09081958

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 27 décembre 2011

La Grèce existe-t-elle encore ?

Les rares échos qui parviennent des négociations entre le gouvernement grec et les banques créancières en emprunts d'Etat grecs donnent une idée claire de la perte de souveraineté du pays.
Rappelons que le plan de «redressement » du pays prévoit que la moitié de la dette souveraine grecque détenue par des institutions privées, soit un montant global de 100 milliards d'euros, sera effacée. Il semblerait qu'un accord interviendra au début de janvier prochain.  Selon les médias grecs, les obligations actuelles seraient échangées contre de nouvelles obligations d'une valeur inférieure de 35 % et offrant un rendement de 4 %.

Le seul consensus certain concerne la domiciliation des nouvelles obligations émises. Elles ne relèveraient pas du droit grec mais... du droit britannique. C'est une exigence des créanciers. 
Les mêmes banques qui ont aidé le gouvernement grec à frauder ses comptes pour entrer dans l'Union européenne exigent désormais que celui-ci émette des emprunts sous « pavillon britannique ». 

jeudi, 22 décembre 2011

489 milliards d'euros pour les banques européennes

Elles étaient 523 hier à se précipiter aux guichets de la Banque centrale européenne. Les banques de la zone euro ont obtenu de l'institut d'émission 489,19 milliards d'euros dans le cadre d'une opération de refinancement à long terme de la BCE.
Cette allocation est historique par son ampleur et par sa durée. Habituellement, les banques se refinancement auprès de l'émetteur central pour des durées très courtes. Là, l'opération de refinancement, baptisée LTRO avait une durée de 3 ans. Par ailleurs, le montant alloué est presque le double de ce qui était anticipé, de l'ordre de 250 à 300 milliards d'euros.

C'est inquiétant. D'abord, l'empressement des établissements financiers de la zone euro prouve leur fragilité face aux enjeux de l'an prochain. Selon la Banque d'Angleterre, ils auraient quelques 600 milliards d'euros de dettes à refinancer l'an prochain, soit 35 % de plus qu'en 2013, dont les trois quarts seraient de catégorie mauvaise, dite « insecured ». Ensuite, le paysage financier italien semble très fragile puisque les banques transalpines auraient souscrit pour quelques 110 milliards d'euros.  Ainsi, les opérations de carry trade (transformation) des emprunts souverains que la Banque centrale européenne espérait faciliter avec sa LTRO seront sacrifiées sur l'autel du refinancement des lignes bancaires.



lundi, 12 décembre 2011

Union européenne : derrière la promesse d'un traité, la menace du FMI

Vendredi, les pays de la zone euro se sont donc engagés sur une plus grande intégration économique et budgétaire. Celle-ci devra être inscrite dans un traité mais plusieurs points sont déjà fixés.
Les pays aux déficits excédant 3 % du PIB seront sanctionnés automatiquement sauf si une « majorité qualifiée » de pays en décident autrement. Chaque pays devra intégrer dans sa législation une « règle d'or » budgétaire : ces déficits ne devront pas dépasser 0,5 % du PIB sur la durée d’un cycle économique.
La Grande-Bretagne a décidé de ne pas s’associer à cette refondation. En revanche, les 9 autres pays de l’Union européenne qui, comme les Britanniques, n’ont pas adopté l’euro, y participeront, sous réserve de consultation de leur Parlement pour certains d’entre eux.
Cette énième proposition aura-t-elle du succès ? Peu probable. L’agence de notation Moody's souffle encore le froid. Elle va réexaminer les notes des pays de l'Union européenne au premier trimestre 2012. Le sommet n’a, selon elle, pas donné de résultat décisif et ne protège pas la zone euro de nouveaux chocs.
Une opinion partagée par Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI : l’accord des Etats européens ne constitue pas « une solution complète pour résoudre la crise budgétaire qui frappe la zone euro ».
Pour les pays européens, la perte du triple A, avérée pour les plus grands d’entre eux, sans doute avant Noël, est une perspective moins terrible que celle d’un passage sous contrôle du FMI. Pour Jürgen Stark, qui vient de démissionner de la Banque centrale européenne, il s’agirait même d’ « un acte de désespoir ».

D’où la décision, prise lors de ce même sommet de vendredi, d’étudier la possibilité d’un prêt au FMI de 200 milliards d’euros.
L’Union européenne a dix jours pour débloquer ces fonds. C’est là que se joue son avenir.

 

vendredi, 25 novembre 2011

CRISE DE LA DETTE EUROPENNE : LES NEUF ERREURS DES DIRIGEANTS

Comme tous les vendredis, nous faisons le point sur une tendance de fond de l’actualité financière. Aujourd’hui, il s’agit de reprendre les grandes étapes de l’avancée vers la faillite politique de l’Union monétaire européenne, la faillite économique étant avérée.

Les moments-clés depuis mai 2010

Un retour en arrière s’impose. Voici les moments forts des 18 mois écoulés.

2 mai 2010 : la Grèce obtient une aide du FMI (Fonds monétaire international) et de l’Union monétaire européenne : ces derniers lui prêtent sur 3 ans 110 milliards d’euros, soit respectivement 30 et 80 milliards.
Analyse : cette aide est insuffisante au regard des besoins de l’état, endetté à hauteur de 120 % du PIB et frappé par la crise mondiale qui affecte particulièrement les secteurs du transport et du tourisme.

