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lundi, 16 mai 2011

Derrière les dettes grecque et portugaise, l'exposition des banques françaises et allemandes

Pour l'Eurogroupe/Ecofin qui se tiendra ces lundi et mardi, les discussions seront serrées. L'arrestation la veille à New York du directeur général du Fonds monétaire international, absent des débats, ne fera qu'ajouter aux tensions.

A l'ordre du jour, l'aide aux deux pays européens actuellement sur la sellette.
Le Portugal d'abord : il s'agit de fixer les modalités du plan d’aide, d'un montant de 78 milliards d'euros, dont 52 à la charge de l'Europe, le reste à celle du FMI. L’accord final reste cependant suspendu aux élections législatives du 5 juin.

Ensuite, la Grèce : après le premier plan d'aide financière, d'un montant de 110 milliards d'euros consenti l'an dernier, il était prévu que l'Etat se finance sur les marchés à partir de 2012, hypothèse irréalisable, en raison de la dette accumulée au fil des ans, de 143 % du PIB l'an dernier, et des faibles perspectives de croissance.  

Les ministres de l'économie et des finances de l'Europe vont donc demander à la Grèce un nouvel effort en termes de réduction des déficits et de privatisations, en échange d'un apport de 60 milliards sur deux ans d'argent frais.

Si l'Europe se soucie tant d'un petit pays de l'eurozone, ce n'est pas par solidarité mais par intérêt bien senti. En effet, les banques allemandes et françaises ont prêté inconsidérément à l'Etat grec. Leur exposition est estimée à 70 et 92 milliards de dollars respectivement, tandis que la Banque centrale européenne détiendrait 40 milliards de dette grecque, soit 15 % du total, et aurait refinancé la Grèce pour quelques 95 milliards d'euros. 

Une défaillance de l'Etat grec, sous forme de défaut par exemple (non remboursement d'un emprunt) aurait donc des conséquences gravissimes pour une Europe encore fragile.
La facture de la crise financière de 2008 n'est donc toujours pas soldée. Ce sont les citoyens européens qui la paient en termes d'atonie économique, de diminution des services publics et de montée du populisme. Les acteurs à l'origine de cet hubris sont, eux, toujours à l'abri.

vendredi, 13 mai 2011

Alliance financière AFD-Caisse des dépôts dans les projets climatiques

CDC Climat Asset Management, filiale de la Caisse des dépôts et consignations spécialisée dans la gestion des actifs carbone et Proparco, institution financière de développement filiale à 59 % de l'Agence française de développement (AFD), nouent des liens capitalistiques et industriels.
Proparco entre à hauteur de 25 % dans le capital de CDC CLimat et la dote de 35 millions d'euros. L'objectif est d'« investir en commun dans des projets de réduction d'émission de carbone en Afrique subsaharienne et Méditerranée ».

Spécialisés dans les réductions d'émission de gaz à effet de serre, les projets, d'un montant total de 30 millions d'euros, confiés par Proparco seront répartis équitablement  entre la zone Méditerranée et l'Afrique subsaharienne, via le Fonds d'investissement et de soutien aux entreprises en Afrique. L'objectif de ces investissements est de générer des réductions d'émission de gaz à effet de serres d'au moins 3,3 millions de tonnes équivalent CO2.


mercredi, 11 mai 2011

La Banque centrale italienne inquiète du recyclage de l'argent sale

Anna Maria Tarantola, directeur général délégué de la Banque d'Italie s'inquiète du recyclage de l'argent sale dans le secteur financier. Mardi  1O mai, devant les étudiants du master « Ethique dans l'administration publique » de l'Ecole supérieure d'économie et des finances, elle a défini ces pratiques comme « un ennemi puissant  » (nemico forte). 
Un ennemi toujours plus puissant : entre 2007 et 2010, les signalisations d'opérations suspectes ont triplé à 37 OOO, du fait d'une hausse de 16 % en 2008, de 44 % en 2009 et de 77 % en 2010. Ces alertes provenaient pour l'essentiel des agents du secteur financier et de la Poste, les agents économiques n'ayant signalé que 223 opérations l'an dernier.

Aujourd'hui, la Banque centrale italienne estime à 10 % du PIB le montant de l'argent sale, contre un niveau mondial de 5 %. Le phénomène concerne toute l'Italie et non plus le Mezzogiorno.

mercredi, 20 avril 2011

La dette américaine sous perspective négative

Standard & Poor's, l'agence de notation, a placé la note de la dette des Etats-Unis sous perspective négative. En d'autres termes, la note actuelle AAA (prononcer triple A), soit la meilleure de l'échelle d'appréciation, pourrait être abaissée.

Pourquoi une telle décision ?  le rapport entre le déficit budgétaire américain et le PIB du pays est le plus élevé de tous ceux des autres pays notés AAA et, surtout, devrait continuer à se dégrader. C'est ce que pointait, en décembre dernier, la Commission des élus dans son rapport  « The moment of truth ». Ce moment de vérité interviendra le 15 mai prochain, lorsque le plafond statutaire de la dette fédérale sera atteint. 

Certes, le Congrès peut décider de relever ce plafond, mais c'est peu probable ou alors à des conditions drastiques pour la politique économique du gouvernement fédéral.  

 

Compte tenu de la puissance culturelle et militaire des Etats-Unis, le risque d'abaissement de la note de sa dette est limité pour eux. En revanche, il s'agit d'un avertissement inquiétant pour les autres états de l'OCDE (Europe, Australie et Japon essentiellement), qui, tous ont laissé filer leur dette publique ces vingt dernières années. En première ligne pour un abaissement de leur notation, ils seront encore plus contraints à l'assainissement de leurs dépenses, au prix de la croissance...




vendredi, 25 février 2011

Les investisseurs institutionnels forcent les Bourses à s'engager dans le DD

 

De Allianz Global Investors à Vereinigung Institutionelle Privatanlegere, vingt-quatre investisseurs institutionnels viennent de demander aux trente premières places boursières d'exiger des sociétés cotées une meilleure communication sur les actions liées au développement durable. 
Le gérant britannique Aviva Investors propose même que l'admission à la cote soit soumise à l'évaluation par les entreprises candidates de leur niveau de responsabilité et de durabilité et à la mise en oeuvre par ces dernières d'une stratégie de développement durable. Cette initiative est soutenue également par des agences de notation extra-financière : 
Ceres, Ethix SRI Advisors, Fondation Guilé et Illac Ltd.

Le courrier de ces investisseurs, qui gèrent quelques 1 600 milliards de dollars, comprend également un classement des places financières en fonction de la qualité et du niveau des informations environnementales, sociales et de gouvernance données par les sociétés cotées. 

