dit « règle d'or » en France), avancement d'un an de l'ESM, renforcement des capacités d'intervention du FMI en Europe. La Grande-Bretagne refuse de s'associer à l'accord.
Quant à la BCE, elle abaisse une nouvelle fois ses taux directeurs, le 8 décembre et porte à trois ans les refinancements accordés aux banques. Ses interventions visent à sauver les banques mais elle ne s'engage pas dans le soutien aux Etats.

ET 2012 ? stranger in the night
L'impensable sera là. De même que les dirigeants européens ont commencé l'année 2011 en niant tout risque de défaut de la dette grecque avant de l'accepter et d'en tirer les conséquences, de même, plusieurs tabous vont sauter dans les prochaines semaines.
Celui des notes AAA des dettes européennes ; celui de l'intervention directe du FMI dans les affaires européennes ; celui de l'éclatement de la zon euro...
Un seul souhait : que le tabou de la paix ne saute pas !



 


 

mercredi, 28 décembre 2011

Français et Italiens dévoilent leurs programmes d'émissions de dette d'Etat pour 2012

Après l'Agence France Trésor, le Trésor italien vient de dévoiler son programme d'émission d'emprunts pour 2012. La France devrait émettre  178 milliards d'euros, contre 207,8 milliards d'euros cette annEn Italie, les montants sont apparamment plus élevés : 450 milliards pour l'an prochain.

Cependant, les chiffres français ne tiennent pas compte de la « dette sociale » portée par la CadesL'établissement en charge de l'amortissement de la dette de la Sécurité sociale française a d'ailleurs été mis sous surveillance par l'agence de notation Fitch. Cette dernière a confirmé, le 20 décembre dernier, la note « AAA » des emprunts de la Cades mais les a mis sous perspective négative, comme Standard & Poor's deux semaines auparavant. Le motif invoqué par les deux agences est celui d'un lien direct avec la notation « AAA » de l'Etat français.

La Caisse dirigée par Patrice Ract Madoux a réagi avec vigueur. Elle souligne en effet que la Cades n'a pas de lien avec les ressources de l'état puisque ses ressources sont garanties jusqu'à 2025, le Conseil constitutionnel vérifiant chaque année l'adéquation des ressources de la Cades à l'amortissement de la dette.

Le rappel des faits suffira-t-il à infléchir les agences de notation ? Rien de moins sûr. Les forces lancées dans l'affaiblissement de l'Europe sont la résultante d'une volonté politique. La qualité des arguments importe peu.

 

 

Toujours plus de rigueur pour l’Europe

 

L'autisme règne en maître chez nos dirigeants. Oubliant que la « crise de la dette souveraine » est une conséquence directe de l’« effondrement des subprimes » de 2008, ils plaident pour toujours plus de rigueur. La bête mourra guérie. Ainsi du luxembourgeois président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker : « s'accorder sur de nouvelles règles ou de nouveaux traités ne suffit pas (…) Rien de cela n'est suffisant pour maîtriser cette crise de la dette. Il faut des plans de consolidation budgétaire très solides. Ceux-ci sont actuellement en train d'être mis en œuvre. Avec retard, je dois l'admettre, mais ce processus est en cours. »

Quant à Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, il plaide lui aussi pour une réduction de la dette des pays de la zone euro.

Le « timing » de ces déclarations n’est pas neutre : elles ont été faites à la veille, c’est-à-dire aujourd’hui, de l’arrivée sur le marché primaire (celui où l’on propose des emprunts) du Trésor italien. Il va adjuger pour 9 milliards d’euros d’obligations d’une durée de 6 mois et 2,5 milliards d’euros d’emprunts à coupon zéro (ne donnant aucun rendement mais une plus-value au moment du remboursement) arrivant à échéance 2013. Demain jeudi, il proposera un programme, le dernier de la zone euro, d’obligations à échéance 2014, 2018, 2021 et 2022.

Le fait que le taux d’intérêt des obligations italiennes à10 ans évolue autour des 7 % malgré la mise en place d’un plan d’une rigueur drastique prouve bien la vatuité des mesures adoptées en Europe.

Si la dette des Etats européens est, nul ne le niera, élevée voire insupportable à terme, seule la croissance et l’efficacité des dépenses publiques permettront de la réduire. Etouffer la croissance et, donc tuer l’activité économique entraîne, on le sait déjà, une hausse du chômage et des dépenses sociales directes et indirectes (versement des allocations, affaiblissement de la santé des humains sans travail…) qui pèseront à leur tour sur la dette souveraine.
Une baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne, une remise à plat des dépenses sociales indues seraient bien plus efficaces pour remettre les pays en ordre de marche.  Cette solution de bon sens va cependant à l’encontre des lunettes idéologiques de nos dirigeants. Pendant ce temps, la lame de fond venue du Pacifique dévaste l’Europe.