10 mai 2010 : l’Union européenne se dote d’un fonds de stabilisation financière, l’EFSF, qui sera doté de 750 milliards d’euros, dont 440 proviennent des Etats de l’UE et 250 du FMI. Le même jour, la Banque centrale européenne s’octroie le droit d’acheter de la dette publique sur les marchés secondaires (ceux où s’échangent les obligations, pas lors de l’émission).
Analyse : plus d’un an après, l’EFSF n’a toujours pas reçu la totalité des fonds prévus. Ses capacités de levier sont quasi-inexistantes du fait de la méfiance des investisseurs. Il devrait perdre sa notation AAA (prononcer triple A) dans les prochains mois.

18 octobre 2010 : l’accord de Deauville crée un deuxième « mécanisme permanent de résolution de crise ». Il s’agit de l’ESM ou European Stability Mechanism. Placé sous la tutelle de l’Eurogroupe, l’ESM est doté aujourd’hui d’un capital de 80 milliards d’euros qui pourra être porté à 620 milliards et dont la capacité de prêt atteint 500 milliards. Il intervient par des prêts aux Etats.
Analyse : l’ESM est sous-dimensionné et n’a jamais vraiment fonctionné.

3 mars 2011 : Trichet gèle le programme d’achat de dette publique. Cette position sera tenue jusqu’à août 2011 lors des attaques massives sur les titres grecs et de l’assèchement des liquidités. Il maintient également les taux directeurs de la Banque centrale.
Analyse : la liquidité bancaire reste très chère, l’euro est surévalué, la croissance économique est freinée.

28 août 2011 : Jackson Hole, directeur général du FMI, souligne le manque de capitalisation des banques européennes au regard de leur exposition au risque des dettes publiques européennes.
Analyse : le marché interbancaire est quasiment bloqué, les exigences en termes de ratios de capital sont augmentées, les banques limitent leurs crédits tant aux entreprises qu’aux Etats souverains. La crise de la dette s’auto-alimente.

30 août 2011: le parlement italien abandonne certaines des mesures d’austérité promises en juillet.
Analyse : la crédibilité de tous les pouvoirs politiques européens est écornée. Pour la première fois, un état membre du G7 perd sa souveraineté puisque le FMI envoie, quasi-immédiatement, une mission de contrôle.

31 octobre 2011: après avoir obtenu du sommet européen du 26 octobre un deuxième plan de sauvetage d’un montant de 130 milliards d’euros, le premier ministre grec Georges Papandréou annonce un référendum sur ce plan.
Analyse : la crédibilité des dirigeants politiques européens, notamment Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, est totalement perdue. Le défaut total de la Grèce (le non remboursement des dettes) apparaît probable, tout comme le démantèlement de l’Union européenne.

4 novembre 2011: la BCE désormais dirigée par Mario Draghi abaisse son taux directeur et maintient qu’elle ne s’engagera pas sur des achats d’emprunts d’Etat.
Analyse : la baisse des taux est trop légère (25 points de base, soit un quart de pour cent) pour freiner l’arrivée de la récession. Le refus d’achats d’emprunts d’Etat, donc de dette italienne, précipite le départ du premier ministre italien Berlusconi.

23 novembre 2011 : la rencontre Merkel-Sarkozy-Monti débouche sur un accord a minima, la progression vers une union budgétaire plus étroite.
Analyse : les euro-bonds n’existeront jamais, ne serait-ce que parce que les dirigeants européens travaillent, sans le dire, sur un racornissement de la zone euro. L’indécision politique raréfie encore plus l’offre de crédit, accroissant l’ampleur de la récession.

 

Et demain ?

1 / Pourrissement des dettes publiques : d’ici 3 semaines à 3 mois, la France devrait perdre son « triple A ». Ces derniers jours, la note des obligations de la Hongrie a été rabaissée par l’agence Standard & Poor’s dans la catégorie « junk » ou « pourrie », celle des emprunts portugais a été ramenée au niveau « spéculatif » tandis que l’Allemagne, pour la première fois, a subi des difficultés lors d’une émission d’emprunts publics (3,65 milliards d’euros placés au lieu des 6 milliards prévus).

2 / Eclatement de la zone euro : il est certain. Espérons qu’il ne soit pas « désordonné ».

3 / Récession en Europe : les mesures d’austérité visant à améliorer les soldes budgétaires affectent l’économie, tout en risquant d’être inefficace. Sans entrées fiscales ou sociales, les déficits publics resteront élevés.

4 / Perte de souveraineté des Etats européens : déjà presque totale après les interventions récentes du FMI, elle se traduira par une perte du pouvoir dans les instances intergouvernementales type G 20 ou sommets de l’ONU.