Parmi les bons élèves, se distinguent Borsa Italiana, Euronext Amsterdam, Euronext Lisbonne, Euronext Paris, Helsinki et le Tokyo Stock Exchange. Au bas du tableau figurent l'Australian Stock Exchange, le Korea Exchange, le Nasdaq GS, le Philippine Stock Exchange et le Santiago Stock Exchange.

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* Les 24 investisseurs signataires sont :

Allianz Global Investors Investments Europe, sa filiale RCM, AP7, Australian Council of Super Investors, Aviva Investors, BC Investment Management Corporation (bcIMC), Church of Sweden, Dexia Asset Management, Environment Agency Active Pension Fund, EQAO, Ethos Foundation, Fonds de réserve pour les retraites - FRR, Mn Services N.V., NEI Investments, North East Scotland Pension Fund, Pax World Management LLC, SNS Asset Management, Solaris Investment Management, Sparinvest, " TD Asset Management (TD Asset Management Inc., TDAM USA Inc.)" , The Co-operative Asset Management, Trillium Asset Management, Triodos Investment Management B.V. et VIP (
Vereinigung Institutionelle Privatanlegere). 

jeudi, 24 février 2011

Le Maghreb, la planète, le pétrole et le blé

Libye et Bahrein : dans le monde arabe en quête de liberté, ces deux pays sont ceux dont les désordres risquent de provoquer le plus de réactions en chaîne dans l'économie mondiale. Le hic est qu'ils sont aussi ceux où la possibilité d'une transition en douceur est la plus faible.

Au bord du gouffre de la guerre civile, la Lybie produit 1,69 million de barils de pétrole par jour, dont 85 % sont exportés vers l'Europe (chiffres IAE). Or, depuis trois jours, les exportations sont arrêtées. Si l'on inclut dans la production de pétrole celle du gaz, dite « équivalant pétrole », l'Irlande est l'Etat le plus dépendant de la Libye : 23,3 % de ses importations d'huile viennent de ce pays. Elle est suivie par l'Italie (22 %), l'Autriche (21,2 %), la Suisse (18,7 %), la France (15,7 %) et l'Allemagne (14,6 %).
Avec la sécession de fait de la Cirénaïque à l'est du pays, le risque politique s'est accrû puisque près de 60 % des exportations libyiennes passent par les terminaux de la région, Es Sider, Marsa el Brega, Ras Lanouf, Tobrouk et Zouetina...

 

Quant au petit émirat du Bahrein, ce n'est pas sa très faible production d'hydrocarbures qui pose problème mais bien sa situation. Sur l'archipel au sud-est de l'Arabie saoudite, il est à même de contrôler, avec le sultanat d'Oman et l'Iran, l'accès au canal de Suez par lequel passent 5 % de la production mondiale de pétrole. Si elle tombait, la monarchie d'Hamad ben Issa el-Khalifa risquerait de laisser la place à un régime proche de l'Iran. En effet, la population, citoyenne à 46 % seulement, est majoritairement chiite alors que les dirigeants sont sunnites, tandis que les Iraniens représentent la majorité des habitants de l'émirat.

Dans cette période d'incertitudes, riche de promesses mais aussi de risques, on comprend que le cours du pétrole est atteint aujourd'hui les 120 dollars le baril de brent (pétrole d'Afrique et du Proche-Orient, différent du WTI, pétrole du Texas et d'Amérique).

Les conséquences ? Elles sont de deux ordres. D'abord, la croissance des pays dits émergents risque de ralentir du fait de la cherté des prix de l'huile, ce qui aura des impacts négatifs sur l'ensemble de l'économie mondiale. Ensuite, la cherté durable du pétrole va -c'est déjà fait- se répercuter sur les cours des autres matières premières, notamment le blé ou le cuivre et alimenter l'inflation. 

Enfin, l'envolée du prix de l'huile devrait relancer les énergies renouvelables, notamment la recherche et développement autour de la voiture électrique. 

Mais cette perspective favorable n'est que pour après-demain. D'ici là, le retour de l'inflation appauvrit les populations. Déjà, l'Inde est secouée par les émeutes de la faim. 


mercredi, 26 janvier 2011

Déficit fédéral américain :

 

Lors de son Discours sur l’état de l’Union, le 25 janvier, le président Obama a été clair : les  Etats-Unis sont bien près d'être « ensevelis sous une montagne de dettes ». En revanche, il a été moins disert sur les moyens d'aplanir la montagne, se contentant d'appeler ses concitoyens à un réveil comparable à celui du « Sputnik moment », lorsque ils avaient décidé de reprendre la main dans la course à l'espace, après le lancement soviétique du satellite Sputnik. 

Le problème semble insurmontable. Le Congressional Budget Office estime à 8 970 milliards de dollars le déficit fédéral cumulé -hors dépenses des Etats de l'union- jusqu'en 2020. Geler les dépenses fédérales donnerait une réduction de 400 milliards seulement, et cela au bout de dix ans.

En fait, deux moyens existent seulement pour abaisser le taux d'endettement, de 90 % aux Etats-Unis aujourd'hui en global, c'est-à-dire dettes des Etats comprises. Le premier est la croissance. Elle est trop faible pour l'instant. Le second est l'inflation. Elle repart un peu, aidée par la politique de la Banque fédérale qui pratique le prêt à taux zéro et le « quantitative easing ».


 

vendredi, 24 septembre 2010

Quel rôle pour les comités d'audit ? L'IFACI soutient l'AMF

Un comité d'audit, c'est, dans le conseil d'administration d'une société, le groupe d'administrateurs chargés d'examiner les comptes de l'entreprise. On sait que la défaillance -ou la connivence- des comités d'audit des grandes institutions financières explique en partie l'éclosion de la grande crise financière de 2008. 

Aussi l'Autorité des Marchés Financiers, dite AMF, vient-elle d'éditer un nouveau cadre de référence pour le contrôle interne et la gestion des risques, conçu par le groupe de travail Poupart-Lafarge. L'IFACI (Institut français de l'audit et du contrôle interne a donc organisé, le 14 septembre dernier, un colloque auquel ont assisté quelques 200 professionnels.
Voici les trois principales nouveautés :
- Le comité d'audit pourra suivre l'efficacité du contrôle des risques « autres que ceux ayant une incidence sur les comptes » ; il pourra se saisir de toute question qu'il estime « nécessaire et de sa compétence » ;
- Si un membre au moins du comité d'audit doit présenter des compétences particulières en termes de finance et de comptabilité, les autres membres doivent, eux aussi, posséder des compétences minimales en la matière ; 
- Les auditeurs internes doivent coordonner leurs travaux avec ceux des commissaires aux comptes.

On croit rêver à la lecture de ces nouveautés. Faut-il vraiment croire que les administrateurs membres d'un comité d'audit n'avaient pas les compétences financières et comptables nécessaires à leur mission ? que les auditeurs travaillaient sans concertation avec les commissaires aux comptes ? 