5 / Impact sur les peuples : aujourd’hui « révoltés » (Grèce ou Slovaquie) ou tétanisés (Portugal, Espagne, France, Irlande…), ils réagissent pour le moment en favorisant l’alternance politique. Cela suffira-t-il ? les conséquences sociales de la crise de la dette seront très sévères, notamment pour les retraités.

jeudi, 24 novembre 2011

Réforme de l’UE : et pendant ce temps, le FMI se prépare

Les Grecs ne savent pas s’ils pourront se payer leurs fonctionnaires en décembre, la quasi-totalité des Etats européens ne peuvent plus émettre d’emprunts d’Etat sauf à des coûts écrasants, les plans d’austérité précipitent l’Europe, et le reste du monde –voir la Chine- dans la récession, cela ne paraît pas grave pour nos dirigeants politiques. Ils ont trouvé mieux à faire : réformer les Traités européens…

Certes, l’Union monétaire ne fonctionne plus et une réforme s’impose.

Rappelons les propositions, d’Angela Merkel essentiellement : renforcer la surveillance supranationale du budget des Etats-membres, inclure dans les traités une clause donnant le droit à la sortie de la zone euro, tout en restant dans l’Union européenne.
Deux types de questions se posent alors. Les premières sur le fond : qu’en est-il de la démocratie si le vote des budgets, partout assuré par des élus, est soumis à une censure supra-étatique ? Déjà, on peut assurer que le Bundestag n’adoptera jamais une telle décision, contraire à la constitution allemande. Les seconds types d’enjeux sont sur le timing : une telle réforme, même baptisée « amendement », prendra du temps et nécessitera la consultation de 27 peuples, soit par référendum soit par vote.
Ironie des temps : le Conseil européen se réunira pour débattre de cette  future « union de la stabilité » le 9 décembre prochain, au moment où devra être débloqué l’énième aide à la Grèce…

Réjouissons-nous ! L’Europe n’est pas le Titanic. Tandis que ses capitaines jouent la sérénade aux peuples, le FMI ou Fonds monétaire internationale se prépare à venir à leurs secours. Il vient d’adopter une nouvelle facilité de crédit, dite PPL, d’une durée de deux ans, confectionnée sur mesure pour l’Europe.
L’Europe risque donc d’être sauvée.
Et encore, ce n’est pas certain. Le PLL pourra être utilisé jusqu’à 5 fois le quota de chaque pays dans le FMI. On arrive donc à des sommes comprises entre 10 et 100 milliards d’euros… à comparer aux besoins d’émissions, supérieurs à 200 milliards pour 2012 pour l’Italie ou la France…

Le hic, c’est que le FMI est comme tous les pompiers : quand il éteint le feu, il utilise l’eau et la hache. Demandez aux Argentins ou aux Thaïlandais…

mercredi, 23 novembre 2011

Europe : vers une séparation des activités bancaires ?

 

Petit à petit, l'idée d'une séparation des activités bancaires entre métiers de détail et métiers de financement fait son chemin en Europe. Si vous avez lu notre billet « des licenciements pré-récession », vous savez que nous sommes partisans d'une telle mesure.
Or, la Commission européenne vient d'annoncer qu'elle étudiait la question dont les réponses seront données courant 2012. 
Ce changement d'attitude du commissaire Michel Barnier s'inscrit dans un mouvement de fond ailleurs en Europe.
Au Royaume-Uni, le rapport Vickers remis au gouvernement en septembre dernier plaidait déjà pour un encadrement des activités à risque. Il ne se traduira cependant pas par des mesures concrètes avant 2019... En Allemagne se tient actuellement un débat national sur la question. Favorable à une séparation des activités, le gouvernement n'a pas encore tranché. En Suisse enfin, des discussions sont également en cours entre le gouvernement et les banques.
En France, seul le Parti socialiste a repris l'idée.
Aux Etats Unis, une loi a déjà été votée début 2010, la loi Volcker ou 
Dodd-Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act, dans le cadre des réformes de Wall Street. Contrairement à Londres où le gouvernement a résisté au lobbying bancaire, Washington a dû s'incliner. La séparation banque de détail - banque d'investissement n'a pu être adoptée mais il sera désormais interdit aux établissements bancaires de spéculer pour leur compte, de détenir des fonds spéculatifs... L'entrée en vigueur du texte est fixée au plus tard au 21 juillet 2012.

Autre changement encourageant de la Commission européenne en charge du marché intérieur : elle prépare, pour 2012 également, une réglementation sur les « shadow banks ». Mieux vaut tard que jamais...

 

lundi, 21 novembre 2011

LA DÉRIVE DE LA DETTE DES ETATS-UNIS

Mercredi, le Congrès américain devra décider sur la réduction de la dette souveraine des Etats-Unis.
On se rappelle que, le 2 août dernier, les élus avaient voté le rehaussement du plafond de la dette fédérale. Il y avait urgence. Inférieur à 2 % du PIB au début de 2007, le déficit du budget américain avoisine aujourd'hui les 8,5 % après un pic à plus de 11 % début 2010.
En échange de la hausse du plafond de la dette, un « super-comité » avait été constitué. A charge pour lui de trouver 1 200 milliards de dollars au moins de mesures de réduction du déficit fédéral sur dix ans. Soit un montant de l'ordre du déficit global du budget, de 1 298 milliards pour l'année en cours.

Cependant, les 6 Républicains et 6 Démocrates du super-comité ne semblent pas être parvenus à un accord. Dans ce cas, des coupes automatiques seront alors lancées, sur les dépenses sociales et, pour presque la moitié, sur les dépenses militaires. 