 

Contact presse :

Elisabeth Weiss

mercredi, 22 septembre 2010

La Fed angoisse à la perspective de la déflation

Pour la Fed, l'ennemi n'est plus l'inflation mais la déflation. Et le chômage est son maître. Dans ses « minutes » publiées hier soir -il s'agit du compte-rendu des débats des membres de la Banque centrale, l'Autorité monétaire américaine a reconnu son échec.

Aux Etats-Unis, la lutte contre le chômage est toujours passée par la politique monétaire : en rachetant des actifs ou en baissant ses taux directeurs (le coût de l'argent prêté aux banques qui elles-mêmes le prêtent aux entreprises et aux particuliers), l'Autorité monétaire américaine relançait l'économie et diminuait du même coup le chômage. Aujourd'hui, ce dernier se situe à plus de 9 % et reste insensible à la petite reprise des investissements de l'été.
Pourtant, les minutes de la Fed sont relativement peu loquaces sur ce problème. Elles portent essentiellement sur les questions d'inflation : la hausse des prix, de 1 % sur un an, est considérée comme insuffisante. Pour la Fed, une inflation normale est comprise entre 1 et 2 %. Normale, cela veut dire que la croissance économique est suffisamment forte pour provoquer des anticipations de hausse des prix mais sans qu'elle ne s'emballe. Une inflation faible marque au contraire un ralentissement économique. De fait, les économistes prévoient une croissance comprise entre 2,4 % et 3 % pour 2011, ce qui est très inférieur aux taux de ces vingt dernières années.

Que peut donc faire la Fed ? On le saura vendredi lorsque son président Bernanke annoncera sa politique dans les prochains mois. Sa marge de manoeuvre est limitée : les rachats d'actifs et les baisses de taux étant inefficaces, seule reste l'arme des changes. Un dollar faible, c'est le pari de la Fed mais rien ne dit qu'il permette de relancer l'économie d'autant que le seul impact dont on soit certain est qu'il affaiblira les économies européennes.

 

 

La Fed a laissé entendre qu’un assouplissement de la politique monétaire était possible... si nécessaire. Par nécessaire, il faut comprendre, dans le cas présent, la manipulation des anticipations d’inflation. La Fed reconnaît désormais sans ambages qu’en plus de rater son objectif d’emploi, elle rate aussi son objectif de prix. La relance du « quantitative easing », si elle doit être mise en œuvre dans les prochain mois, n’aura pas pour but véritable de faire baisser le chômage, ce qui est hors de portée immédiate des actions monétaires. Elle visera avant tout à créer de l’inflation (anticipée). Peser sur le dollar est peut-être le plus sûr moyen d’y parvenir.

L’inflation en zone d’inconfort

Le discours de Ben Bernanke au symposium de Jackson Hole, à la fin du mois d’août, avait mis l’accent sur le risque de voir l’inflation freiner davantage – ce qui à terme pourrait conduire à la déflation, phobie bien connue du président de la Fed. L’idée défendue alors était que, pour prévenir ce risque de désinflation/déflation, on pouvait envisager un nouvel assouplissement monétaire, la forme privilégiée de cette politique étant une relance des programmes d’achat d’actifs. Le communiqué du FOMC publié à l’issue de sa réunion d’hier reprend à son compte l’idée de Ben Bernanke. La principale modification de ce texte, par rapport aux moutures précédentes, concerne en effet la description du panorama d’inflation. Le FOMC note ainsi que l’inflation est au-dessous de ce que l’on peut considérer comme son objectif de moyen terme (Cette formulation est vague car la Fed n’a pas d’objectif quantifié, contrairement à la plupart des banques centrales. Néanmoins il est admis que sa « zone de confort » est une inflation sous-jacente comprise entre 1 et 2%).

L’inflation a été faible dernièrement (1% sur un an pour le CPI sous-jacent) mais elle n’a pas reculé de manière significative. Il y a donc plusieurs mois déjà que la Fed aurait pu dire que la deuxième partie de son mandat (la stabilité des prix) était tout aussi hors d’atteinte à court terme que la première partie (le plein emploi). Pourquoi donc ce changement ? Nous sommes enclins à y voir un compromis entre membres du comité de politique monétaire. On sait en effet que la question de la relance du « quantitative easing » est l’objet d’un vif débat au sein de la Fed. Si Ben Bernanke pousse visiblement cette option, d’autres sont très réticents. Le plus visible des opposants est Thomas Hoenig, président de la Fed de Kansas City, qui pour la sixième fois cette année a voté contre le reste du comité : son argument est que cette mesure serait inefficace quant aux objectifs de politique monétaire et ne ferait que créer davantage de déséquilibres. D’autres présidents de Fed régionales n’ayant pas de droit de vote cette année (St. Louis, Minneapolis) ont aussi fait part de leurs réserves. En somme, la situation économique n’était pas assez mauvaise pour que la « motion Bernanke » passe en force, mais assez incertaine pour laisser la discussion suivre son cours.

On notera aussi que, par rapport au communiqué du mois d’août, le FOMC s’abstient de dire que son portefeuille d’actifs va être maintenu à un niveau constant. Cela signale on ne peut plus clairement que la forme d’un nouvel assouplissement (si nécessaire) passera par des achats d’actifs. Aucune indication de taille et de calendrier n’est évidemment donnée à ce stade.

La prochaine réunion du FOMC aura lieu le 3 novembre (lendemain des élections de mi-mandat – de sorte qu’une action à partir de cette date ne pourra pas être jugée sur une base partisane). Quelles informations peuvent d’ici là faire pencher la balance ? En matière de statistiques, il faudra surveiller notamment les éléments suivants : les deux prochains ISM (parution : 1er octobre et 1er novembre), le rapport sur le marché du travail (parution : 8 octobre), le prochain CPI (parution : 15 octobre). Les minutes de la réunion d’hier, à paraître le 12 octobre, donneront aussi un éclairage sur l’état du débat interne à la Fed.Economie mercredi 22 septembre 2010

Révision baissière du scénario de la Fed

Les dernières prévisions connues des membres du FOMC datent de juin. Elles ont été élaborées avant de connaître le mauvais résultat de la croissance au T2 2010 et sans anticiper la détérioration des données économiques sur juillet et août. En matière d’activité, elles étaient supérieures à celles du consensus, qui lui-même était il y a encore trois mois trop optimiste par rapport à la réalité. Les prochaines prévisions seront préparées pour la réunion du 3 novembre (et rendues publiques trois semaines plus tard avec la publication des minutes). Les révisions opérées par le consensus donnent une idée assez claire de ce qui va se passer. De juin à septembre, le consensus des prévisionnistes américains a abaissé la croissance moyenne du PIB pour 2011 de 3.1% à 2.4% (selon le sondage de Consensus Inc). Par son ampleur, un tel changement est rare. La discussion entre banquiers centraux se fera donc sur la base d’une croissance attendue nettement inférieure aux moyennes historiques. En matière d’inflation et d’inflation sous-jacente, les prévisions de la Fed ont toujours été très prudentes, les changements devraient être plus modestes et, en tout état de cause, confirmer le scénario d’inflation modeste, au bas de la « zone de confort ».

 

 

 

La Fed a laissé entendre qu’un assouplissement de la politique monétaire était possible... si nécessaire. Par nécessaire, il faut comprendre, dans le cas présent, la manipulation des anticipations d’inflation. La Fed reconnaît désormais sans ambages qu’en plus de rater son objectif d’emploi, elle rate aussi son objectif de prix. La relance du « quantitative easing », si elle doit être mise en œuvre dans les prochain mois, n’aura pas pour but véritable de faire baisser le chômage, ce qui est hors de portée immédiate des actions monétaires. Elle visera avant tout à créer de l’inflation (anticipée). Peser sur le dollar est peut-être le plus sûr moyen d’y parvenir.

L’inflation en zone d’inconfort

Le discours de Ben Bernanke au symposium de Jackson Hole, à la fin du mois d’août, avait mis l’accent sur le risque de voir l’inflation freiner davantage – ce qui à terme pourrait conduire à la déflation, phobie bien connue du président de la Fed. L’idée défendue alors était que, pour prévenir ce risque de désinflation/déflation, on pouvait envisager un nouvel assouplissement monétaire, la forme privilégiée de cette politique étant une relance des programmes d’achat d’actifs. Le communiqué du FOMC publié à l’issue de sa réunion d’hier reprend à son compte l’idée de Ben Bernanke. La principale modification de ce texte, par rapport aux moutures précédentes, concerne en effet la description du panorama d’inflation. Le FOMC note ainsi que l’inflation est au-dessous de ce que l’on peut considérer comme son objectif de moyen terme (Cette formulation est vague car la Fed n’a pas d’objectif quantifié, contrairement à la plupart des banques centrales. Néanmoins il est admis que sa « zone de confort » est une inflation sous-jacente comprise entre 1 et 2%).

L’inflation a été faible dernièrement (1% sur un an pour le CPI sous-jacent) mais elle n’a pas reculé de manière significative. Il y a donc plusieurs mois déjà que la Fed aurait pu dire que la deuxième partie de son mandat (la stabilité des prix) était tout aussi hors d’atteinte à court terme que la première partie (le plein emploi). Pourquoi donc ce changement ? Nous sommes enclins à y voir un compromis entre membres du comité de politique monétaire. On sait en effet que la question de la relance du « quantitative easing » est l’objet d’un vif débat au sein de la Fed. Si Ben Bernanke pousse visiblement cette option, d’autres sont très réticents. Le plus visible des opposants est Thomas Hoenig, président de la Fed de Kansas City, qui pour la sixième fois cette année a voté contre le reste du comité : son argument est que cette mesure serait inefficace quant aux objectifs de politique monétaire et ne ferait que créer davantage de déséquilibres. D’autres présidents de Fed régionales n’ayant pas de droit de vote cette année (St. Louis, Minneapolis) ont aussi fait part de leurs réserves. En somme, la situation économique n’était pas assez mauvaise pour que la « motion Bernanke » passe en force, mais assez incertaine pour laisser la discussion suivre son cours.

On notera aussi que, par rapport au communiqué du mois d’août, le FOMC s’abstient de dire que son portefeuille d’actifs va être maintenu à un niveau constant. Cela signale on ne peut plus clairement que la forme d’un nouvel assouplissement (si nécessaire) passera par des achats d’actifs. Aucune indication de taille et de calendrier n’est évidemment donnée à ce stade.

La prochaine réunion du FOMC aura lieu le 3 novembre (lendemain des élections de mi-mandat – de sorte qu’une action à partir de cette date ne pourra pas être jugée sur une base partisane). Quelles informations peuvent d’ici là faire pencher la balance ? En matière de statistiques, il faudra surveiller notamment les éléments suivants : les deux prochains ISM (parution : 1er octobre et 1er novembre), le rapport sur le marché du travail (parution : 8 octobre), le prochain CPI (parution : 15 octobre). Les minutes de la réunion d’hier, à paraître le 12 octobre, donneront aussi un éclairage sur l’état du débat interne à la Fed.Economie mercredi 22 septembre 2010

Révision baissière du scénario de la Fed

Les dernières prévisions connues des membres du FOMC datent de juin. Elles ont été élaborées avant de connaître le mauvais résultat de la croissance au T2 2010 et sans anticiper la détérioration des données économiques sur juillet et août. En matière d’activité, elles étaient supérieures à celles du consensus, qui lui-même était il y a encore trois mois trop optimiste par rapport à la réalité. Les prochaines prévisions seront préparées pour la réunion du 3 novembre (et rendues publiques trois semaines plus tard avec la publication des minutes). Les révisions opérées par le consensus donnent une idée assez claire de ce qui va se passer. De juin à septembre, le consensus des prévisionnistes américains a abaissé la croissance moyenne du PIB pour 2011 de 3.1% à 2.4% (selon le sondage de Consensus Inc). Par son ampleur, un tel changement est rare. La discussion entre banquiers centraux se fera donc sur la base d’une croissance attendue nettement inférieure aux moyennes historiques. En matière d’inflation et d’inflation sous-jacente, les prévisions de la Fed ont toujours été très prudentes, les changements devraient être plus modestes et, en tout état de cause, confirmer le scénario d’inflation modeste, au bas de la « zone de confort ».

 

mercredi, 01 septembre 2010

Les affaires vont moins bien

Le climat mondial des affaires entre peu à peu dans la déprime. 
C'est ce qui ressort de l'indice PMI mondial en août. Cet indice reprend les intentions des directeurs d'achat partout dans le monde et anticipe les évolutions de l'industrie mondiale. Au-dessous de 50, il peut annoncer une contraction de l'activité, au-dessus, il anticipe la croissance économique. En avril, il avait atteint le haut niveau de 57,7 points. En août, il est revenu à 53,5 points.
Son analyse est inquiétante. Ce sont en effet les pays les plus dynamiques des précédentes années qui accusent les replis au-dessous de 50 : le Brésil, la Norvège, Taïwan. Aussi, la bonne tenue de l'indice en Allemagne ou en Suède, pays exportateurs vers les pays émergents perd-elle de sa pertinence : leurs exportations ne pourront se maintenir au même rythme. 
Quant à la confiance affichée par les directeurs d'achat des Etats-Unis, elle aussi doit être relativisée puisqu'elle s'explique par la hausse des stocks. Reste à espérer que cette reprise de la production américaine se traduise par une hausse de la main d'oeuvre, et donc une hausse du pouvoir d'achat des consommateurs : le renouveau de l'activité deviendrait alors durable...