On le voit, l'irresponsabilité politique reste reine aux Etats-Unis, comme en Europe. 
Avec une différence : l'état fédéral américain reste la première puissance militaire et économique mondiale, ce qui l'a protégé de la dégradation de sa note souveraine, décidée au début de l'été dernier par Standard & Poor's.


jeudi, 17 novembre 2011

Démission du responsable Europe au FMI sur fond de contagion de la crise de la dette européenne

Antonio Borges, directeur du département Europe du Fonds monétaire international (FMI), a démissioné démissionné hier. Il est remplacé aujourd'hui par Reza Moghadam, ex-directeur du département stratégie. Un signe d'une plus grande implication du Fonds monétaire dans la gestion de la crise de la dette souveraine européenne.

Cette décision intervient alors que le risque de contagion de la crise européenne s'accroît. Hier, l'agence de notation Fitch a estimé à 50 milliards de dollars l'exposition des grandes banques américaines à la dette européenne : « si la crise de la dette dans la zone euro n'est pas réglée de manière rapide et efficace, les perspectives vont se détériorer dans leur ensemble pour les banques américaines ».L'exposition nette de Bank of America à des actifs européens fragilisés s'éleverait à 13 milliards de dollars, celle de Citigroup à 16,3 milliards et celle de JPMorgan à 15,1 milliards.

mercredi, 16 novembre 2011

Des licenciements pré-récession ? oui, mais une récession aidée par des décisions politiques incohérentes

La Société générale, le groupe PSA Peugeot-Citroën.., les nouvelles sont mauvaises sur le front de l'emploi en France.

De fait, la zone euro se dirige rapidement vers la récession. Le hic est que cette baisse de la croissance économique est directement liée aux deux types de décisions politiques prises ces des derniers mois, sous la contrainte d'attaques financières massives contre les emprunts d'Etat européens.
Le premier type de décisions politiques est l'austérité budgétaire. Elle conduit directement à la baisse des commandes publiques, indirectement, à la baisse de la consommation des ménages.
Le deuxième type de décisions concerne les exigences de ratio bilanciel appliquées aux établissements financiers. Il est normal de leur demander d'assainir leur bilan. Problème, ce dernier était, en grande partie, investi dans des emprunts d'Etat, ceux jugés les plus sûrs et sans risques, aujourd'hui ramenés au niveau des « junk bonds ». 
On se retrouve alors avec 2 conséquences négatives pour l'économie : d'une part, les banques n'achètent plus d'emprunts émis par les Etats européens (Allemagne exceptée) qui, de leur côté, 
ont de plus en plus de mal à se refinancer ; d'autre part, les banques réduisent la taille de leur bilan pour satisfaire aux exigences et, de ce fait, ne prêtent plus à l'économie.
Cette défaillance des prêteurs traditionnels est particulièrement détestable en Europe. Dans la zone euro, le financement s'effectue à 61 % (chiffres FMI) par l'octroi de crédits aux entreprises,
contre 39% pour les financements de marché. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, la proportion est quasiment inversée.


La récession est donc en marche en Europe, soutenue par des dirigeants incompétents.

Nous ne plaidons certes pas pour un accroissement des déficits mais d'autres mesures auraient été bien plus utiles. A l'égard des banques, une séparation des activités de banque d'investissement et de dépôt ; à l'égard des Etats, une gestion plus rationnelle des dépenses, assortie de la mise en place de financements innovants.


mercredi, 09 novembre 2011

Vers une taxation du trading à haute fréquence ?

La commission des Finances du Sénat vient de créer une « taxe sur les transactions automatisées » qui serait opératoire à partir du 1er janvier 2012. Cet amendement s’inscrit dans le projet de budget pour 2012. Le but est d’entraver l'essor du « trading haute fréquence ». Pour les sénateurs –et ils ont raison-, le taux d’annulation de ces ordres transmis à des vitesses de nanosecondes dépasse les 95 %, ce qui induit une « liquidité fantôme » et, surtout, « une instabilité permanente du carnet d'ordres », « un effet d'éviction sur les marchés transparents au profit des lieux de négociation opaques (dark pools) » et « de nouvelles facultés d'abus de marché et de manipulation des cours ».

La taxe frapperait les prestataires de services d'investissement dans les cas de « dépassement quotidien d'un taux d'annulation de 50% des ordres d'achat ou de vente d'instruments financiers qu'ils transmettent à des marchés "transparents" ». Voulue par la majorité de gauche au Sénat, cette taxe doit être reprise par l’Assemblée nationale, majoritairement à droite. Compte tenu des désordres provoqués par le « high frequency trading », cette taxe sera probablement reprise par les députés.
Son impact n’en demeurera pas moins limité : l’essentiel des donneurs d’ordres sont domiciliés dans des abris fiscaux et réglementaires.

samedi, 05 novembre 2011

Les 29 banques dangereuses pour l’économie mondiale continueront d’exister

Hier, le Comité de Bâle a énoncé les règles de capitaux propres pour les banques « systémiques ». Ce qualificatif est utilisé pour les établissements financiers dont une faillite provoquerait des conséquences majeures mondiales. 

Sur les 73 plus grandes banques au monde, le comité a recensé 29 banques systémiques. 17 d’entre elles sont européennes.