 

lundi, 17 mai 2010

Qui veut la mort de l'Europe

"La guerre financière est une forme de guerre non militaire qui se révèle tout aussi gravement destructrice qu'une guerre sanglante, même si aucune goutte de sang n'est versée. La guerre financière occupe désormais officiellement la scène qui, depuis des milliers d'années, n'avait été occupée que par des soldats et des armes, du sang et des morts". Ces phrases figurent dans l'essai La guerre hors limites, publié en 1999 et écrit par les deux officiers de l'Armée chinoise Qiao Liang et Wang Xiangsui qui ont analysé les nouvelles formes de la guerre apparues après la première Guerre du Golfe et, notamment, la crise financière et monétaire de 1998. 
Douze ans après les pays du Sud-Est asiatique et la Russie, l'Union européenne se trouve à son tour près d'être dévastée.
Bien sûr, l'attaque est d'autant plus aisée que la proie est faible. Depuis septembre dernier, lorsque le Parlement allemand a adopté le traité de Lisbonne en le vidant de sa substance au motif, réel, de son manque de démocratie, l'Union européenne est entrée en agonie. Celle-ci a été précipitée par l'échec du sommet de Copenhague. L'Union l'avait conçu comme une arme de défense contre la puissance émergente des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), l'alliance Chine-Etats-Unis a déjoué ses plans d'autant plus facilement que les Etats européens allaient à la bataille en ordre dispersé : rappelons-nous l'opposition de l'Italie, du Royaume-Uni ou de la Pologne aux conceptions de la France et de l'Allemagne.

Aujourd'hui, ce sont les dettes des Etats européens qui sont dans la ligne de mire. Du strict point de vue financier, cela devrait étonner. N'y aurait-il pas mieux ailleurs ? Mais peu importe que le Japon ait un ratio dette/PNB de 200 %, bien supérieur à celui de la Grèce, que les finances du Royaume-Uni soient plus délabrées que celles des Etats du continent ou que les Etats-Unis eux-mêmes ne tiennent que grâce au bon vouloir de la Chine. C'est l'Europe qui doit être mise au tapis. Et elle y va rapidement. Après les PIGS (Portugal, Irlance, Grèce et Espagne), c'est au tour de la France de subir des coups de bélier. Officiellement, les raisons avancées s'appuient sur le déficit structurel de l'Etat dont les dépenses représentent 56 % du PIB (chiffres 2009), un niveau inégalé dans  l'OCDE, Suède et Danemark exceptés. Pourquoi alors ces deux pays que leur petite taille devrait, normalement, rendre plus vulnérables, restent-ils à l'écart des offensives financières ? Parce qu'ils sont de peu de poids dans la course à la suprématie économique mondiale que se livrent la Chine et les Etats-Unis. La France représent ncore un danger : elle avait fortement contribué au réglement de la crise géorgienne, à la création d'un G 20 plus respectueux du nouvel (dés-)équilibre mondial et, par sa présence en Afrique, entrave les ambitions chinoises en matière de contrôle des terres agricoles et des champs de matières premières.

Le problème majeur pour la France ne repose pas dans ses déséquilibres financiers, même si le danger que représentent ces derniers ne doit pas être minimisé. Il réside dans son appartenance à une Europe désunie que symbolise la scission rampante de la Belgique, siège des principales autorités européeennes, à une Europe qui a oublié l'origine de sa force : le pouvoir démocratique. Les peuples n'ont plus voix à la parole. Que la Commission européenne, inaudible et inefficace dans la crise actuelle, ose demander à examiner les budgets des Etats à la place des Parlements prouve la décadence de l'Europe. Ses pires ennemis sont en son sein, pas à l'extérieur.

mardi, 11 mai 2010

Dette publique : pourquoi la France est attaquée

Le sauvetage de la Grèce, avec l'appui de l'Allemagne, ainsi que la création d'une solidarité dans l'Eurozone ont suscité, hier lundi, un fort rebond des marchés d'actions. Aujourdhui, la rechute est douloureuse en Europe, seule les bourses allemandes résistant en limitant leur repli à moins de 0,5 %. En revanche, les actions françaises sont en fort recul.
Comment analyser cette volatilité des marchés ? D'abord, en rappelant les grandes lignes des plans de sauvetage, ensuite en en pointant les manquements puis, enfin, en soulignant les risques élevés pour la dette publique française.

Un plan massif pour l'eurozone

Outre les 110 milliards d'euros à destination de la Grèce qu'apporteront l'Union européenne et le FMI, quelques 720 milliards d'euros de prêts et de garanties bilatéraux ont été annoncés pour aider tout pays en difficulté dans l'Eurozone tandis que les facilités de balances de paiement octroyées par l'Union européenne à la Hongrie, à la Lettonie et à la Roumanie.
La Banque centrale européenne s'est engagée à intervenir sur les segements des marchés de dettes, publiques ou privées, en manque de profondeur ou de liquidité. C'est contraire à ses statuts mais la situation l'impose.
Enfin, les facilités de swaps de devises avec la Fed (Réserve fédérale américaine, équivalent de la BCE) sont réactivées.

Des interrogations en suspens

Le diable se cachant dans les détails, il serait opportun d'étudier ces derniers. Problème, ces fameux détails ne sont pas connus. A commencer par le plus gros, celui du fonctionnement du véhicule d'investissement spécial. Comment sera-t-il abondé en essence ? Quelles sont les instances aptes à en prendre le volant ?  Quelles seront les conditions de déclenchement de son moteur ? Dans ce flou savamment entretenu, il est compréhensible que les « spéculateurs » estiment rentable et peu risqué de tester encore les capacités de réaction des dirigeants de l'Union européenne. D'autant que Moody's, en fin de journée lundi, a été très claire : l'agence de notation des dettes s'apprête à abaisser la note des emprunts grecs, au niveau des investissements à haut risque, ainsi que celle de la dette publique portugaise.

La France en ligne de mire

Quant à la France, elle a beau être cinquième puissance mondiale, elle risque bien de descendre rapidement de son perchoir. Tenus dès vendredi dernier mais publiés seulement mardi dans le Handelsblatt, les propos du commissaire européen aux Affaires économiques et monétaire Olli Rehn ont le mérite de la franchise : « En Italie, le processus d'assainissement des comptes publics doit être intensifié. Cela vaut aussi pour la France. »

Cet avertissement a été suscité par sur deux faits majeurs. Le premier est structurel : les prévisions du déficit budgétaire 2010 ne cessent d'être révisées à la hausse depuis le début de l'année. Le dernier réajustement est intervenu en avril. D'un montant de 3 milliards d'euros,  il a porté à 152 milliards le déficit budgétaire estimé pour 2010, « sous l’effet d’un surcroît de dépenses de 3,9 milliards et d’une augmentation de la prévision de recettes de 0,9 milliards, se traduisant par une augmentation de 3 Md€ du besoin de financement de l’Etat par rapport à la loi de finances rectificatives du 9 mars 2010. Le besoin de financement de l’Etat pour l’année 2010 s’établit ainsi à 239,1 milliards d'euros. » Ces chiffres sont officiels, on les retrouve sur le site de l'Agence française du Trésor. « Ce besoin de financement sera couvert à hauteur de 188 milliards d'euros par les émissions à moyen et long terme (BTAN et OAT) nettes de rachats, et à hauteur de 1,2 Md€ par une augmentation de l’encours de dette à court terme (BTF) » ,poursuit l'organisme en charge de la dette de l'Etat français.

Le second évènement à l'origine de la semonce faite à la France par Olli Rehn est intervenu à la mi-mars, le 10 exactement. Ce mercredi-là, l'AFT annonce le lancement d'une OAT (obligation assimilable du Trésor) d'une durée de cinquante ans, l’OAT 4,00 % 25 avril 2060. A la fin de la journée, après le dépouillement des ordres d'achat par les institutionnels, les argentiers publics ont des sueurs froides : le taux d'intérêt est de 4,175 %, soit un rendement supérieur de 2 points de base à celui de la précédente OAT de 50 ans, l’OAT 4,0 % 25 avril 2055.
En d'autres termes, la France doit payer une prime de risque pour que ses emprunts soient acceptés par le marché.

Risque de wee-end chahuté

On comprend dans ces conditions l'absence de triomphalisme de Christine Lagarde, interrogée ce matin sur France Culture. Surtout que, après-demain jeudi, aura lieu une nouvelle adjudication d'OAT par le Trésor français. Entre 7,5 et 9 milliards d'euros seront proposés au marché, avec pour échéance les années 2020, 2021 et 2041. Que les acheteurs potentiels demandent une nouvelle fois une prime de risque pour ces emprunts à durée plus courte que celle de mars dernier, et la charge de la dette publique s'alourdira encore...
Les perspectives sont très sombres. La poursuite de la dérive déficitaire est inimaginable : à force, les emprunts français ne trouveront plus preneurs si ce n'est à des taux usuraires. Seule la réduction des déficits publics est indispensable mais ce remède risque de tuer le malade. Trop de rigueur et les embryons de croissance seront tués dans l'oeuf. Il faudra donc du doigté aux dirigeants européens, politiques ou financiers.

Sur la ligne d'OAT à 4,50% à échéance le 25 avril 2041, le taux moyen pondéré avait atteint 4,28% lors de l'adjudication comparable précédente, le 7 janvier.

Il précise que les ministres des Finances de l'UE discuteront de ce changement lors de leur réunion mensuelle la semaine prochaine.

L'Italie a réduit jeudi dernier sa prévision de croissance et a relevé sa prévision d'endettement.

lundi, 03 mai 2010

L'aide à la Grèce n'élimine pas le risque de contagion

Dimanche 2 mai, les ministres des Finances de la zone euro ont décidé d'aider la Grèce. Ils lui apporteront 80 milliiards d'euros sur 3 ans, dont 30 milliards cette année, à un taux moyen de 5 %. Le FMI prêtera 30 milliards, dont la moitié dès 2010. A ces 110 milliards d'euros s'ajoutent 10 milliards, bloqués dans un Fonds de stabilité financière destiné à soutenir, si besoin est, le secteur bancaire grec. La quote-part des 16 pays est calculée au proraa de leur participation à l'euro : 21 % pour la France et 28 % pour l'Allemagne, les 2 plus gros contributeurs.
De son côté, la Grèce devra réduire son déficit public de 13,6% du PIB en 2009 à 6,5% en 2012 et moins de 3% en 2014, par le biais d'économies portant sur 30 milliards d'euros sur trois ans. Concrètement, les deux mois de bonus des fonctionnaires sont supprimés et la TVA, déjà de 21 %, sera encore majorée d'un à deux points, tandis que l'âge minimal de la retraite sera repoussé à 60 ans.

Pour autant, l'effet de contagion demeure. D'abord, se pose la question de la qualification de la dette publique grecque. Selon l'agence de notation Standard & Poor's, celle-ci n'est plus « investment grade » et ne peut, donc, plus être éligible au refinancement de la Banque centrale européenne. Cette dernière pourrait cependant acheter elle-même des emprunts d'Etat de la zone euro, grecs mais aussi portugais et espagnols, pour endiguer  la montée de leurs rendements. Une telle décision serait un avertissement fort aux spéculateurs sur les dettes européennes mais, pour l'instant, elle est freinée par le ministre des finances allemand.
Ensuite vient le risque de contagion sur les banques et assureurs européens. Certaines d'entre eux, très engagés en Grèce, devront probablement prêter de l'argent à l'état grec : le Financial Times Deutschland avance les chiffres de 500 millions d'euros pour la Deutsche Bank, de 300 millions pour Allianz et de 200 millions pour Munich Re. En France, le Crédit agricole et la Société générale risquent eux aussi de devoir avancer de l'argent.
Enfin, les doutes créés par le retard pris à aider la Grèce ont semé le doute sur la solidité de l'Europe et donc limité les risques pour les investisseurs internationaux qui veulent attaquer tel ou tel Etat.

 

Du mensonge en Europe

Me voici de retour après une semaine au vert, le vrai vert, celui de la campagne, loin de l'auto-proclamé sauvetage de la Grèce, loin de l'échec programmé du Grenelle II de l'enviornnement. Un retour qui se fait dans la vie active, celle du travail réel et non virtuel. Le virtuel a été la marque des banques, il est aujourd'hui celui des Etats.
Les mésaventures grecques rappellent celle de l'Islande. Au départ, on trouve un aveuglement volontaire des institutions de contrôle. Rappelez-vous les déclarations, en février dernier, d'Arnold Schilder, ancien directeur de la surveillance à la banque centrale des Pays-Bas
. Cette dernière avait fait part à son homologue islandaise, le FME, de ses préoccupations à l'égard de la position dominante des trois grandes banques du pays.  « A chaque fois, l’organe de surveillance islandais a dit : Il n’y a aucun problème, tout va très bien. De quoi vous mêlez-vous ? Vous pouvez uniquement surveiller la liquidité de la banche néerlandaise. Alors faites-le et ne vous occupez pas du reste. » Quant à la Grèce, il est désormais acquis que les autorités européennes ont, elles aussi, fermé les yeux sur les statistiques mensongères de l'Etat grec lors de sa candidature à l'euro. A l'époque, le mot d'ordre était : « élargissons la zone monétaire, afin d'avoir de nouveaux marchés d'exportation ».
Puis vint l'heure de vérité : octobre 2008 pour l'Islande et la Hongrie, hiver 2009-2010 pour la Grèce. La première n'est pas membre de l'Union européenne mais la Hongrie oui. Cette dernière cependant dut, comme l'Islande hier et la Grèce aujourd'hui, appeler le FMI à son secours. L'Europe, hier comme aujourd'hui, afficha son incapacité à parler d'une voix.
Comment s'en étonner ? Gouvernements et élus ont refusé d'entendre leurs peuples hostiles à la Constitution européenne, une loi suprême qui faisait fi des distorsions fiscales et sociales entre Etat. Comment s'en étonner lorsque ces mêmes élites politiques ont accepté, à l'été 2009, que les députés d'Allemagne vident le traité de Lisbonne de sa substance après que sa Cour constitutionnelle ait déclaré ce dernier anti-démocratique ?