Il s’agit, en France, de Crédit Agricole, BPCE (Banques Populaires-Caisses d’épargne), Société Générale et BNP-Paribas. 4 banques britanniques ont été répertoriées : HSBC, Barclays, Lloyds Banking Group, et Royal Bank of Scotland.
En Allemagne, deux banques sont concernées, Commerzbank et Deutsche Bank, tout comme en Suisse, avec le Credit Suisse et UBS. Ailleurs en Europe, citons Dexia (désormais sous tutelle de la Caisse des Dépôts et Consignations française), ING Bank, Nordea, Santander et Unicredit Group.

Aux Etats-Unis, il s’agit de : Bank of America, Bank of New York Mellon, Citigroup, JP Morgan Chase, Goldman Sachs, Morgan Stanley, State Street, Wells Fargo.

Enfin, 4 banques seulement se trouvent en Asie: Bank of China, Mitsubishi UFJ FG, Mizuho FG, Sumitomo Mitsui FG.

Toutes ces banques devront présenter, à partir du 1er janvier 2016, un « tapis » de fonds propres plus épais que celui des autres banques. Leur ratio Core Tier-one (mesure des fonds propres en actions) devra être de 8 à 9,5 %, au lieu des 7 % obligatoires.

2016, c’est encore loin. Aussi les 29 banques de la liste devront-elles dès la fin de 2012 préparer un plan de liquidation ordonnée ou de redressement que devra valider le Comité de Bâle.

Pourtant, une banque systémique, quel que soit son ratio de fonds propres, reste un danger pour l’économie mondiale.

Il existe une solution simple pour éradiquer ce risque systémique. C’est de séparer les activités de banques d’investissement et de banques de dépôt. Cette solution, elle a déjà été adoptée. En 1933 aux Etats-Unis, le président F. D. Roosevelt la faisait adopter par le Congrès sous le nom de Glass-Steagall Act. Les pays européens ont repris cette législation après 1945.
Cette loi simple et protectrice fut abandonnée à la fin des années 80 en Europe, à la fin des années 90 aux Etats-Unis. On en a vu les résultats…

vendredi, 04 novembre 2011

Les propositions du rapport Gates au G 20 de Cannes

« Mettre à profit l'impact de l'innovation pour financer le développement du 21ème siècle », tel est le titre du rapport remis aux dirigeants du G 20 réunis à Cannes. Il a été établi par la fondation de Bill & Melinda Gates

Nous vous en donnons la synthèse ci-dessous.

Mettre à Profit L’Impact de l’innovation Pour Financer le Développement du 21ème Siècle

La position du G20 est extrêmement importante à l’heure actuelle. La situation économique mondiale se révèle aussi fragile qu’au cours des 50 dernières années. Vous, dirigeants du G20, devez répondre à une question complexe : comment résoudre la crise actuelle tout en continuant à investir judicieusement dans la croissance à long terme et dans l’amélioration des conditions de vie ?

Au cours de ma vie, les innovations dans les domaines de l’entreprise, de la science et de la technologie ont stimulé l’économie de marché mondiale comme jamais auparavant. L’économie mondiale est 500 % plus importante qu’en 1960. Des groupes entiers de pays jusqu’alors en marge sont devenus de véritables moteurs de croissance. Beaucoup pensent que cette réussite relève du miracle.

Ce pas en avant a profité à chacun et pas seulement aux plus riches. Vous pouvez constater cette progression en vous penchant sur la hausse du Produit Intérieur Brut (PIB) de nombreux pays du monde entier, sur la chute du taux de pauvreté et sur d’autres indicateurs de la qualité de vie qui figurent dans les Objectifs du millénaire pour le développement, établis par les dirigeants internationaux en 2000 et acceptés par toutes les nations du G20.

Ces 50 dernières années, un milliard de personnes ont échappé à la famine grâce aux progrès agricoles. La santé a, elle aussi, progressé de façon spectaculaire avec l’apparition d’innovations comme les vaccins. En 1960, 20 millions d’enfants de moins de 5 ans ont trouvé la mort. En 2010, moins de 8 millions d’enfants de moins de 5 ans sont décédés. La population mondiale a plus que doublé pendant cette période, ce qui signifie que le taux de mortalité a diminué de plus de 80 %. La générosité des aides a joué un rôle important dans ces résultats.

Grâce aux dons, la mortalité infantile a baissé de manière spectaculaire et peut encore baisser

En multipliant les interventions sanitaires de base, nous pouvons empêcher le décès de 27 millions d'enfants d'ici 2025

Vaccins + prévention et traitement du paludisme + traitement de la diarrhée et de la pneumonie + bonnes pratiques de soin des nouveau-nés.

Malgré la crise économique actuelle, je suis optimiste et convaincu que nous pouvons compter sur la générosité et les innovations qui ont su faire leurs preuves par le passé. Les pays capables de contribuer aux ressources pour le développement n’ont jamais été aussi nombreux. Le nombre de personnes en mesure de favoriser l’innovation est bien plus élevé qu’hier. C’est pour toutes ces raisons que je suis convaincu que nous pouvons bâtir une nouvelle ère dans le développement.

Dans ce rapport, j’évoque les investissements sur le long terme et les partenariats qui, je crois, nous permettront de rester sur la voie de la croissance économique et d’une meilleure équité.