Depuis plusieurs années déjà, le mensonge est l'alpha et l'oméga de la vie politique en Europe. Ses effets sont dévastateurs. Sur le plan politique, ce poison provoque abstention, votes extrêmes et replis communautaires. Sur le plan économique, il entrave l'action publique, comme en témoignent les difficultés, en France notamment, à fixer des lignes directrices au développement d'une économie de l'innovation. Les demi-vérités et demi-mesures qui ont accompagné le premier Grenelle de l'environnement ont dégoûté les Français de tout ce qui a trait à l'environnement et aux économies d'énergie, pourtant vastes viviers de croissance future.
Ce pessimisme ambiant cache cependant la créativité de nombreux acteurs économiques, en France notamment. C'est notre plaisir d'en faire ici l'état.

lundi, 12 avril 2010

Enfin l'Europe vint au secours de la Grèce

Les Ministres des Finances de l’Union monétaire européenne sont, enfin, venus au secours de la Grèce. Enfin parce que l'Europe, naguère trop heureuse d'élargir son champ d'exportation pour tancer la Grèce en voie d'endettement, porte une part de responsabilité dans la crise financière héllène aussi grande que celle des dirigeants grecs.

Le plan annoncé hier dimanche 12 avril porte sur 30 milliards d’euros, qui seront versés par l'Union monétaire sous forme de prêts bilatéraux, sans compter une aide additionnelle du FMI qui pourrait porter sur 10 à 15 milliards. L'objectif : écarter le « risque de défaut » ou de non-remboursement de la dette publique grecque, au moins pour 2010.
Les Etats de l'Union apporteront les 30 milliards sur la base de leur présence au capital de la Banque centrale européenne. Soit 27 % pour l'Allemagne, 20 % pour la France, 18 % pour l'Italie, 12 % pour l'Espagne, 5,5 % pour les Pays-Bas... Dans la réalité, il est peu probable que l'Espagne ou l'Italie, pays en difficulté, contribuent au prorata exact de leur détention du capital de la BCE. Un autre nuage se cache à l'horizon, plus précisément à l'est du Rhin : celui de l'examen de l'aide promise par la Cour constitutionnelle allemande qui jugera de sa conformité aux Traités européens et à la loi fédérale allemande...

Si l'annonce de l'aide européenne à la Grèce a permis, ce matin, d'endiguer la spéculation sur les emprunts d'Etat grec et sur l'euro, rien n'est donc gagné. Le premier test interviendra dès demain, avant d'être réitéré une semaine plus tard : le Trésor grec mettra aux enchères quelques 4 milliards d'euros de bons du Trésor : leur accueil par les marchés financiers permettra de juger de la solidité du plan de soutien.
Une autre date à retenir est celle du 22 avril, lorsque seront publiés les « vrais » comptes grecs pour 2009. Le déficit budgétaire tournerait autour de 13 % mais le trou serait encore plus profond si l'on prend en compte la dette des hôpitaux publics...

 

lundi, 22 mars 2010

L'Italie jugera les ventes de dérivés aux municipalités

Deutsche Bank, Hypo Real Estate, JPMorgan et UBS : le fleuron de la finance mondiale est invité par le juge italien à comparaître devant le tribunal, le jeudi 6 mai à Milan. L'objet du litige ? un swap de taux à 30 ans couvrant 1,7 milliard d'euros d’obligations de la municipalité milanaise vendues entre 2005 et 2007. Selon le procureur, les quatre banques auraient violé les règles en matière d’information du client et empoché un gain illicite de 101 millions d'euros, dont 45 millions pour JPMorgan, 25  pour Deutsche Bank, 21 pour Hypo Real Estate et 10 M€ pour UBS.
Ce procès s'inscrit dans la révolte des collectivités locales italiennes qui auraient acheté 35 milliards d'euros de swaps entre 2001 et 2008, soit le tiers de leur dette totale. Selon la Banque centrale d’Italie, elles pourraient perdre jusqu'à 1 milliard d'euros. Nomura, en tant qu'acquéreur de Lehman Brothers, Bank of America et Dexia seraient d'ailleurs l'objet d'enquêtes sur leurs politiques commerciales, la première pour ses pratiques passées en Ligurie, les seconds pour leurs politiques de vente dans les Pouilles.
La fronde des collectivités n'est pas limitée à l'Italie. En France même, Rouen, Lille ou le Conseil général de Seine Saint-Denis auraient négocié avec leurs établissements bancaires pour revoir leurs engagements.

lundi, 15 février 2010

Quand les banques aidaient la Grèce à masquer ses déficits

Goldman Sachs et JP Morgan auraient aidé la Grèce à dissimuler les chiffres de sa dette en 2001, à la veille de son entrée dans l'Union monétaire européenne. Le New York Times a révélé l'affaire : Goldman Sachs aurait aidé le gouvernement à respecter les règles de sobriété budgétaire imposées par le traité de Maastricht et à emprunter sur les marchés. Pour ce service, la banque aurait reçu 300 millions de dollars de commissions, plus une partie des recettes de l'état grec, telles les taxes d'aéroports ou les recettes du loto. Comme le montage avait été effectué par le biais de transactions sur devises et non de prêts de la part de Goldman ou de JP, il n'avait pas à être enregistré comme dette. D'où la tromperie des régulateurs et des autres pays membres de l'euro.
Quand la corruption atteint de tels sommets de dissimulation, les efforts des Etats apparaissent bien vains.
Et l'on ne peut qu'être suspicieux à l'égard de la position des ministres des finances qui se réunissent aujourd'hui dans le cadre de l'EUROFIN. Les argentiers européens rejettent en effet les propositions de Barck Obama de limitation de la taille des banques et de prise des risques par ces dernières, au motif qu'elles iraient à l'encontre de la politique européenne. Mais quelle politique européenne ? celle de la fraude et du mensonge organisé ?


samedi, 13 février 2010

Comment attaquer une monnaie

Où trouver l'argent pour attaquer l'euro ? Pour leurs attaques contre les emprunts des Etats « PIGS » (Portugal, Irlande, Grèce et Espagne), les investisseurs ont besoin d'argent. Une denrée rare pour les entreprises mais copieuse pour les banques. Depuis dix-huit mois, celles-ci se refont une santé opulante en accordant des prêts avec un taux d'intérêt annuel de 19 % par exemple pour le crédit à la consommation en France mais à partir d'argent qui leur a été octroyé à moins de 1 % par les Banques centrales.