Au début de ce rapport, je décris l’importance primordiale de l’innovation. Les innovations majeures, comme les semences et les vaccins inédits, et les nouvelles stratégies permettant aux plus pauvres d’en bénéficier, peuvent multiplier l’impact des ressources que nous consacrons déjà au développement. Nous avons changé beaucoup de choses mais nous pouvons améliorer les outils de développement de base en baissant leur prix, en simplifiant leur utilisation et en les rendant plus efficaces, ou en inventant de tout nouveaux outils.

L’une des dernières ressources pour le développement, et l’une des plus révolutionnaires de par son potentiel, fait rapidement progresser la capacité d’innovation des pays. Les nations comme le Brésil, la Chine, l’Inde et le Mexique bénéficient d’une position favorable pour travailler en étroite collaboration avec les pays pauvres, car elles possèdent une expérience récente dans la réduction de la pauvreté, et font preuve de prodigieuses capacités techniques. L’alliance unique de tous ces atouts leur donne les idées et les compétences nécessaires pour mettre au point des outils révolutionnaires en faveur du développement. Je suis particulièrement enthousiaste face aux possibilités de « partenariats triangulaires » parmi les pays à forte croissance, les donateurs traditionnels et les pays pauvres, car ils utilisent les avantages comparatifs de nombreux pays différents.

Au bout du compte, développer les ressources intérieures des pays constituera la plus grande source de financement pour le développement. Pour porter au plus haut l’impact de ces ressources, les pays pauvres doivent générer plus de revenus, les utiliser pour des secteurs prioritaires comme l’agriculture et la santé (nombre d’entre eux se sont engagés à le faire) et, conformément à l’initiative des pays du G20 qui furent à l’origine de l’évaluation de l’impact, les pays pauvres doivent mesurer la rentabilité de leurs programmes. Pour être capables d’aider les pays pauvres à générer davantage de revenus, les pays du G20 sont face à une possibilité importante : approuver les exigences de transparence juridiquement contraignantes pour les compagnies minières et pétrolières cotées en bourse afin de garantir la bonne gestion des ressources naturelles.

 

Parallèlement, les donateurs traditionnels doivent prendre certaines mesures pour respecter leurs engagements à l’égard des aides promises et verser leur contribution de façon stratégique. Si ces pays tiennent leur promesse, une manne de 80 milliards de dollars supplémentaires sera obtenue chaque année, à compter de 2015. Au fil du temps, l’Aide Publique au Développement (APD) a eu un immense impact et elle continuera à jouer un rôle majeur dans le développement, aux côtés de toutes les nouvelles ressources que j’évoque. Une aide réfléchie réduit immédiatement la pauvreté et accélère les progrès des pays pauvres jusqu’au moment où ils n’en ont

plus besoin. Les budgets d’aide sont soumis à d’énormes pressions, en raison du climat économique. Toutefois, cette aide ne représente qu’une toute petite part des dépenses des gouvernements. Le monde n’équilibrera pas ses budgets en réduisant les fonds d’aide, mais il provoquera des dommages irréversibles pour la stabilité internationale, le potentiel de croissance de l’économie mondiale et pour les ressources des personnes les plus démunies qui se chiffrent en millions aujourd’hui. Dans ce rapport, j’inclus des propositions fiscales que les pays du G20 devraient examiner et qui leur permettraient de respecter leurs engagements en matière d’aide, et pourraient, à terme, être développées.

Enfin, j’aborde une dernière question : comment impliquer davantage le secteur privé dans le développement ? L’homme d’affaires que je suis pense que le marché libre stimule la croissance. Malheureusement, il arrive bien souvent que le marché ne réponde pas aux besoins des plus pauvres. Cependant, nous pouvons faire des choses relativement simples pour encourager les investissements privés dans le développement. Par exemple, les pays du G20 pourraient faciliter le système pour les fonds d’infrastructure, avec pour moteur les fonds souverains, afin d’assurer un impact sur le développement et réaliser des bénéfices. Je recommande également de mettre à profit les fonds des diasporas en émettant des obligations, en réduisant le coût des envois de fonds et en instaurant des procédures d’incitation pour encourager les investissements privés dans le développement.

Une fois tous ces éléments réunis, je pense que vous commencez à comprendre pourquoi le Sommet du G20 est un événement prépondérant et propice pour aborder la question du développement. Nous pouvons mettre de côté nos précédentes catégories d’aide, par opposition aux investissements privés et aux dépenses intérieures. Les pays du G20 peuvent actionner tous ces leviers à la fois, afin d’offrir au monde une approche plus globale et plus coopérative que jamais, destinée à améliorer la vie des populations démunies.

Pour la première fois, les financements innovants au programme d’un G20

« Innovative financing for development and climate change », telle est la dénomination du programme de soutien aux financements innovants orchestré par le G 20.
A Cannes, c’est la première fois que cette question est intégrée au programme officiel. Elle est posée selon les termes du rapport Gates, du nom du fondateur de Microsoft Bill Gates.
Rien d’étonnant à cela : les besoins pour le financement du développement et pour la lutte contre le changement climatique sont énormes. En face, les ressources sont insuffisantes : 129 milliards de dollars en 2010 pour l’aide officielle au développement –un record historique, mais qui ne permettra pas d’atteindre les Objectifs du millénaire ; quant à l’engagement de Copenhague de maîtrise des  conséquences du changement climatique, il implique la mobilisation de 100 milliards de dollars par an, en provenance des secteurs publics comme privés…

Pour le G20, les financements traditionnels ne suffisent plus. Par financements innovants, les dirigeants  impliquent une combinaison d’outils publics et privés, déjà utilisée dans de nombreux pays, à commencer par la France, sous l’étiquette « partenariats publics-privés ». Ils pensent également aux « obligations des émigrés » ou « diaspora bonds » pour mobiliser l’épargne des migrants vers des investissements dans leurs pays d’origine.

D’autres propositions sont plus classiques. Il s’agit d’abord des taxes, sur les billets d’avion, sur le « combustible de soute » des avions et les navires, sur le tabac, sur les transactions financières… Il s’agit également des mécanismes de marchés, tels les « pull mechanism, pour l’agriculture tropicale ou les « Advanced Market Commitments ». Ils permettent d’accélérer la recherche sur les vaccins, contre la pneumonie par exemple.

Les dirigeants ont décidé que toutes ces options seront étudiées, avec un focus sur la taxation du secteur financier, notamment une taxe sur les transactions financières. La France a réaffirmé son engagement à établir cette dernière.

jeudi, 03 novembre 2011

L’économie souterraine représente 20 % du PIB européen

L’Europe paradis fiscal ? 19,3 % du PIB européen, soit 1 906 milliards d’euros, tel est le poids de l’économie souterraine dans les 31 pays d’Europe selon l’étude menée par un professeur de l’université Johannes Kepler en Autriche, Friedrich Schneider.

Nous ne résistons pas au « plaisir » de vous donner quelques chiffres par pays.
La France et le Royaume-Uni sont parmi les plus sages : 11 % du PIB soit, respectivement, 220,2 milliards et 190,1 milliards d’euros. En Allemagne, le pourcentage atteint 13,7 %, soit 351,6 milliards, loin derrière l’Espagne (19,2 %, soit 207,7 milliards) et l’Italie (21,2 %, soit 336,8 milliards). 
Ailleurs dans le monde, les Etats-Unis affichent un taux très honorable de 7 % (762 milliards d’euros), suivis du Japon (9 %, soit 360,1 milliards) tandis que la Turquie se démarque avec un taux de 27,7 % (146,2 milliards).

Autant de richesse produite grâce aux infrastructures –formation des salariés, transports, systèmes de santé- financées par les ménages ou entreprises « honnêtes » mais dont les fruits échappent à la collectivité.

 

Financière de Champlain fait le point sur ses produits solidaires

A l'occasion de la semaine de la Finance solidaire, la société de gestion Financière de Champlain fait le point sur la rentabilité de son fonds spécialisé, Champlain Solidarité dont les trois quarts des revenus sont distribués à 7 associations. 
C'est l'occasion de démontrer que la solidarité peut être, sinon plus rentable, du moins plus sure que la finance pure. Depuis sa création, en juin 2008, Champlain Solidarité a en effet limité sa perte à 16,87 % quand l'indice ASPI Eurozone reculait de 28,87 %. 
Les investissements solidaires de ce fonds visent à réduire l'exclusion sociale, un objectif dont l'avancée est mesurée par un indicateur de progression nette d'emplois. 

 

Ouverture de la semaine de la finance solidaire

Du 3 au 12 novembre se tient dans toute la France la semaine de la finance solidaire, avec quelques 70 manifestations.
Rappelons que, dans la finance solidaire, une partie des fonds investis dans les produits financiers est investie dans des activités « citoyennes et éthiques ».
L'ONG CCFD-Terre solidaire a été pionnière dans l'offre de tels produits, avec sa Sicav Nord-Développement. L'association Finansol répertorie et promeut les produits solidaires.
Le calendrier des manifestations est disponible ici.

Report de l'aide à l'Irlande

 

L'EFSF (European financial stability facility) devait lever hier 3 milliards d’euros à dix ans pour financer l'Irlande. Il reporte l’opération d’ici deux semaines. Il est vrai que l’organisme privé créé et détenu par les Etats de l’Union monétaire n’a pas un besoin urgent de fonds. Sa capacité de prêts est de l’ordre de 440 milliards d’euros, à comparer à ses engagements envers l’Irlande, de 17,7 milliards d’euros, et envers le Portugal, de 26 milliards. 
Signe des temps, une obstination à réaliser le placement dans le contexte actuel, aurait été perçue, selon un banquier, comme un geste de « désespoir »…

 

mardi, 01 novembre 2011

Référendum à la grecque ou quand le roi est nu

 