Cette matière première, il est bien moins intéressant pour les banques de la prêter à des entreprises qu'à des investisseurs qui vont attaquer une monnaie. En effet, les gains de ces derniers sont très probables, contrairement aux risques inhérents à l'investissement industriel, tandis que les banques sont certaines d'engranger des commissions élevées. Sur les prêts accordés d'abord ; ensuite sur les opérations à terme des investisseurs contre l'euro. En effet, dans l'« euro-bashing » auquel nous assistons depuis deux semaines, les acteurs ne jettent pas leurs capitaux directement dans la bataille. Ils parient en effet sur une baisse de l'euro en achetant, à terme, du dollar, tout en vendant, toujours à terme, de l'euro. A Chicago, le marché à terme CTFC (Commodity Futures Trading Commission) a enregistré, le 2 février dernier, un niveau record de contrats vendeurs nets de positions non commerciales. Et cette dynamique ne devrait pas s'arrêter rapidement.
L'intérêt de ce type de comportement est qu'il est presque à coup sur gagnant, à la seule condition que les attaqués accusent déjà des signes de faiblesse et c'est le cas pour les PIGS, comme pour l'Union monétaire européenne. S'il est gagnant, c'est qu'il s'auto-réalise : plus vous attaquez des emprunts d'Etat ou une monnaie en les vendant à terme, plus ils se déprécieront et plus votre gain sera élevé. Ainsi, cette semaine, les enchères des emprunts d'état portugais se sont-elles mal passé : le Portugal a dû consentir des intérêts plus élevés pour trouver des acheteurs.

Que nul ne s'étonne de voir qualifier ici d'investisseurs ceux qui spéculent sur les monnaies et les emprunts, contraignant les Etats, non faillibles, à imposer à leurs citoyens des politiques économiques restrictives en période de crise. Les stratégies employées par les hedgefunds le sont au service des fonds de pension, c'est-à-dire des caisses de retraite qui doivent verser à leurs ayant-droits des niveaux de pension garantis. En 1998, lors de la crise monétaire de l'Asie du Sud-Est, c'était Calpers, le fonds de retraite des enseignants californiens, qui avait fait ployer la Thaïlande. Aujourd'hui, est venu le tour de l'Europe.

 

jeudi, 04 février 2010

Dette grecque, dette américaine, même combat

Tandis que le sauvetage de la dette grecque souveraine (celle de l'Etat) focalise les attentions, la dette de l'Etat américain pourrait bien se retrouver sous pression. C'est que soulignait l'agence de notation des obligations Moody's mardi. Aujourd'hui, la dette souveraine des Etats-Unis bénéficie de la meilleure note, le fameux AAA (prononcer triple A). Cependant, Moody's n'exclut pas des « pressions » à long terme.

Ce réveil de l'agence connue, comme ses consors, pour son aveuglement, est intervenu après la présentation par le président Barack Obama du projet de budget pour l'exercice d'octobre 2010 à septembre 2011. Rappelons que la dette devrait atteindre 77 % du PIB américain en 2020, contre 64 % aujourd'hui, ce qui amènerait un doublement des intérêts, à 17,8 % des recettes fiscales contre 8,7 % aujourd'hui. Quant à la dette publique, elle s'élèverait dans dix ans, toujours selon les estimations de la Maison blanche, à 18 500 milliards de dollars.

Les Etats-Unis ont déjà connu des problèmes d'une ampleur presqu'égale, durant la première moitié de la décennie 80. Cependant, leur environnement était différent : l'écroulement du bloc de l'Est avait permis une décélération des dépenses militaires tandis que la puissance économique américaine semblait invincible. Aujourd'hui, les jeunes Américains  vont mourir et tuer en Afghanistan et en Irak, tandis que la Chine, à la fois premier fournisseur et premier créancier des Etats-Unis, refuse de se soumettre. En témoigne sa capacité à imposer au monde une monnaie dévaluée qui lui donne un avantage compétitif inégalé.

L'Empire américain vacille donc. Jamais une agence de notation, y compris au pire moment de la décennie 80, n'avait osé émettre des doutes sur la valeur de la dette fédérale : le budget de Barack Obama est « un premier pas, et non la solution, au problème de viabilité de la dette. (...) A moins que des mesures supplémentaires ne soient prises pour réduire le déficit budgétaire ou que l'économie ne rebondisse plus vigoureusement que prévu, le paysage des finances de l'Etat fédéral telles que présentées dans les projections pour la décennie à venir imposera à un certain point des pressions sur la note AAA. »

mercredi, 20 janvier 2010

Vers une taxe des profits bancaires en France ?

Après Obama, les dirigeants politiques européens taxeront-ils les banques ? C'est ce que propose le gouvernement suédois et les premières réactions sont positives : Christine Lagarde estime « intéressant le principe consistant à mettre en place un régime d'assurance pour des risques systémiques » tandis que, pour le Ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, il s'agit d'une « proposition importante » qui pourrait être adoptée lors du prochain G20.
Rappelons que la taxe Obama s'appliquera, dès le 30 juin prochain, aux 35 établissements américains et à 15 de leurs filiales étrangères dont le total du bilan excède 50 milliards de dollars. Conçue pour pénaliser les banques à haut effet de levier, elle devrait remporter quelques 90 milliards sur dix ans, couvrant la quasi-totalité du programme TARP d'aide aux banques (117 milliards).En Europe, les banques françaises dont le modèle se fonde sur la co-existence des métiers d'investissement et de réseau ne devraient pas trop souffrir, Dexia exceptée.
Il est très probable que les dirigeants européens dupliquent la taxe Obama. Elle renflouera des Etats très déficitaires, tout en satisfaisant une opinion publique excédée de la rapidité du retour à la rentabilité de banques aidées à la fois par les contribuables et par les banques centrales. Ces dernières pratiquent depuis plus d'un an une politique de taux directeurs très bas grâce auxquels les établissements financiers ont pu reconstituer leurs marges bénéficiaires, alors que ni les particuliers ni les entreprises n'en profitent. Au contraire, le robinet du crédit reste toujours verrouillé.
Dans le même temps, cette taxe sonne comme l'aveu d'impuissance des politiques incapables de mener une véritable stratégie économique et industrielle. En ponctionnant les profits des banques, elle confortera ces dernières dans leur avarice et dans leur refus de pratiquer leur véritable métier, celui du crédit. L'économie des pays « développés » n'est pas près de se redresser durablement...