Référendum à la grecque ? Quelle horreur ! On ne peut que sourire à l’écoute des réactions indignées et quasi-unanimes de la classe politique et des médias traditionnels.
Voici que la démocratie s’insère dans le débat de l’Union. Oh, personne n’est dupe : le premier ministre grec Papandréou n’est pas un enfant de chœur. Soumettre le plan de sauvetage européen de son pays à la volonté de son peuple, c’est pour lui une question de survie politique : très isolé, il avait perdu toute légitimité populaire et politique. L’opposition de droite mais aussi ses partisans jugeaient trop sévères les plans d’austérité imposés par la TroÏka –entendre le FMI, la Banque centrale européenne et l’Union européenne.
Il n’empêche.
Ce geste désespéré réintroduit la vox populi dans un débat confisqué par des élites défaillantes.
L’élargissement de l’Union européenne a été imposé par les dirigeants politiques à des peuples qui n’en voulaient pas. Il n’était motivé que par une volonté à la fois de puissance (le rêve d’une grande union dont chacun fourbissait en cachette les armes pour en prendre la direction) et d’expansion des marchés. Expansion des marchés y compris ceux qui n’étaient pas solvables. 
Car si la Grèce a maquillé ses chiffres pour intégrer l’Union, elle l’a fait avec l’accord tacite de la Banque centrale, des dirigeants européens et avec l’aide technique des grands établissements financiers. 
La crise que vit l’Europe aujourd’hui n’est pas une crise intrinsèque. Elle est le prolongement direct de la crise née en 2008. Les réponses qui lui sont apportées sont fausses. Elles ne visent qu’à assurer une survie, à court terme, de banques mais ne règlent pas la question de la bonne gouvernance.
L’annonce de Papandréou a un mérite : celui de la clarté. 
On ne s'étonnera pas que ce rappel de la vérité des choses vienne de la Grèce, berceau de la démocratie européenne.

 

 

vendredi, 28 octobre 2011

Recapitalisation des banques espagnoles

En débloquant  7,55 milliards d'euros d'aides publiques pour 4 caisses d'épargne, lBanque centrale d’Espagne achève aujourd'hui la recapitalisation des 13 caisses ou banques en difficulté dans la péninsule.
Au total, le renforcement des fonds propres des établissements ibériques aura coûté 14 milliards d'euros, dont un peu moins de la moitié sont venus du secteur privé.
Unnim, CatalunyaCaixa et NovaCaixa qui pèsent 7 % du système bancaire espagnol, sont nationalisées, totalement ou partiellement. Pour la première, la Banque d'Espagne a payé 1 euro, elle a évalué les secondes à 10 % de leur valeur comptable. D'autres banques pourraient passer sous les fourches caudines publiques dans les prochaines semaines, telles 
Banco Mare Nostrum ou Liberbank.
Pour avoir une idée de l'ampleur des besoins du secteur financier, il faut savoir que, entre janvier 2008 et juin 2011, il a provisionné 105 milliards d'euros, soit 10 % du PIB espagnol. Autant d'argent qui n'est pas entré dans l'économie réelle, dans la création d'emplois et de richesse...


 

 

 

 

 

 

lundi, 24 octobre 2011

Grèce, Union Européenne et FMI : le grand mensonge

C’est enfin acté : le Fonds Européen de Stabilité financière ne sera pas une banque. C’est ce que voulait la France et, avec elle, la plupart des pays de la zone euro. 
Faut-il dire alors que l’Allemagne a gagné ? oui, ou plutôt la démocratie a gagné.
Si Angela Markel s’est opposée au FESF, c’est parce que les députés allemands ont un droit de regard total sur les décisions européennes en raison de l’arrêt de la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe. Ce dernier stipule que les députés peuvent s’opposer à toute directive ou décision de l’Union européenne qui porterait à l’exercice démocratique allemand. 
Et, de fait, le FESF n’était rien d’autre qu’une gigantesque structure de « defeasance » de toutes les obligations d’Etat mal notées.  En d’autres termes des patates chaudes refilées aux économies les plus dynamiques de l’euro sans aucun contrôle des Parlements.
Alors, bien sûr, le sommet de mercredi débouchera sur quelques « solutions ». Probablement un FESF transformé en mécanisme d'assurance pour les émissions d’emprunts d’Etat, une démultiplication des rachats de dettes du FESF sur le marché secondaire et une injonction aux banques de porter à 9 % leur ratio Cooke. Selon l’Autorité bancaire européenne, cette obligation venant après une décote sur les emprunts grecs en portefeuille entraînera des recapitalisations pour un montant total de 108 milliards d’euros.
Ces effets d’annonce ne masquent plus la réalité de la crise. Cette dernière a trois visages.
Le premier est celui de la mauvaise qualité des actifs des banques. Leur recapitalisation des banques n’est pas le vrai problème. Le problème c’est la liquidité entre banques. Rappelons-le, Dexia qui vient d’être démantelée, avait un ratio Cooke suffisant mais plus aucune de ses homologues ne voulait lui prêter de l’argent. Les banques ne se font plus confiance, ne se prêtent plus d’argent entre elles car elles savent que chacune d’entre elles conserve encore en portefeuille des titres plus pourris encore que les obligations grecques, des titres achetés avant 2008.
Le deuxième problème est celui de la désunion européenne. Pas celle du « couple » franco-allemand qui continue à se parler malgré les désaccords. La désunion est plus profonde : chaque Etat essaie de se tirer d’affaire seul, en s’alliant avec les pays émergents (voir notre billet sur le Danemark). 
Enfin, le troisième et dernier problème est celui de la récession, désormais quasi-certaine pour la zone euro. Et, avec elle, sa cohorte de pauvreté et de crise sociale...